Test – In Between : quand on vous parle de la mort

La mort est souvent abordée dans le jeu vidéo, mais rarement de manière très sérieuse. C’est pourtant une approche que les petits allemands de GentlyMad ont décidé de faire, avec In Between qui nous décrit le parcours d’un homme atteint d’un cancer. Un jeu durant lequel on va être au milieu des pensées et des angoisses d’un mourant, tout en se prenant la tête avec des énigmes à base de plates-formes et de puzzles. Tout un programme.

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Jusqu’au fond des choses

Dès les premières minutes le ton est donné et même si la fin est prévisible, on accompagne tout de même cet homme durant son parcours vers une morte certaine. Cela se fera très naturellement avec le stick de gauche qui va nous servir à déplacer notre protagoniste. Il va être nécessaire d’éviter tous les pièges qui vont barrer notre chemin et qui nous empêcheront d’atteindre la fin d’un tableau. Chaque nouveau chapitre va être l’occasion d’aborder une nouvelle peur ou pensée de notre malade, mais la mécanique principale du jeu en revanche, restera toujours la même.

Tout sera bon pour nous donner du fil à retordre, mais dans In Between il va surtout être nécessaire d’apprivoiser la gravité. Pour cela il suffira de pointer le stick de droite dans une direction pour que la gravité face son effet et qu’elle face chuter notre personnage dans cette direction. C’est autour de cette simple mécanique que va se constituer la plupart des énigmes qu’on va être amené à rencontrer. La plupart du temps il va s’agir d’avoir un peu d’adresse, mais aussi de déplacer des objets pour pouvoir attendre un endroit précis. La crainte pourrait avoir c’est que cela nous plonge rapidement dans une certaine redondance. Mais même si l’on rencontre souvent les mêmes pièges, comme les pics qui sont omniprésents, chaque chapitre apportera un nouvel élément avec lequel il va falloir se familiarisé.

Par exemple, en étant sur sa dernière ligne droite, notre personnage va se souvenir qu’il a toujours eu peur de la noirceur et que cela le terrifie. Après une courte introduction de son enfance où il reçoit une lampe torche, on va alors être plongé dans des tableaux où l’obscurité va constamment être à nos basques et il faudra apprendre à la gérer, tout en essayant d’accomplir les différents puzzles sur notre chemin. C’est de cette manière que le jeu va réussir à entretenir une certaine diversité dans les niveaux. Le joueur est ainsi constamment confronté à une certaine forme de narration, avec des cinématiques ou alors avec des textes à lire dans les décors.

Le jeu comporte un peu trop de pics...
Le jeu comporte un peu trop de pics…

Une phase de ma vie

Le scénario, si l’on peut le nommer ainsi, est dilué au fil des six chapitres dont est constitué In Between. Un bout de vie qu’on essaye de transposer dans un jeu et qui d’une certaine façon arrivera à toucher la plupart des joueurs. Bien entendu, il est tout à fait possible d’avancer en ligne droite et de ne pas prêter attention au message qu’on essaye de nous véhiculer, mais ce serait alors passer à coté de l’essentiel du jeu. On y traite de l’enfance de notre personnage, de sa manière de gérer sa maladie avec ses proches ou encore comment il essaye d’épargner sa famille en ne parlant pas de ses douleurs et ses craintes. Autant de sentiments que chaque humain peut avoir à subir durant sa vie et qui forcément ne nous laissera pas indifférent.

Mais voilà, même si le fond de In Between part d’une excellente idée, c’est un peu moins reluisant quand on concentre notre critique sur son gameplay. Le début du jeu nous fait découvrir un aspect très intéressant qui est rarement mis en avant dans un jeu vidéo, celui de transformer les peurs d’un homme directement en une mécanique de gameplay. Si cela fonctionne au début, on doit pourtant vite faire face à une difficulté qui monte rapidement vers le haut et qui risque de vite énerver pas mal de joueurs. L’aspect « erreur et essai » est bien trop présent et il est vite frustrant de rester bloquer pendant de longues minutes sur un seul passage. Notamment car la mort du personnage nous ramène indéniablement à chaque fois au début du niveau.

À cela se rajoute une physique qu’il va être nécessaire d’appréhender quand on essaye d’effectuer une manœuvre risquée. Les déplacements du personnage et des objets se font avec un peu de lourdeur et dans un jeu où toute la jouabilité se base sur le maniement de la gravité, cela devient vite une source d’énervement. C’est un défaut avec lequel on apprend à vivre et qui s’estompe après quelques temps, mais il y a fort à parier que cela risque de faire décrocher pas mal de jouer et cela, malgré l’enrobage très intéressant du jeu et les choses sur lesquels les développeurs essayent de nous faire réfléchir.

 

En conclusion

Bien que In Between base une grande partie de sa narration sur son ambiance et les quelques saynètes qui ponctuent notre avancé, on ne peut clairement pas parler d’un jeu d’ambiance. Mais c’est là que les problèmes commencent, car même si l’idée primaire est excellente et admirablement mise en avant, au point d’être intelligemment intégré dans le jeu, c’est un peu moins reluisant quand il faut titiller les soucis de gameplay. Le travail accompli est légèrement gâché par une difficulté mal jaugé, mais surtout par une lourdeur dans la maniabilité du personnage, ce qui rend notre progression vraiment pénible par moment. Notre plaisir reste tout de même intact si l’on sait faire abstraction de ces quelques tracas, mais tout le monde n’y arrivera pas.

Par Cédric Fischer

Rédacteur en chef

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