Cela fait maintenant quatre ans de cela que William Audureau nous a gratifié de la sortie de son premier ouvrage, avec comme idée folle de revenir sur la naissance d’une mascotte de jeu vidéo qui marqué notre enfance. Évidemment, c’est de Mario dont-il est question. La figure emblématique d’une entreprise japonaise, mais aussi de toute une génération de joueurs et qui s’est largement imprégné dans l’esprit collectif du grand public.
Avec le premier volume de L’histoire de Mario, William Audureau avait intentionnellement fait le choix de ne pas se concentrer exclusivement sur la mascotte de Nintendo, mais plutôt dinsister sur son contexte historique et de ce qui avait engendré la popularité du personnage. L’écriture de l’ouvrage était certes un peu maladroit, mais l’analyse était tout de même pertinente et instructive sur pas mal d’aspects. Des points qui n’ont pas souvent été abordés jusqu’à présent et qui s’appuient sur une forte documentation, en témoigne les nombreuses annotations en bas de pages qui accompagnent notre lecture.
Et c’est sans surprise qu’on pouvait s’attendre à une telle rigoureusité pour ce deuxième volume, qui même s’il s’est un peu fait attendre, celui-ci s’arme de la même approche que son prédécesseur. Il ne faut donc pas s’attendre à un historique du parcours de Mario après son apogée à la fin des années 80. Mais plutôt à y voir une rétrospective des événements qui ont participé au déclin médiatique du personnage, ainsi que du virage que Nintendo à pris dans l’exploitation de l’image de sa mascotte. Et pour y arriver, il était presque naturel de replacer le contexte de l’époque et de le mettre en évidence, en revenant sur la guerre des mascottes qui a été engendrée indirectement par la popularité croissante du plombier.
Pour la publication de ce deuxième ouvrage, William Audureau s’y est affairé en collaboration avec Oscar Lemaire. Journaliste indépendant de son état et que la profession aime bien affublée du sobriquet de « monsieur chiffre ». En rapport évidemment avec sa passion affolante pour les nombres en rapport avec l’industrie du jeu vidéo. Son apport est d’ailleurs plus qu’évident, puisqu’au fil des pages les chapitres de L’histoire de Mario Vol.2 sont largement soutenus par chiffres de ventes autres résultats financiers.
Une contribution pertinente qui apporte encore plus d’impact à l’ouvrage, sous la forme d’une documentation supplémentaire et très enrichissante pour le lecteur. En contrepartie, cette écriture à quatre mains semble avoir compliqué un peu les choses, en témoigne le «Making of» à la fin de l’ouvrage, et qui relate certaines étapes qui ont amené à la création de La guerre des mascottes. Un processus créatif qu’on pourrait tendrement désigné comme étant un peu « chaotique ».

Un véritable âge d’or des mascottes ?
Autant dire qu’on démarre avec un premier chapitre au titre accrocheur, mais très explicite : L’assassinat de Mario. Évidemment, bien plus qu’un simple coup de point au visage des fans il s’agit surtout de revenir sur l’ère qui suit les années folles de Mario et de sa surexploitation commerciale dans les années 80. Pour ensuite revenir avec plus d’intensité sur la période qui a vu émerger un incroyable éventail de mascottes et qu’on a pu voir se tirer la bourre pendant des années, avec un nombre impressionnant de jeux mais aussi de publicités interposées et parfois volontairement corrosifs.
On pense notamment à la guerre entre Nintendo et Sega, mais l’analyse va bien plus loin que ça et ne tombe pas dans le piège de simplement revenir une énième fois sur l’affrontement entre les deux géants du divertissement vidéoludique. Sonic a tout de même une grande place durant les premiers chapitres, mais l’impact du hérisson est tel qu’il était nécessaire de revenir dessus. Cela n’empêche pas de faire un parallèle avec l’émergence de certains éditeurs et de leur envie de suivre le succès de Nintendo et de profiter de l’opportunité, en se fagotant d’une mascotte.
