Test – Army of Two : Le Cartel du Diable

Il est toujours dubitatif de voir à quel point les éditeurs s’obstinent parfois à vouloir faire vivre une série. C’est sans conteste le cas d’Army of Two, qui contre toute attente avait tout de même réussi à trouver son public. Il faut dire que malgré quelques défauts rédhibitoires, ces jeux avaient le mérite de reposer sur un système de coopération assez amusant. Mais si le travail établi par EA Montréal avait plus ou moins porté ses fruits, est-ce que le changement de studio pour Army of Two : Le cartel du Diable arrivera vraiment à propulser la licence sur un autre niveau ? C’est déjà moins sûr.

Army of Two Cartel du Diable PS3 Xbox 360

La coopération du pauvre

Comme à l’accoutumé, le Cartel du Diable ne déroge pas vraiment à la règle qui veut qu’un jeu d’action se doit d’avoir un scénario aussi léger qu’inintéressant. Avec bien entendu son lot habituel de clichés gros comme une maison, qui n’ont même pas la convenance d’être employé au second degré.  On en revient donc à prendre la peau de deux mercenaires qui essayent de régler leur compte avec le cartel mexicain, à grands coups de pétoires et de commentaires sarcastiques. Sous les prémisses d’une vengeance qui arrive comme un cheveu dans la soupe, au milieu d’une histoire qui accumule les situations rocambolesques pour nous en mettre plein la vue. C’est un résumé un peu facile de ce qui nous attend dans Army of Two : Le cartel du Diable, mais difficile d’y voir autre chose, notamment quand nos deux antihéros portent des noms aussi génériques qu’Alpha et Bravo.

En mettant loin derrière nous le charisme d’huitre que se coltinent nos deux camarades, il ne reste qu’à se concentrer sur ce qui fait le principal intérêt du jeu : sa coopération. Malheureusement, autant dire que les habitués de la série risquent d’être fortement déçus en lisant les quelques lignes qui vont suivre. Car si dans les précédents épisodes ils étaient possibles d’effectuer une panoplie d’interactions avec son partenaire, la majorité d’entre elles à tout simplement été abandonnées par Visceral Games. A l’image du dos à dos, permettant aux joueurs d’arroser l’environnement sur un angle de 360 degrés, qui représentait une application intéressante de cette envie de mettre la coop en avant. Mais qui bizarrement n’a pas été repris pour le Cartel du Diable. Finalement tout ce qui aura été conservé, c’est les passages qui demanderont de faire une courte échelle à son coéquipier, pour qu’il emprunte un autre chemin. Ainsi que l’opportunité de faire diversion pour attirer l’attention sur nous, pour laisser un moment de répit à notre collègue.

Il est vraiment dommage de voir que ce qui faisait la force du jeu, arrive à régresser à un tel point, que cela en devient carrément un point faible, notamment quand presque tout le marketing du titre est centré autour de ce principe de coopération. Un peu comme la mise en avant du mode Overkill, présenté comme une nouveauté mais qui était pourtant déjà disponible dans le premier Army of Two. Mais cela n’enlève en rien qu’il s’agit d’une capacité très fun à utiliser, permettant de ralentir le temps pendant une fraction de secondes et d’entrer sous une forme de rage qui décuplera nos dégâts, tout en étant accessoirement invulnérable durant ce court laps de temps. Chaque joueur possède sa propre jauge qu’il remplit en alignant les ennemis sous ses balles, qu’il sera possible d’activer individuellement, voir en duo pour augmenter encore plus son efficacité.

Army of Two Cartel du diable PS3 Xbox 360 Army of Two Cartel du diable PS3 Xbox 360

Commando de choc

Ce qui nous intéresse le plus dans ce type de jeu, c’est naturellement l’équipement qui est mis à notre disposition pour se frayer un chemin dans les lignes adverses. Sur ce plan là, Army of Two : Le Cartel du Diable fait dans le classique sans pour autant se moquer de nous. Chaque prouesse durant les chapitres vous octroie une certaine somme d’argent, qui pourra être dépensée dans l’achat d’armes et de vêtements qu’on débloquera en montant de niveaux. On y retrouve différents masques pour personnaliser votre avatar, mais surtout des fusils d’assaut, des armes de poing, des mitraillettes ou autres snipers. Un large choix très varié qui pourrait constituer un bel armement, mais comme on pouvait presque s’y attendre, la sensation de puissance de ces dernières est plus que décevante. Un manque d’équilibrage flagrant, qui ruine en grande partie les phases d’action qui ressemblent surtout à du tir aux pigeons. Notamment à cause d’une visée complètement assistée et qui n’ait pas désactivable, qui sans faire de gros efforts vous permettra de faire un vrai carnage.

Ce qui peut arriver à sauver un tant soit peu Army of Two : Le Cartel du Diable de l’hécatombe totale, le faisant presque entrevoir comme un bon nanar vidéoludique, c’est la démesure de son action. Toute scène est propice pour nous en mettre plein la vue, avec des décors destructibles et bien-sûr remplis de tonneau et de jerricanes d’essence, qui n’attendent qu’une petite étincelle de votre part pour exploser. Vos adversaires tatoués jusqu’aux oreilles et affublés de bandana et autre cagoules, à défaut d’avoir un semblant de cervelle, ne manqueront pas de vous asservir par leur nombre. Un mélange efficace durant les premiers heures, mais qui par l’ordre des choses finit immanquablement par nous lasser, surtout lorsqu’on se voit confronter à tous les problèmes que le jeu traîne avec lui dans son sillage. Ce qui était un bon défouloir se termine comme un vieux pétard mouillé, avec tous les défauts qui finissent par nous exploser à la figure.

A commencer par le système de couverture qui pour une raison incongrue, nous empêche régulièrement de nous mettre à couvert derrière un muret ou une caisse, qui se trouve pourtant juste devant nous. On finit sur la longueur à plus ou moins comprendre comment se placer pour palier à ce souci, mais c’est un comble de devoir s’adapter à ce qui est clairement un manque de finition. Une frustration permanente qui se ressent jusque dans les morts stupides engendrées par la calamiteuse IA de notre compatriote, qui ne manque pas une occasion pour passer l’arme à gauche. Une accumulation de petites choses qui gâchent réellement l’expérience, pour un jeu qui aurait pu se montrer très honnête. Pour les courageux qui auraient envie de tenter le coup, on vous recommande chaudement de le faire avec un ami, en écran splitté dans votre salon. Sous peine de devoir se coltiner un vilain système pour rejoindre une partie en ligne, qui vous demandera de recommencer chaque chapitre à partir du début, dès que quelqu’un se décidera à vous venir vous accompagner.

 

En conclusion

Avec Army of Two : Le Cartel du Diable on tombe typiquement dans la catégorie de jeux qui ne manquent pas d’idées ou d’ambition, mais qui souffrent cruellement d’un manque de finition. Il y a des défauts auxquels ont pourrait passer outre, comme la redondance de l’action ou le manque de sensation dans l’utilisation des armes, mais difficile de ne pas grincer des dents devant les nombreux bugs d’IA ou de collisions. Dans l’état il s’agit simplement d’un petit défouloir qu’on lancera le temps d’une soirée, mais qu’on finira vite par oublier dans les recoins humides de notre placard.

Par Cédric Fischer

Rédacteur en chef

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