Il ne faut parfois pas grand-chose pour avoir une bonne idée, même si on sait bien que dans le jeu vidéo, il est très facile de s’inspirer de son voisin. C’est un peu ce qui arrive à Foul Play, puisque son ambiance théâtrale n’a rien de nouveau ou de très innovant. Mais cela n’enlève pas au mérite de Mediatonic, de vouloir chambouler le beat’em all, en proposant une nouvelle approche du genre.
Que le spectacle commence
Rien de mieux qu’une scène de théâtre pour raconter une histoire et tenter d’émerveiller son public. C’est ce que notre protagoniste principal essaye de faire. Puisque le Baron Dashforth, éminent démonologue de son état, nous narre ses célèbres péripéties à travers le monde, durant lesquelles il essaye d’éradiquer la menace venant du plus profond des enfers. À chaque levé de rideau, on le retrouve affalé dans son luxueux canapé et face aux spectateurs, tel un grand-père qui raconte une histoire à ses petits-enfants. Sauf que le Baron va un peu plus loin dans sa présentation, en transformant son bureau en pièce de théâtre. C’est dans ce contexte qu’on va vivre nos aventures, en compagnie de Scampwick Steerpike qui se trouve être notre fidèle compagnon de scène, si l’on décide de jouer en coopération. Les décors en carton pâte et les figurants vont follement s’enchaîner, pour tenter de divertir et d’amuser l’auditoire.
Foul Play ne réinvente pas forcément la roue, mais il faut lui concéder d’avoir une ambiance particulière et somme toute rafraichissante. Bien que visuellement sans grande saveur et trop minimaliste dans son approche, c’est surtout sa mise en scène qui arrivera à attirer notre attention durant un court instant. Un petit sourire vient forcément se coller à nos lèvres lorsqu’on découvre les fils qui tiennent les démons dans les airs ou encore un technicien qui vient souffler à l’oreille d’un zombie, qui avait malencontreusement oublié son texte. Il suffit aussi d’apercevoir les acteurs ramper en dehors de la scène, lorsqu’ils se sont pris une déculotté par nos héros, pour comprendre que le jeu ne se prend pas du tout au sérieux. C’est cette réalisation bonne enfant qui apporte un certain charme à Foul Play, à défaut d’avoir tout le reste.
Fait rire ton prochain
Bien plus qu’un enrobage humoristique, le théâtre est d’une certaine façon au centre du gameplay, car un acteur doit satisfaire son public. Il faut leur offrir un bon divertissement, en enchaînant les ennemis, tout en essayant de maintenir le multiplicateur assez haut. Cela aura pour effet bénéfique de récolter des applaudissements qui influeront sur l’applaudimètre, lui permettant ainsi de monter plus facilement. Mais il vaut mieux éviter de se prendre un mauvais coup trop souvent, car cela aura l’effet inverse, pouvant même aller jusqu’à perdre complètement l’attention de la foule. L’audace dans Foul Play est d’avoir remplacé la classique barre de vie, par un applaudimètre qu’on doit constamment surveiller du coin de l’œil, sous peine de perdre la partie s’il descend trop bas. C’est en tout cas la théorie instauré mais qui ne se présentera que rarement à vos yeux, dans la mesure où le niveau de difficulté du jeu est pratiquement inexistant. Il faut vraiment y mettre de la mauvaise foi pour y perdre une vie, alors qu’on s’attendrait à un peu plus de challenge de la part d’un beat’em all.
Cela aurait pu être un défaut mineur, si le reste du jeu ne souffrait pas d’autant de lacunes. Rien de dramatique à l’horizon, mais qui aurait pu être gommé avec un peu plus d’effort. La faute revient en grande partie à une action très mollassonne et répétitive. Engendré par plusieurs aspects, donc un manque d’évolution de notre personnage, même si celui-ci pourra gagner quelques techniques en prenant des niveaux. Mais avec seulement une douzaine de mouvements à disposition, pas besoin de dire qu’on en faite très vite le tour. Avec uniquement un coup normal et un puissant, pas besoin d’être extralucide pour voir que cela est relativement insuffisant. Les combinaisons basées sur la parade permettront de varier un peu l’ensemble, mais ils sont si faciles à placer qu’on y rencontre les mêmes problèmes de redondance. Il n’y a guère que la course aux points qui pourrait encore nous motiver à enchaîner différents combos, pour atteindre les cinq étoiles dans un niveau ou entrer dans les meilleures positions du classement en ligne. Mais cela risque de motiver une très faible proportion de joueurs.
La facilité du pauvre
On aurait pu faire abstraction de tout cela, mais au bout des cinq à six heures que durent les cinq chapitres du jeu, il faut se rendre à l’évidence qu’on tourne vite en rond. Ce n’est pas le piètre bestiaire du jeu qui nous dira le contraire, puisqu’en dehors de quelques boss sympathiques, les ennemis rencontrés finissent immanquablement par se ressembler. Leur apparence diffère, mais leur base est tout le temps la même, avec des trouffions de base, des démons ailés et des grosses brutes un peu plus coriaces. La forte résistance des ennemis est d’ailleurs assez représentative, avec un taux de points de vie hallucinant. Donnant lieu à des affrontements qui tirent péniblement en longueur, en plus de se répéter parfois sur plusieurs tableaux consécutifs. Et ce ne sont pas les maigres tentatives de casser ce rythme morose, avec quelques situations ou dialogues humoristiques, qui y changeront grand-chose.
La critique peut semblée facile, car finalement Foul Play n’est pas spécialement une mauvaise pioche, mais sa réalisation reste plutôt faible face à la concurrence plus que conséquente et d’un tout autre calibre. Pour y trouver un peu de plaisir, autant vous dire tout de suite qu’il vaut mieux se diriger vers le multi à deux joueurs, pour atténuer un peu le sentiment de lassitude qui planera rapidement au dessus de vos parties. Au mieux il faudra déjà se tourner vers les défis pour amoindrir cette impression. En remplissant trois objectifs par niveau, il sera ainsi possible de débloquer des gris-gris qui apporteront des bonus à notre personnage. Cela permettant de réduire la déception du public quand on prend un coup, se déplacer plus rapidement, augmenter le multiplicateur en faisant une parade, et ainsi de suite. Pas de quoi sauter au plafond, mais qui pourra au moins augmenter un peu la durée de vie et la difficulté du jeu. Du moins pour ceux qui auront l’envie de s’y essayer.
En conclusion
Foul Play est l’exemple typique d’un jeu qui s’appuie presque entièrement sur sa narration et sa mise en scène, sans véritablement développer pleinement son gameplay. Ce qui résulte sur une production en demi-teinte qui n’arrive pas vraiment à convaincre sur le long terme. Sa tournure théâtrale aurait pu être son point fort, mais devant une difficulté clairement absente et son action molle au possible, on peine à accrocher jusqu’au bout. Le titre de Mediatonic aura bien du mal à trouver son public, qui préfèrera sans nul doute se tourner vers d’autres ténors du genre. Le domaine du beat’em all est résolument déjà très bien rempli, mais il faut reconnaitre que Foul Play n’est pas dans le haut du panier.