En faisant inéluctablement partie des opus les plus controversés de la série, The Legend of Zelda : Majora’s Mask peut sans aucun doute se vanter d’être l’épisode qui divise le plus les joueurs. Il faut dire qu’après le passage d’Ocarina of Time, il était difficile de se démarquer, mais c’est pourtant un exploit qu’on peut lui attribuer. En osant chambouler les mécaniques immuables de la licence, le retour de notre aventurier à la capuche verte aura marqué son époque. Quinze ans après, il est difficile à dire si son arrivée sur Nintendo 3DS sera aussi marquante, mais il y a fort à parier que cela ne laissera pas tout le monde indifférent.
Comme dans mes souvenirs
Parfois désigné à tord comme étant une suite facile à Ocarina of Time, le concept de Majora’s Mask n’en reste pourtant pas moins très original. Là où la série propose assez souvent une histoire édulcorée, cet épisode nous plonge dans un scénario de fin du monde beaucoup plus sombre, avec la menace permanente de cette lune qui est sur le point de nous tomber dessus. Et qui ne manque pas de nous le rappeler avec son rictus moqueur, dès qu’on ose lever les yeux vers elle. Trois jours, c’est la durée qu’on aura pour résoudre ce problème, même s’il faudra vite se rendre à l’évidence que cela ne suffira pas. Heureusement, notre héros apprendra assez vite à manipuler le temps avec l’aide de son ocarina, ce qui lui permettra de gagner de précieuse minutes durant son aventure. Une manipulation qu’il faut apprendre à maîtriser et qui pour le coup, aura légèrement été amélioré par rapport au support d’origine.
La course contre le chrono pour récupérer le masque de Majora’s des mains de Skull Kid, profite sur Nintendo 3DS de quelques changements vraiment bienvenus. S’il est toujours possible de ralentir le temps avec l’aide des partitions de musique qu’on apprend au fil de notre avancé, on pourra maintenant choisir d’avancer d’un certain nombre d’heures, ce qui permettra de se rendre plus facilement à un événement. Dans ce sens le journal des Bombers, ce petit carnet dans lequel est noté le déplacement de tous les personnages secondaires, se montre à présent bien plus précis que sur Nintendo 64. Le temps étant une pression constante au dessus de nous, telle une épée de Damoclès, il est donc d’autant plus agréable de pouvoir planifier notre route selon l’endroit où se trouvent les personnages. Car bien entendu, ces derniers ne manquent pas de se déplacer durant ces 72 heures.
Plein de nouvelles choses, mais pas forcément des mauvaises
La modification majeur et évidente de The Legend of Zelda : Majora’s Mask 3D, est forcément sur le plan graphique. Il n’y a pas vraiment besoin de grand discours, pour dire que le jeu est bien plus beau que ce qu’on pouvait avoir il y a de ça quinze ans en arrière. La modélisation cubique a quasiment disparue et plein de nouveaux détails se sont greffer aux décors. Une simple ballade dans Bourg-Clocher suffira aux nostalgiques parmi vous, pour comprendre tout le travail de réalisation qui a été opéré sur cette remasterisation. L’autre remaniement et qui a son importance, en grande partie expliqué par le support portable de la 3DS, est le changement du système de sauvegarde. Il est à présent possible d’enregistrer à tout moment sa partie auprès des de statues de Hibou. Alors que sur Nintendo 64, on pouvait seulement le faire au début du cycle des trois jours ou alors, avec une sauvegarde temporaire qui obligeait de sortir du jeu. Une modification qui rend Majora’s Mask bien plus agréable, il faut l’avouer.
