Test – Gears of War : Judgment

Alors que Marcus Fenix a raccroché ses armes dans Gears of War 3, il fallait bien trouver une échappatoire pour fournir un nouvel épisode aux amoureux de la licence. Mais alors qu’on pouvait légitimement se demander si cela était vraiment nécessaire, la dure loi du marché vidéoludique ne se pose pas ce genre de question. La solution facile est donc de se rabattre sur le procédé du Spin-off, avec un petit twist scénaristique qui permet de revenir quelques années en arrière, pour découvrir ce qui s’est déroulé avant le premier opus. On en revient donc à suivre l’escouade Kilo, au travers des faits relatés par Baird et Cole, alors qu’ils sont en train de se faire juger pour leurs crimes de guerre.

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Le bon vieux temps

Avec Marcus au placard, il fallait nécessairement penser à ne pas dépayser les joueurs, c’est pourquoi Gears of War Judgment se concentre autour de Baird et Cole. Un duo charismatique qui se voit accompagné par Sofia Hendrick et Garron Paduk, deux camarades un peu bouche trou sur les bords mais qui auront tout de même leurs mots à dire. Le prétexte étant de participer à leur jugement, pour les voir défiler à la barre, racontant leur point de vue sur les évènements qui les ont amenés là. À tour de rôle, chaque protagoniste devient donc le narrateur et nous fait profiter de sa belle petite voix. Par l’intervention divine habituelle, vous allez donc incarner différente personnalité, mais qui ne vous feront pas forcément découvrir l’aventure sous un nouveau jour. Ce qui choc en premier lieu, c’est que People Can Fly n’a foncièrement pas bousculé nos habitudes. Le joueur accoutumé de la série n’y trouvera pas grand-chose de neuf. Le jeu se repose effectivement sur des mécaniques qui ont été rodées, mais qui en contrepartie se montrent toujours aussi efficaces. Il est toujours bon de se retrouver dans ses pantoufles, mais un peu plus de surprises n’auraient pas fait de tort.

Pour un peu de fraicheur, il va falloir se contenter du système de missions déclassifiées. Cela part directement du principe que Baird et ses acolytes ne partagent pas tous les détails de ce qui leur est arrivé. Ces évènements qui ont été évincés des rapports officiels, peuvent être activés avant chaque portion de niveaux, ajoutant certaines difficultés qui devraient pimenter votre progression. Cela s’apparente à des restrictions, comme une réduction de la visibilité, un type de monstre plus agressif ou encore un temps réduit pour réussir l’objectif. Un principe accrocheur permettant aux joueurs de s’imposer des défis supplémentaires durant les missions. Une idée intéressante mais qui se voit plombé par son manque de diversité. Le contexte scénaristique peut en effet changer, mais le résultat est tout le temps le même. Que cela soit par du sable ou du gaz, lorsqu’on réduit notre champ de vision, le résultat reste le même. On finit donc par les activer automatiquement, sans même y prêter attention.

Gears of War Judgment Xbox 360 Gears of War Judgment Xbox 360

Des étoiles montantes

L’intérêt de se compliquer la vie ainsi, c’est surtout que cela augmente vos chances de gagner des étoiles en fin de mission. Ces derniers font office de médailles en chocolat, pour que vous puissiez vous vanter en ligne de vos prouesses. Mais en dehors de débloquer des skins d’armes ou personnages pour le multijoueurs, ce faux système de scoring est surtout là pour arrondir les angles, en faisant semblant de rajouter du contenu. Car si Gears of War : Judgment est une merveille technique, avec une maitrise et une réalisation de très haut calibre, il est difficile de faire le même constat lorsqu’on s’attarde un peu plus sur la campagne principale. L’impression de continuellement traverser des couloirs et des arènes se fait très vite ressentir. C’était déjà un phénomène qu’on pouvait avoir durant les trois épisodes précédents, mais cela avait le mérite d’être masqué par des cinématiques ou des moments épiques, comme les rencontres avec les boss par exemple. Ce qui n’est pas le cas avec Judgment. Les vagues de locustes et les protections d’objectif finissent immanquablement par se ressembler et on entre très vite dans une routine sans grande saveur. Quelques niveaux, à l’image de celui du débarquement sur la plage, rehaussent un peu le tout mais ces moments sont trop rares pour vraiment avoir un impact positif sur l’ensemble du jeu.

