En se spécialisant sur les jeux de la licence LEGO, le studio TT Games est tombé sur une vraie poule aux œufs d’or. Mais il s’agissait jusqu’à présent uniquement d’adaptation d’univers existants, avec toutes les contraintes de développement qu’on peut évidemment s’imaginer. Dans ces conditions et au fil des épisodes, il était donc difficile d’apporter de gros changements à la formule et cela commençait à se ressentir. Avec LEGO City Undercover, ces désagréments semblent naturellement avoir été mis de coté et c’est pourquoi on y place de gros espoir. Fallait-il attendre une nouvelle console, pour qu’un jeu LEGO arrive enfin à nous surprendre ? La réponse se trouve dans ce test.
Du casse brique
Jusqu’à présent ou presque, la sortie d’un jeu estampillé LEGO était toujours là pour soutenir la sortie d’une licence, souvent un long-métrage. Mais avec LEGO City Undercover, on pourrait presque dire qu’il s’agit d’un retour à la source, car on plonge directement dans une des nombreuses gammes existantes et qui ne sont pas affiliées à une franchise. Il n’en fallait donc pas plus pour que naisse en nous l’envie de voir apparaitre un peu de sang neuf, dans une série qui commençait un peu à s’enraciner dans ses mécaniques. Avec cette nouvelle aventure, on se focalise sur le personnage de Chase McCain, un flic comme on en fait plus et qui revient à LEGO City après plusieurs années d’exil. C’est l’occasion de voir que le jeu fait directement référence à de nombreuses séries policières des années 80, tout en se permettant d’en reprendre les codes. Il n’est donc pas rare pendant les cinématiques de voir des gros plans sur les personnages, des répliques claquantes ou encore des ralentis pendant les scènes d’actions. Un jeu qui ne se prend donc pas du tout au sérieux et qui frôle assez souvent l’autodérision, se permettant même quelques blagues graveleuses au passage.
Mais Chase n’est pas revenu pour se la couler douce, loin de là. Il refait surface au même moment où Rex Fury s’échappe de prison, un malfrat qu’il avait appréhendé juste avant de prendre sa retraite anticipée. Comme le destin fait bien les choses, ce sera donc à nous qu’il incombe de remettre la main sur l’individu. Bien entendu, LEGO City est loin d’être une petite ville et il va falloir faire preuve de ténacité pour s’infiltrer dans le crime organisé, cela afin de trouver une piste exploitable pour arriver à retrouver Rex. C’est à ce moment là qu’on se rend à l’évidence que le scénario n’est peut-être pas le point fort du jeu, mais le prétexte est tout trouvé pour se jeter dans l’aventure. La mise est scène est d’ailleurs conforté par de nombreuses cinématiques entièrement doublées en français. Une norme qui s’est installée avec Lego Batman 2 : DC Super Heroes, qui malgré quelques réticences à l’époque, s’est finalement imposée et qui contribue sans vergogne à l’humour du titre. La référence ne s’arrête pas là, car LEGO City Undercover hérite de son grand frère, un monde complètement ouvert et qui sera notre terrain de jeu pendant la douzaine d’heures que va durer la campagne principale.
Exploration urbaine
Il est difficile de ne pas voir l’influence d’un certain GTA, notamment lorsqu’on sillonne les rues de LEGO City entre deux missions. La comparaison s’arrête pourtant là, car malgré une certaine maturité émanent du jeu, les thèmes et les mécaniques abordées sont d’une grande légèreté. Il suffit de voir Chase sauter d’un véhicule à l’autre sur la simple pression d’une touche pour s’en rendre compte. Sur ce point là, TT Games s’en est donné à cœur joie, car ce n’est pas loin d’une centaine de véhicules qui sont à notre disposition. Chacun ayant sa propre physique de déplacement, et LEGO oblige, elles sont entièrement destructibles. Ce qui oblige le joueur à en changer fréquemment, en utilisant par exemple les bornes prévues à cette effet et qu’il va falloir construire à travers toute la ville. Pour les plus flemmards, il reste toujours la possibilité d’utiliser le train ou le métro. Car LEGO City est une ville immense, très animée, et il va falloir prendre votre temps pour explorer la vingtaine de zones différentes. Les lieux sont d’ailleurs inspirés de plusieurs villes américaines ou européennes. (New York, San Francisco, Venise, etc.) Une belle diversité qui octroie à LEGO City une certaine identité et qui permet de facilement différencier les secteurs qu’on traverse. L’envers de la médaille se situe par contre sur les temps de chargement, qui même s’ils ne sont pas très nombreux, se prennent parfois le luxe de durée jusqu’à une minute. De quoi casser un le rythme de notre avancé, surtout que les développeurs ont eu la saugrenue envie de nous faire patienter avec une barre de chargement sur l’écran de la manette.