On comprend donc aisément que cette version 3DS conserve tous les attraits du jeu d’origine, tout en corrigeant des petites choses ci et là, afin de l’adapter au standard plus moderne. Si les fonctionnalités de la console se limitent à l’utilisation du gyroscope pour la visée, il n’en reste pas moins que d’autres changements rendent Majora’s Mask encore plus plaisant. Des détails pour la plupart, comme la banque de Bourg-Clocher qui se trouve à présent en bas du clocher central, voire les animations de transformations des masques qui peut être interrompues. Des modifications qui misent bout à bout, rendent le jeu encore plus parfait qu’il ne l’était déjà. Les utilisateurs de Circle Pad Pro ou d’une New 3DS, pourront pousser le vice jusqu’à avoir la possibilité de diriger la caméra à leur aise, grâce au stick secondaire. Pour les autres, il faudra se contenter de recentrer manuellement la caméra, mais c’est loin d’être un gros défaut.
Changement de visage
Car si la forme change légèrement, le fond reste pratiquement identique et c’est d’autant plus appréciable que Majora’s Mask n’avait à la base que très peu de défauts. Le gameplay reste inchangé et il est toujours question de recommencer éternellement les trois mêmes journées, dans une boucle temporelle qu’il faudra apprendre à utiliser pour arriver à ses fins. Si le retour à la première journée nous fait à chaque fois perdre nos objets secondaires (potions, rubis, etc), on garde tout de mêmes tout ce qui attrait aux masques. Ces fameux objets ont une place centrale au sein du jeu et guideront toute notre aventure, même si certains d’entre eux se montrent bien plus optionnels et lié à des quêtes secondaires. Les masques comme celui des Mojos, Zora ou Goron nous permettront par exemple de changer notre apparence et nos capacités, ce qui servira principalement pour résoudre des quêtes ou les énigmes des donjons.
L’autre point à noter est l’interface et la gestion de l’inventaire qui a entièrement été revue. La carte est à présent affichée sur l’écran tactile de la machine et n’encombre plus l’écran principal. Tandis que l’horloge a légèrement été modifié afin d’être plus compréhensible, mais surtout plus précise dans son affichage des heures. Comme dans Ocarina of Time il sera possible de mettre des raccourcies tactiles sur l’écran, avec ainsi un accès plus rapide aux objets importants. Ce qui facilite bien plus l’accès aux masques, qui demandait sur Nintendo 64 de parfois faire d’incessants allers-retours dans les menus. Il est maintenant possible de ranger notre inventaire, et donc les masques en notre possession, comme bon nous semble, ce qui est un ajout plutôt chouette et bien pensé.
Proche de la perfection
Bien loin de vouloir uniquement profiter de l’engouement des joueurs pour Majora’s Mask, on sent nettement que l’éditeur à voulu offrir une seconde jeunesse à cet épisode un peu mal-aimé. Quelques changements issus de cette envie de rajeunissement risquent néanmoins de faire grincer des dents les fans les plus fidèles, comme l’incorporation de la pierre Sheika. Cette petite stèle qui nous livrera des informations ou des aides sur notre quête en cours, comme en nous indiquant visuellement ou trouver certains objets. Heureusement, son utilisation est loin d’être mise en avant et devient vite facultative, au point d’en faire l’impasse si on le souhaite. Il s’agit simplement d’une envie de rendre l’aventure accessible à tous les joueurs. Une méthode devenue habituelle dans les jeux Nintendo et qui est loin de dénaturée l’œuvre d’origine. Un sentiment de fidélité à la monture Nintendo 64 se fait ressentir tout le long de notre aventure, au point qu’on oublierait presqu’il s’agit d’un jeu qui est sortie il y a maintenant plus de quinze ans.
En conclusion
Les sensations proposées par The Legend of Zelda : Majora’s Mask sont assez uniques dans la série. Il faut dire que son approche d’un univers relativement sombre et son gameplay basé sur des interactions temporelle à de quoi déconcerter durant les premières parties. Encore plus lorsqu’on est un habitué de la licence et d’un Hyrule bien plus bucolique. Pourtant, Majora’s Mask n’en reste pas moins un des volets les plus abouti de la série. Alors quand cette nouvelle monture 3DS se prend le luxe de corriger les petits désagréments du jeu, souvent engendré par les limitations techniques de l’époque. Autant dire qu’on se retrouve avec une œuvre presque parfaite. Ce serait un sacrilège de passer à coté de cette version, qui même quinze ans après sa première sortie, reste une petite merveille.