La guerre n’était donc pas forcément où on aurait pu l’attendre et c’est ce qu’on découvre en suivant la chronologie des chapitres, avec parfois des acteurs de l’industrie qu’on n’avait un peu mis de coté dans notre mémoire et qui à leur façon ont pourtant contribué à cette guéguerre. Ces multiples bras de fer était parfois à sens unique et on vous laisse le plaisir de découvrir par vous-même tous les cycles et évolution qu’on pu avoir ces prétendues mascottes. Mais il est tout de même intéressant de voir que ce qu’on nomme communément comme étant l’âge d’or des jeux de plate-forme, ne l’était peut-être pas autant que ça.

Mais où est passé Mario dans tout ça ?
Pour quelqu’un qui s’attend à revenir sur l’histoire de Mario avec cet ouvrage, le sujet de départ pourrait lui paraître complètement hors-sujet. Mais après avoir en avoir tourné la dernière page, on comprend mieux dans quelle direction les auteurs ont voulu nous amener. La désincarnation du personnage de Mario en tant que mascotte pour devenir une image fourre-tout et plus lisse au fil des années, est presque un chemin logique qui a été emprunté par Nintendo. Un parcours et une finalité dont les graines ont été semés des années auparavant. En regardant la couverture du livre, qui dépeint un Mario en train de contempler des mascottes qui sortent d’un œuf, on pourrait presque dire que cette image sert de conclusion bien avant de se lancer dans l’ouvrage.
La guerre des mascottes soulève donc beaucoup de questions auxquelles on essaye de répondre, mais en laissant soin au lecteur de parfois trouver sa propre réponse. On nous lance sur une réflexion en début de chapitre, pour ensuite l’étayer un peu plus loin, avec de multiples arguments qu’on analyse et développe durant notre avancé dans le livre. On y découvre des enjeux dont-on n’avait pas forcément conscience, comme l’arrivé de divers types de mascottes ou encore la venu de nouveaux acteurs dans l’équation avec Disney ou Warner, qui à leur manière ont contribué à faire évoluer ce loisir. Souvent en bien, mais également en mal selon la vision qu’on veut avoir des choses. Et Mario dans tout ça ? Et bien on s’aperçoit que le moustachu à casquette à évoluer dans tout ça à sa manière, et que cela à largement influencer l’image qu’on a aujourd’hui de ce personnage.
Après avoir fermé L’Histoire de Mario Vol.2, des questions trottent encore dans notre tête et c’est justement ce qui nous donne l’envie d’en lire encore un peu sur ce sujet. Et c’est peut-être là toute la réussite de l’ouvrage, puisqu’on y apprend beaucoup de choses, tout en nous forçant à réfléchir par nous même. Et quand on a grandit durant ces années là, c’est encore plus intéressant de le faire. Le travail de William Audureau et Orcar Lemaire nous offre vraiment une belle perspective sur cette période charnière du jeu vidéo et dont les conséquences sont encore perceptibles de nos jours.
On savoure chaque page jusqu’à la fin et si les imperfections du premier bouquin de l’histoire de Mario vous donnent encore des sueurs froides, aucune crainte à avoir puisque la réalisation de ce deuxième ouvrage est plus qu’excellente. En plus d’être cette fois agrémentée par plusieurs illustrations qui ponctuent de manière très agréable notre lecture et qui sont largement mis en avant dans la version couleurs du livre.
Les éditions Pix’n Love ont toujours eu une approche historique avec leurs ouvrages, en privilégiant les faits plutôt que de tomber dans l’interprétation et l’analyse à outrance. Avec La Guerre des Mascottes – L’histoire de Mario Vol.2 : 1990 -1995, le catalogue de Pix’n Love s’enrichit encore une fois d’un superbe livre et qui colle à merveille avec cette philosophie.
- La Guerre des Mascottes – L’histoire de Mario Vol.2 : 1990 -1995 est disponible aux Éditions Pix’n Love pour 22€ dans sa version standard, ainsi que pour 25$ dans sa version couleurs.