Depuis Dead Space et The Evil Within, les jeux d’horreur ont beaucoup de mal à faire parler d’eux sur console. La grosse déception du Silent Hill annulé et le peu de titres vraiment palpitants n’a bien sûr pas aidé. Et voilà que débarque de nulle part Layers of Fear, un jeu réalisé par la petite équipe de développeurs indépendant Bloober Team. Et là, c’est le choc …
La peinture pour les schizophrènes
Dans Layers of Fear, vous jouez le rôle d’un peintre désabusé qui retourne dans sa maison abandonnée pour tenter de faire une dernière œuvre. Seulement, tout n’est pas si simple. Entre le manque d’inspiration, l’alcoolisme et surtout une histoire conjugale et familiale des plus dramatiques, cette œuvre ne va pas se dévoiler aisément. Et justement, les drames à peine évoqués vont assez vite se rappeler à son bon souvenir car le surnaturel sera très largement de la partie. Toutes les forces obscures de l’univers semblent vouloir se mettre en branle pour contrecarrer votre mission. Oui mais … pourquoi ? Quels sombres secrets cachent cette maison et cet homme ? Ceux-ci se livreront à vous par petits morceaux, tels de pièces de puzzle à assembler pour former l’historique horrifique de cette malheureuse famille. Et, hormis la question de finir la peinture, le vrai problème est de savoir si vous saurez rester sain d’esprit pour atteindre votre but. Rien n’est moins sûr.
Je vous le dit tout net, Layers of Fear est un jeu qui fait vraiment peur ou tout au moins qui vous fera augmenter le rythme cardiaque. Les premières 30 minutes de jeu m’ont littéralement fait dresser les poils sur les bras tant l’ambiance de ce jeu est à couper au couteau de boucher. L’ambiance … glauque, malsaine et baroque … c’est le point fort de ce jeu assurément. L’architecture des lieux très recherchée va beaucoup aider à la mise en abîme de votre exploration tout en renforçant une certaine irréalité qui sera très perturbante tant tout peut pourtant sembler réel. Cette sensation est également renforcée dans le gameplay du jeu. Celui-ci va vous demander de faire (plus ou moins) avec la manette les actions que vous voulez voir à l’écran.
En gros, ouvrir une porte de droite à gauche se fait en pressant R2 et en déplaçant le stick droit vers la gauche. Ouvrir un coffre de se fait en bougeant le stick de bas en haut, etc. C’est ce genre de petits détails qui montre que les développeurs du jeu le voulaient très immersif. Cette immersion passe également par la qualité graphique et sonore qui sont toutes les deux très bien rendues. Le jeu est superbe visuellement parlant et on sent bien à quel point le moteur de jeu Unity est puissant. Point de vue sonore, j’ai quand même remarqué quelques petits soucis avec une localisation du son pas toujours efficace comme lorsque l’on met dos à un feu de bois, il y a de grandes chances qu’on ne l’entende plus. C’est un détail mais dans ce genre de jeux qu’est l’horreur, tout détail a son importance.

Le simulateur d’ouverture de porte
Si pour le moment, tout le tableau (hihihi) est parfait avec un jeu qui donne vraiment des sueurs froides, il y a quelques petites choses qui sont un peu moins agréables. Par exemple, l’interactivité avec le jeu est finalement très limitée. Votre rôle de joueur est surtout de suivre le chemin tracé par les développeurs sans aucun moyen d’en sortir. Si vous n’aimez pas les jeux linéaires, vous feriez mieux de directement passer votre chemin (ce qui serait quand même dommage). Layers of Fear n’est du coup qu’une espèce de film d’horreur pseudo-interactif, un simulateur d’ouverture de portes et de tiroir. Pourtant, c’est parce que vous êtes ainsi pris par la main que vous ne pouvez rater aucun élément flippants disséminés sur votre chemin.
Mais du coup, çà relance un peu le débat sur « est-ce vraiment un jeu vidéo ? » vu que l’on n’influence pas réellement sur le déroulement du jeu. Ça et le fait que finalement on ne craint rien du tout dans le jeu, il n’y a pas danger de game over. C’est le principe du film interactif et c’est totalement assumé par le jeu donc je peux aussi laisser passer ce point. Mais bon, à partir du moment où on s’amuse … enfin, façon de parler … Disons plutôt qu’à partir du moment où l’on prend du plaisir à jouer au jeu vidéo, cela me suffit. Mais je m’égare un peu. Le seul vrai problème que je pourrais citer sur Layers of Fear serait qu’il utilise absolument toutes les ficelles des jeux et films d’horreur. Et si vous ne comprenez pas pourquoi c’est un problème, je vais éclairer votre lanterne.
Pour être simple, si on emploie toutes les ficelles des films et jeux d’horreur … hé bien on les connait déjà plus ou moins déjà toutes. Donc, vers le milieu du jeu on peut relativement sentir la suite des événements et ceux-ci deviennent un peu moins effrayants ou surprenants. On en vient même à s’impatienter en étant bloqué pendant un long moment dans une pièce, espérant trouver le petit élément qui va débloquer la situation sans s’intéresser à ce qui se passe autour. L’une des dernières pièces du jeu d’ailleurs était véritablement frustrante mais lorsqu’on réfléchit un peu sur le pourquoi de cette salle … hé bien cela parait logique. C’est en remettant toutes les pièces du puzzle en ordre que l’on trouve une explication à ces longs passages.
Dernier point, Layers of Fear peut sembler un peu court avec moins de 4h de jeu mais c’est largement suffisant. Et puis, vu qu’il propose 3 fins différentes vous serez peut-être tentés de revivre cette aventure ? Je voudrais quand même mentionner que le jeu vous embrouille constamment dans vos déplacements en faisant apparaître et disparaître constamment des portes, corridors et autres chemins en cercle. On n’arrive pas du tout à se repérer durant la progression dans cette maison qui devient vite un gigantesque labyrinthe et çà renforce encore plus l’atmosphère intimidante et malsaine du jeu.
En conclusion
Au final, je reste sur mon idée de départ car j’ai tellement eu de frissons d’angoisse que je n’avais pas ressentis depuis si longtemps que je recommanderais vivement Layers of Fear à quiconque. Ce jeu réussi à donner un vrai sentiment d’angoisse et de malaise. Pour les amateurs du genre, c’est à essayer de toute urgence et ce malgré ces soucis de linéarité.