Si on peut parler d’un studio qui a remué la scène indépendante du jeu vidéo, c’est bien Dennaton Games avec un départ « burn-out » avec Hotline Miami posant les bases du Studio. Jonatan Söderström et Dennis Wedin remettent les couverts avec un Wrong Number encore plus dingo!
Vous avez appelé la police? Ne quit…
Haaa! Hotline Miami, comment commencer en douceur avec ce jeu de psychopathe? Ha oui parce que dans ce twin-sticks shooter, vous incarnez réellement un malade boosté à toute sorte de drogue et répondant au nom de Jacket. On évolue dans une Floride des années 80 où les vices de Miami allaient bon train avec son lot de drogue, d’assassins et de flics véreux… Une adresse sur notre répondeur et la mission peut commencer. Notre but? Défoncer tout le monde à l’adresse donnée en utilisant nos poings dans un premier temps et puis tout ce qui nous passe par la main, couteau, batte, fusil à pompe, chevrotine, kalachnikov… la mamie séchée dans le coin d’une pièce… Ho non! Je me suis emporté! Bref, vous l’avez compris ça défouraille à tout va et sans chichis, le tout vu de dessus dans une salade de pixels colorés. Hotline Miami c’est violent, mesquin, hargneux et surtout énervant! Car oui, vous allez avoir votre dose de « Die & Retry », extrêmement punitif, vous n’avez pas le droit à l’erreur, car s’il vous faut seulement 2 ou 3 coups pour les cribler de plombs ou éclater les crânes de vos adversaires, c’est aussi le cas dans le camp adverse et suivant ce que vous allez utiliser pour exploser votre premier adversaire, ses copains rappliquent aussi vite qu’une souris sur un morceau d’emmental.
Here come a new Challenger
Alors voilà, si le but reste inchangé qu’y a-t-il de nouveau dans ce Wrong Number? Et bien ma chère Micheline, sur l’étendu des 25 niveaux proposés, le level design a été revu à la dure, c’est plus grand, plus vicieux avec ses angles douteux, ses lignes de mire impensables et pourtant que vous verrez seulement lorsque Jacket sera étendu dans sa mare de sang ou cette multiplication des fenêtres vous obligeant à aiguiser vos réflexes tel un animal retranché dans impasse face au danger qui au moindre mouvement de pixel c’est le bourrinage de souris assuré avant de sombrer dans la paranoïa. Vos ennemis seront légion avec leurs petites particularités, les sales cabots qui accourent au moindre bruit, nous laissant pas l’avantage de les voir venir, les petits malins qui quand vous faites du bruit pour les attirer ne bougent pas d’un iota ou bien les acharnés qui vont essayer de vous arroser de plombs avant de trépasser. Bref, ce deuxième opus ne demande aucune limite si ce n’est vos nerfs.
Et pour pimenter le tout, ces cinglés de Dennaton Games ont eu la bonne idée de rajouter des protagonistes que vous incarnerez au fil des stages avec à chaque fois un gameplay différent synonyme de leur caractéristique. Ainsi, parmi les 12 protagonistes à incarner, il y a le journaliste qui refuse de tuer et d’utiliser des armes à feu allant jusqu’à enlever et envoyer valdinguer le chargeur d’un flingue que vous tentiez de prendre. Un autre pourra esquiver en roulade, un balèze utilisera que ses poings, mais tuant « one shot », un autre, tel un Terminator équipé de mitrailleuses, écartera ses bras pour diriger ses tirs… Et puis y’a les jumeaux qui assassinent qu’en binôme mêlant le corps-à-corps de la tronçonneuse et la distance en distribution de plombs. Notre duo suédois a sublimé ce deuxième opus avec sadisme et génie, car cette dernière idée même si elle complique les choses, nous désoriente, elle nous force à nous adapter et varier les plaisirs! Et vous pouvez rajouter à ça des variantes à chaque personnage à l’aide de masques déblocables au cours du jeu, ouvrant les portes à la rejouabilité! Clever!
C’est tout? Hooo! non non non, le meilleur arrive, car après un premier tour de manège macabre, c’est l’ouverture au mode « Hardcore » et là c’est festival d’hémoglobine agrémentée de couleurs fluo psychédéliques à faire crever d’épilepsie un ange pleureur issu de Doctor Who. Dixit le verrouillage automatique (s’il était activé, bandes de tricheurs!), une IA survoltée au speed, qui réagit avant même de vous voir, toutes les maps sont inversées de façon à ce que votre cerveau passe au bureau des pleurs et toujours de nouveaux molosses, histoire de ne pas refaire le chemin seul. D’ailleurs outre ce nouveau voyage Dennaton a prévu un petit éditeur de level design, soigné aux petits oignons où vous pourrez vous aussi vous venger et jouer le sadique.
Bugs & Beats
Si Wrong Number a été revu pour réparer les erreurs du passé, à commencer par son moteur plus fluide qui gomme les précédentes erreurs d’hitbox et calcul de trajectoires improbables, mais aussi une amélioration de la caméra allant de pair avec des maps plus vastes, il souffre encore de petits défauts comme le pathfinding douteux lorsqu’on utilise les frangins ou le comportement des vigiles digne de patients issu d’un asile psychiatrique.
On ne peut pas parler de Hotline Miami sans toucher un mot sur sa bande originale et Wrong Number est servi en artiste plus talentueux les uns que les autres. Pour ne pas citer Perturbator, Carpenter Brut, Vestron Vulture, Mega Drive, Mad Animals, El Tigre, Jasper Byrne, M.O.O.N….. la liste est longue, mais c’est tellement bon à l’oreille! Des plages de synthé acides sous des coups de beats caverneux et crasseux, qui dérangent, augmentent l’immersion dans l’époque du fluo et des Boombox avec ses dancebreakers en K-Way dans les ghettos et se coordonnent parfaitement à vos coups et cette impression frénétique d’être constamment sous acides. Ce déluge d’électro va partager avec vous l’orchestration de pixels tout au long des 25 levels sans pour autant ressortir avec une sensation de boucle continue, car avec une cinquantaine de titres, on a de quoi faire sans pour autant avoir envie de couper le son, bien du contraire!
Conclusion
Plus grand, Plus rapide, Plus fort… Dennaton a gagné son pari en nous remettant les couverts ou les armes (au choix), en gardant les codes qui ont fait le succès du premier et en rajoutant de bonnes nouvelles idées apportant à ce nouveau titre une belle diversité. Maintenant, vous m’excuserez, mais je dois nettoyer…