Il faut bien se rendre à l’évidence que les éditeurs ne manquent pas d’ingéniosité pour pérenniser leurs licences phares. Cela se concrétiste souvent par des suites qui perdent rapidement de leur saveur originelle, ou bien plus ponctuellement par ce qu’on nomme communément, de manière un peu barbare, des spin-off. En attendant un éventuel nouvel opus, la mythique série de Peter Molyneux n’a pas réussi à déroger à cette règle et le pire est donc à craindre.
De multiple références
Dés le lancement de Fable Heroes, il faut bien admettre que son nom n’est pas totalement usurpé, avec une sélection de personnages qui fait clairement allusion à l’univers de Fable. Parmi un choix d’une dizaine de personnages, dont certains à débloquer par la suite, on retrouve des noms assez connus comme Hammer, Reaver, ou Garth. Leur apparence plutôt mignonne et en forme de marionnette aura de quoi ravir les joueurs, pour le peu qu’on arrive à accrocher à la tournure très cartoon que prend le jeu. Car même en arborant une palette de couleurs très colorée, le rendu global peine vraiment à convaincre. Un ressenti qu’on retrouve au travers de la dizaine de niveaux qu’on sera amené à parcourir, avec un tracé plus que linéaire et des décors très simpliste, malgré le fait qu’on reconnait assez aisément les lieux traversé. Des noms comme Bowerstone ou Mistpeak risquent de titiller l’oreille de ceux qui connaissent bien la série, mais cela n’est clairement pas suffisant pour faire un bon jeu.
Avec un recyclage provenant tout droit de Fable, en reprenant notamment tout son bestiaire de monstres et autres bestioles. Fables Heroes tente tout de même de se démarquer avec une jouabilité qui s’ouvre à l’accessibilité, voir peut-être un peu trop. Car même si les personnages possèdent des particularités, en ayant des armes différentes, leur maniabilité reste la même et cela peu importe lequel vous allez choisir. Une attaque simple et une forte, une attaque de zone sur la gâchette, ainsi qu’une petite esquive pour se protéger de temps à autre. Une configuration qui montre bien toute la simplicité de Fable Heroes, mais qui met également en avant tous ses défauts. L’unique but est de traverser les tableaux en tapant sur tout ce qui bouge, en ramassant ensuite l’or qui tombe au sol. Cela aurait pu se montrer divertissant, si le plaisir n’aurait pas été plombé par la lenteur et la rigidité des animations de combat, mais surtout par le désordre que cela engendre. L’action est souvent surchargée d’effet en tout genre, ce qui a pour résultat de nous faire perdre de vue notre avatar.
Une redondance affolante
Ce qu’on peut laisser à Fable Heroes, c’est d’avoir opté pour une évolution des personnages assez singulière, voir très originale. Chaque fin de niveaux se ponctue par un plateau sur lequel on se déplace en lançant un dé, tout en croisant les doigts de tomber sur une case qui nous autorise à acheter une des compétences pour notre marionnette. Des capacités permanentes, comme des bonus de dégâts, de vitesse d’attaque ou de déplacement. Une aide précieuse et bienvenue, mais bien trop fastidieuse à acquérir. Le coté aléatoire rend cette forme de progression bien trop hasardeuse, et on peut faire plusieurs fois le tour du plateau avant de pouvoir choir une aptitude intéressante et utile. L’argent nécessaire à leur achat s’accumule ainsi très vite et devient rapidement obsolète, mais heureusement il y a toujours la possibilité de le transférer entre nos pantins, voir vers Fable the Journey quand celui-ci sera disponible. De bonnes idées dans l’ensemble et qui aurait pu rendre le jeu vraiment agréable, mais dont l’exécution bancale ne fait que s’ajouter à la longue liste de défauts que traine avec lui Fable Heroes.
Pour ce qui s’apparente comme un Party-Game, on ne peut pas dire que cela soit une franche réussite. Un semblant de compétition est instauré entre les personnages, avec celui qui arrivera à ramasser le plus d’or en fin de partie. C’est pourquoi on peut trouver dans les niveaux des coffres qui nous octroient divers bonus temporaires, en nous donnant un léger avantage durant quelques instants, comme un nuage de pièces, une super vitesse ou encore une transformation en géant. Mais devant la désastreuse IA dont sont affublés nos camarades, quand on les voit resté bloqué au début du parcours ou encore ne pas toucher aux ennemis devant eux, autant dire qu’on va vite comprendre qu’il faut se rabattre sur le multijoueur pour en profiter. Toutes les tentatives pour rendre l’expérience un tant soi peu amusante, est gâché par l’austérité et la mollesse des mécaniques de jeu et par une caméra plus que capricieuse. Sans parler des bugs qui engendrent parfois la perte d’un compagnon qui traverse les textures, ou des objets irrécupérables car coincé dans les décors. Des maladresses et un manque de finition qui ne donnent vraiment pas envie d’investir de notre temps dans Fable Heroes, et encore moins notre argent.
En conclusion
En partant d’une bonne intention, Lionhead à pris le risque de rendre son jeu accessible à un très large public, en simplifiant sa maniabilité à sa plus modeste expression. Mais à force d’être trop abordable, Fable Heroes en devient presque abrutissant et on ne prend vraiment aucun plaisir à y jouer. Ses nombreuses références à Fable et son univers très enfantin auraient pu réussir à le sauver de l’hécatombe, mais sa grande linéarité et ses nombreux bugs en font un jeu vraiment plus que moyen et qu’on préfèrera oublier très rapidement.