Drizzt Do’Urden a été un des héros de mon enfance et est encore maintenant un personnage que j’apprécie énormément. Cet elfe noir, épéiste hors pair à l’esprit de fer, qui a eu la force de rejeter le sombre héritage de sa race maudite pour fouler le sol ensoleillé de la surface et s’y faire des amis et compagnons d’arme d’exception. Avec eux il a repris CastleMithral, parcouru la moitié du monde si ce n’est plus, vaincu la plus puissante des maisons Drow mais aussi des démons entre autres chose. Mais là, il est seul car du haut de sa longévité d’elfe il a vu tous ses compagnons disparaître …
Retour aux sources de la vie.
En tant que fan de la série commencée par R.A. Salvatore, je vois chaque nouvelle sortie d’une aventure de Drizzt Do’Urden comme un évènement des plus appréciables. Dans les précédents volumes, ce héros torturé (c’est le cas de le dire) c’est retrouvé face à un ennemi de taille qui l’a laissé exsangue. Avec pour seul compagnon restant à ses côtés sa panthère magique Guenhwyvar, celui-ci se retrouve en ce lieu qui lui a réappris ce qu’est la vie et a découvert l’amitié : le Cairn de Kelvin. On pourrait se dire que l’aventure de Drizzt arrive à sa fin mais c’est sans compter sur Mailikki, la divinité de la nature et des animaux auquel Drizzt a juré fidélité. Celle-ci a l’a depuis longtemps choisi pour champion contre la déesse du chaos : Loth. Mais seul, que peut-il faire? Là est toute la question et c’est à cette question que Mailikki répondra.
Et c’est dans un lieu à mi-chemin de la vie et de la mort que le plan de Mailikki commence, 21 ans avant cette dernière bataille de Drizzt Do’Urden. Dans ce plan parallèle, 4 personnes se connaissant bien se retrouvent, tous aussi étonnés de se revoir que de se savoir en vie. Sauf que, ce n’est pas le cas. Cati-Brie, Régis, Bruenor et Wulfgar sont morts depuis bien des années mais Mailikki va leur proposer un choix des plus difficiles. Accepter la mort et rejoindre leurs dieux respectifs ou partir dans une longue quête pour aider une fois de plus leur ami drow. Pour ce faire il faudra renaître, littéralement. Il faudra aux amis accepter de se réincarner dans de nouveau-nés tout en gardant leur mémoire afin de rejoindre 21 ans plus tard leur ami au Cairn de Kelvin. L’épreuve est de taille et Cati-Brie et Régis l’acceptent sans sourciller. Bruenor acceptera aussi car malgré son envie de recevoir les honneurs qui lui sont dû auprès de Moradin, la loyauté qui le lie au ranger elfe noir est plus forte encore. Wulfgar pour sa part restera en arrière, préférant rejoindre Tempus et les sien. Nos 3 amis partent ainsi pour un voyage des plus étrange, leur nouvelle naissance.
Vivre, vivre va être une bien plus grande aventure.
Et voilà comment commence ce roman Les Compagnons. Dans celui-ci, on suivra la seconde enfance et adolescente de Cati-Brie, Régis et Bruenor qui devront survivre, accepter ce choix de la réincarnation mais également combattre leurs démons intérieurs. Chacun des trois compagnons va expérimenter la peur et les doutes mais également va éprouver des sentiments parfois oubliés. L’amour de parents que certains n’ont pas eu dans leur première vie, l’attachement d’un être aimé ou le regret de décisions prises par le passé. Le combat intérieur que se livre chacun de nos héros est prenant et vous amène à une réflexion bienvenue sur ce que seraient vos propres choix si vous aviez à renaître également. Savoir autant de chose à votre naissance et même dans le ventre de votre mère et devoir tout cacher, ne pas montrer que vous savez parler ou même marcher dès le premier mois et devenir dépendant des autres. Votre fierté et votre patiente pourrais être mis à rude épreuve. Sans compter les épreuves de la vie qui continueront à arriver sans cesse.
Décidément, j’aime toujours autant le style de R.A. Salvatore. La narration est excellente et malgré le fait que l’on passe constamment d’un compagnon à l’autre, le récit reste toujours très cohérent. La psychologie des personnages, chose qui a toujours été très bien développée dans les romans de Drizzt Do’Urden, est ici encore plus poussée qu’à son habitude pour exprimer les tourments intérieurs des compagnons. Et, bien sûr, les passages de combats sont toujours aussi jouissifs. Voir comment le tout jeune Bruenor sauve sa patrouille de nains d’une attaque d’orques et de géants et juste jouissif. S’imaginer le frêle Régis passer d’un mendiant à un bretteur des plus charismatiques ou Cati-Brie qui devient de plus en plus forte en magie et le suivre au long de ses transformations animales … c’est vraiment chouette et surtout prenant. Pour faire simple, j’ai dévoré ce gros tome de 400 pages en une seule journée. Pensant me faire de courtes sessions de lecture, j’ai été embarqué dans cette aventure de plus de vingt ans pour nos héros et je n’ai pas pu m’en décrocher avant d’en avoir vu la fin. Un bien beau livre en vérité, publié chez Milady et profitant d’une très bonne qualité d’impression qui fait plaisir à être tenu en main.
En conclusion.
Pareil à lui-même, R.A. Salvatore signe avec Les Compagnons un très bon roman. Un peu éloigné des quêtes habituelles de notre Drow préféré, cette histoire remet en scène les meilleurs amis de Drizzt disparus depuis longtemps et qui nous manquaient tant. On retrouve avec plaisir ces héros dans leurs nouvelles aventures ayant pour but commun d’aider leur sombre ami dans un combat défiant l’imagination. C’est çà, le style de R.A. Salvatore et c’est pour cela que j’adore cet écrivain. Pour les néophytes de cette série en revanche, ne la prenez pas en cours avec ce roman mais visez plutôt le véritable début : la Trilogie de l’elfe noir.