Le coin du libraire – Le cauchemar de Brackford

Un bon thriller, çà fait toujours plaisir à lire. Etant fan de séries policières telles les Arsène Lupin, les Sherlock Holmes ou encore les Vidoc et autres Agatha Christie se passant fin 1800 ou début 1900, la couverture de ce roman m’a directement parlé. Pour peu que l’intrigue soit à la hauteur évidemment. Et très souvent, les romans publiés chez Sema Editions sont de bonnes pioches.

 

Patrica est une star du cinéma sur le déclin. L’arrivée du cinéma parlant porte un coup fatal à cette actrice de cinéma muet à la voix criarde et au caractère acariâtre. Et même l’aide de son riche mari pourtant actionnaire du studio de cinéma n’y peut rien. Le pauvre fou d’amour se fait mener par le bout du nez par cette femme. Mais celle-ci veut du changement et n’hésite pas à jouer avec les sentiments d’un pauvre jeune homme pour faire tenter d’interner son mari et devenir ainsi la seule dépositaire de la fortune de Brackford. L’actrice va tout faire pour réussir sa plus grande mais aussi sa plus diabolique des prestations.

Ahhh, le charme désuet de ses romans se déroulant au début des années 1900. Mine de rien ce n’est pas facile d’écrire ce genre de roman car il faut penser à toutes les limitations de l’époque victorienne anglaise. Et là je suis très content de voir que cet aspect est bien rendu. Que ce soit le manoir avec la flopée de domestiques, le charme victorien des conversations de la haute société guindée ou encore les poètes et autres amoureux transis qui croient qu’un simple regard est la preuve d’un amour absolu. L’esprit de l’époque se voir également dans l’attitude de chaque protagoniste. Entre le vieux majordome totalement dévoué à son maître, le praticien un peu blasé, l’actrice à deux visages et l’homme d’affaire, tout est bien rendu.
L’intrigue surtout est fort agréable à lire. On voit au fur et à mesure à quel niveau de corruption l’esprit de Patricia est arrivé. Machiavélique et manipulatrice, elle joue pleinement le spectacle de sa vie de façade tout en étant l’ombre noire qui échafaude les pires perversions face à sa cour. Son égocentrisme n’a d’égal que sa soif de fortune et d’admiration. Et même si ce roman est assez court, On en arrive vite à vouloir la voir perdre tout tant elle devient de plus en plus antipathique au lecteur. Sa façon retorse de planifier les événements en font quelqu’un que l’on veut voir tomber à tout prix en espérant qu’un événement impromptu fera tout basculer. Et en plus de l’aspect thriller, on a même droit à un peu de fantastique qui est malicieusement intégré au récit.

Mais alors que le tableau dépeint semblait assez réussi, un élément m’a complètement gâché mon plaisir. Le dernier dialogue, littéralement l’avant-dernière page du roman, a totalement cassé toute l’intrigue. Cette résolution finale n’a selon moi pas de sens. Elle va complètement à l’encontre de tout ce que les personnages pensent au fur et à mesure de l’histoire, elle ne s’appuie sur rien qui ne soit indiqué ou même suggéré dans l’intrigue. J’ai même relu ce roman pour être certain de n’avoir rien raté mais non. C’est un peu comme un Deus Ex Machina qui n’a pas beaucoup de sens et peu d’intérêt si ce n’est d’embrouiller les esprits. Alors pour terminer, Le cauchemar de Brackford est une bonne pioche pour les amateurs de thriller mais alors, vraiment, ne lisez pas ces dernières pages et vous en ressortirez avec une très bonne impression. A bon entendeur …

Par YellowMan

Retrogamer, fan de SEGA depuis toujours et spécialiste des jeux de combats.

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