Pour trouver de petites modifications, il faut se tourner du coté des nouvelles armes qui font leur apparition. C’est notamment le cas d’une tourelle défensive qu’on rencontre à plusieurs endroits durant notre progression, qu’il est possible de déplacer et de mettre où bon nous semble. Très utile dans les phases qui demandent à défendre un endroit bien précis. Pour les armes c’est déjà plus traditionnel. Un nouveau type de grenade est également introduit, et qui trouve son utilité en pouvant soigner ses alliés. Le Markza est un sniper très performant, ainsi que le Booshka qui peut tirer des grenades rebondissantes, un bon moyen d’atteindre des ennemis planqués derrière des caisses ou un mur. Pour terminer il faut énumérer le Breechshot, un fusil à la cadence de tir très limitée mais qui fera un vrai carnage sur une cible à courte distance. Ces ajouts sont un petit plus sympathique, mais elles sont beaucoup trop conventionnelles et il manque la petite pointe de folie qu’on dénote habituellement dans les armes de la série. Cette absence de prise de risque est ce qui caractérise le mieux Gears of War Judgment, avec un jeu qui caresse un peu trop les fans dans le sens du poil, en les confortant dans des mécaniques qu’ils connaissent depuis des lustres.

Gears of War Judgment Xbox 360 Gears of War Judgment Xbox 360

Du multi bien trop classique

Le multijoueur est le parfait exemple pour symboliser ce problème. Il est toujours possible de s’y amuser et il se montre toujours aussi jouissif, mais on finit irrémédiablement par avoir le sentiment de tourner en rond. Les modes n’ont pas grandement évolués et on tombe sur les sempiternels affrontements à mort en solitaire ou en équipe, ainsi que la domination qui demande à prendre possession d’une zone en particulier. D’autres en revanche ont tout simplement disparus, comme le succulent mode Horde qui a été peaufiné dans Gears of War 3, et qui laisse ici place à la Survie. Un mode dans lequel on va devoir choisir parmi quatre classes de personnage humain (assaut, medic, scout et ingénieur), pour ensuite affronter dix vagues de locustes. Rien de très innovant, mais le choix des classes apportent un petit plus qu’on ne reniera pas. La vraie nouveauté du multi est le mode Invasion, qui permet à dix joueurs (cinq contre cinq) de s’affronter dans un jeu de destruction et protection d’objectifs. Concrètement une équipe de CGU devra protéger des points sur la map, tandis que les locustes essayeront de les détruire. Du coté de ces derniers on retrouve ce qui avait déjà été fait dans le mode bestial de Gears 3, avec un gain de points qui permet de choisir sa bestiole.

Le système de classes du coté CGU n’a rien de très original, mais apporte son lot d’idées intéressantes, avec une bonne complémentarité des compétences. L’ingénieur devra par exemple gérer la réparation des barricades, tandis que l’assaut devra fournir des munitions à ses coéquipiers et ainsi de suite. Un bon principe, même si on aurait aimé que nos personnages puissent évolué leurs habiletés, comme ce fut le cas dans le mode Horde de Gears of War 3. En faite, ce qu’on pourra surtout reproché au multijoueur de Gears of War Judgment, c’est la pauvreté du nombre de maps. Avec seulement quatre maps différentes par mode, pas besoin de vous dire qu’on en fait rapidement le tour. Pas besoin de boule de cristal pour annoncer l’arrivée massif de DLC qui palieront à cette faute de goût, mais comme toujours il est dommage de devoir débourser après l’achat de notre jeu, pour avoir un contenu qui tient plus ou moins la route.

 

En conclusion

Il serait injustifié de qualifier Gears of War : Judgment de mauvais jeu, car sa réalisation est plus que solide et on y retrouve tout ce qui a fait le charme et succès de la série. Une fois la manette en mains, les sensations sont irréprochables et on prend toujours autant de plaisir à dézinguer du locuste. Mais People can Fly s’est trop reposé sur ses lauriers et se sert maladroitement de quelques caches misères, pour palier au manque de nouveautés et d’innovations de cette épisode. A ne pas vouloir froisser les fans, le studio n’a pas réussi à renouveler une recette qui se repose depuis trop longtemps sur ses acquis. Judgment reste donc un bon palliatif pour les joueurs qui auraient déjà complètement retourné les opus précédents, mais en dehors de ça, il est difficile de le conseiller aux nouveaux arrivants sur la série.

Par Cédric Fischer

Rédacteur en chef

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