Quelques jeux ont réussis à traverser l’histoire en se forgeant une certaine réputation, et cela bien souvent car ils ont été pionnier dans un domaine en particulier. C’est le cas de Dragon’s Lair qui en 1983 était le premier jeu d’arcade à utiliser le procédé du laserdisc. Son succès lui a valu un grand nombre de portages et rares sont les machines qui n’ont pas eu leur version, souvent bâclée au demeurant.
Tapote sur ta manette
Dragon’s Lair est l’archétype même du jeu vidéo des années 80, avec un scénario qui se résume en trois mots : Sauver la princesse. On serait presque étonné de ne pas y voir un plombier à casquette sauter dans tous les sens. Mais ce sera plutôt Dirk qui est de service, un chevalier téméraire qui se lance dans les couloirs d’un château remplis d’embûches en tout genre. On assiste à son périple au travers d’un véritable film interactif, avec des séquences qui s’enchaînent et qui demandent au joueur d’appuyer sur un bouton au bon moment, sous peine de voir notre héros tomber dans des pièges mortels. Fidèle à ses origines, seulement quatre directions et une touche d’action sont nécessaire pour jouer à Dragon’s Lair. La complexité réside dans le fait que le joueur n’avait quasiment aucune indication à l’écran et qu’il fallait tâtonner pour avancer. De temps à autre, des éléments autour de notre personnage peuvent se mettre en surbrillance pour nous apporter un petit indice, mais il vaut mieux avoir l’œil averti pour les repérer, car ils clignotent très rapidement. C’est cette difficulté qui a bâti toute la légende autour de Dragon’s Lair, en plus de sa réalisation vraiment époustouflante.
De nos jours, il est aisé d’imaginer que baser un jeu complètement sur des QTE et sans aucunes indications, cela aurait de quoi frustrer un bon nombre de joueurs. Conscient de ce problème, les développeurs ont eu l’idée d’intégrer une aide aux mouvements qui indique dans quelle direction il faut aller ou s’il faut utiliser l’attaque à l’épée. Cet ajout est bienvenu et rend le jeu plus accessible, même si on regrettera que cela rende le jeu vraiment trop facile. Heureusement, il est toujours possible de la désactiver dans le menu des options. Mais en plus d’un mode facile et difficile, il est également possible de choisir entre deux modes de jeu : l’arcade ou le salon. Les changements sont surtout d’ordre esthétique, avec le premier qui nous envoie à la scène suivante lorsqu’on meurt, alors que le second nous offre quelques scènes supplémentaires par rapport à la version standard. Rien de bien extraordinaire et qui sert surtout de cache misère pour un titre qui se révèle finalement très pauvre en contenu. Pour les nostalgiques, on peut activer un enrobage de l’écran qui reprend l’interface de la borne d’arcade de 1983. Un petit bonus sympathique mais qui aura du mal à éclipser toutes les faiblesses de ce Dragon’s Lair.
C’est toi la manette
Sans grande surprise, cette version Xbox 360 de Dragon’s Lair ne pouvait pas passer à coté du phénomène Kinect. En s’y attardant un peu, l’utilisation de ce périphérique parait même très appropriée. Pour autant, il ne faut pas s’attendre à jouer au chevalier dans son salon, car on nous demande seulement de faire un pas dans la bonne direction ou de mimer un coup d’épée avec notre bras. Et comme bien souvent avec Kinect, la jouabilité souffre de gros problèmes durant les phases qui nous demandent de bouger rapidement. La reconnaissance est très hasardeuse lorsqu’on doit effectuer plusieurs actions à la suite et quand on sait que la moindre erreur est une mort assurée, autant dire que cela ne donne vraiment pas envie. Des subterfuges ont été mis en place, comme une reconnaissance plus permissive ou un temps de latence plus grand pour effectuer un mouvement, mais cela ne suffit clairement pas. Le plus étonnant reste le mode coopération, qui en faite n’en porte que le nom, car les deux joueurs ne font que s’alterner devant l’écran. Chacun leur tour, les participants joue une scène du jeu pour ensuite laisser sa place à l’autre personne, et ainsi de suite. Cela n’a rien de très palpitant et casse clairement le rythme d’une partie quand on doit changer de joueur tous les trente secondes. Dommage que ce mode ne soit pas jouable à la manette, cela aurait été bien plus agréable, surtout qu’on risque de laisser Kinect de coté assez vite pour revenir à nos bonnes vieilles habitudes.
Dragon’s Lair aura beau être un monument du jeu d’arcade, cette version XBLA n’en reste pas moins très décourageante. Il n’est pas évident de juger de la qualité d’un tel portage, car après tout le jeu en soi est d’une grande qualité, et réservera certainement quelques surprises à ceux qui n’y ont jamais joué. Mais dès que le moment de découverte est dernière nous, il faut reconnaitre que la durée de vie du jeu et son contenu n’offre pas de bonnes augures. En fonction de vos affinités avec le genre, il suffira de quelques parties pour mémoriser les différentes scènes et pour terminer le jeu en une quinzaine de minutes. Voir un petit peu plus si vous désactivez d’emblé l’aide aux mouvements. Mais c’est clairement trop léger pour un jeu qui est vendu une dizaine d’euros sur le Xbox Live et qui risque même de décevoir les fans de cette licence.
En conclusion
Des efforts ont été fait pour rendre ce Dragon’s Lair attractif, mais malgré un bel enrobage le jeu à vraiment du mal à convaincre. On pourra faire l’impasse sur l’utilisation anecdotique de Kinect, mais il est clairement plus difficile d’oublier sa durée de vie plus que ridicule. Au mieux, cela arrivera à occuper pendant une après-midi ceux qui n’avaient jamais mis la main sur une version de Dragon’s Lair. Mais devant son piètre contenu, pour un prix vraiment trop élevé, la plupart des autres joueurs préfèreront largement passer à coté et investir leur argent dans un autre jeu.