Mais si les courses poursuites font indéniablement partie des missions auxquelles on sera confronter, LEGO City Undercover à bien plus à vous offrir. La double vie de Chase en tant que policier infiltré, l’obligera à sauver la veuve et l’orphelin, mais aussi et surtout à orchestrer divers larcins pour se faire une belle place parmi ses nouveaux amis mafieux. L’opportunité de rentrer dans des niveaux en intérieur et donc beaucoup plus classique. TT Games n’a en effet pas abandonné les mécaniques qui ont fait le succès de leur série. Il est toujours nécessaire de détruire les objets de son environnement, pour les reconstruire dans une nouvelle forme et ainsi résoudre des énigmes qui nous barrent le chemin. Pour cette épisode, la difficulté de ces derniers à nettement été revu à la baisse et il suffit souvent de suivre l’aide à l’écran pour s’en sortir. La nouveauté vient en faite de l’apparition des super-constructions, avec des zones dédiées sur lesquelles on nous demande de construire des bâtiments ou des véhicules qui nous aideront dans la mission. Pour débloquer ces constructions, il va falloir réunir assez de briques LEGO, en détruisant des objets par exemple, mais surtout en dénichant des blocs spéciaux qui auront une valeur plus importante.
La série nous avait habitué à ramasser des pièces de monnaie pour acheter divers contenu, comme des figurines, mais à celle-ci se rajoute donc l’élément de récolter des briques en plastiques. Une trouvaille intéressante et qui finalement colle parfaitement au concept, à se demander pourquoi cela n’a pas été implanté plus tôt. L’expérimentation dans les précédents volets aura fortement contribué à LEGO City Undercover, pour aboutir sur quelque chose de vraiment solide. C’est pourquoi on retrouve un système de costumes qui s’agrémentera au fil de la progression et que Chase pourra revêtir très facilement. Lui servant à débloquer des capacités qui l’aideront dans diverses situations. Les énigmes en premier lieu, mais surtout à explorer plus amplement la ville et tous les recoins auquel on ne pouvait pas accéder jusque là. Un procédé classique, mais les déguisements comme le voleur, le mineur, l’astronaute ou encore le fermier, apportent un petit plus non négligeable. Leurs capacités sont très différentes de ce qu’on avait habituellement dans la série et il suffit de voir le fermier planer sur les toits de la ville, avec l’aide d’une poule, pour s’en rendre compte. L’arrivé d’un nouveau costume ne veut pas forcément dire qu’on aura accès à toutes ses capacités et celles-ci évoluent dans le temps, en se débloquant au fur et à mesure. Ce qui permet d’avoir une bonne évolution du personnage, tout en allant de surprise en surprise, avec des compétences parfois très farfelues.
Prend la place de ton héros
Comme d’habitude, la construction du jeu est effectuée de manière à ce que le joueur puisse y revenir pour explorer plus abondamment les niveaux. Mais si Chase évolue, il en va de même pour le Gamepad, qui sert ici d’outil à part entière. Bien qu’on se cantonne au début à un simple affichage de la carte, un peu à la manière d’un GPS pour trouver le chemin vers sa destination. Ses fonctionnalités se déverrouillent assez vite et à notre grand étonnement, sa place devient rapidement très importante. Outre les protagonistes qui s’en servent régulièrement pour prendre contact avec nous, au travers de délicieux dialogues humoristiques. Il nous assistera également dans la chasse aux malfrats, en nous permettant de scanner la ville à la recherche de preuves visuelles ou audio. Le joueur devra alors littéralement lever la manette, pour entrer dans un genre de mode fil et fer et arpenter les alentours pour dénicher des indices, voir pour écouter des conversations avec l’aide de l’écran tactile. Une idée très simple, mais qui place d’une certaine manière le joueur dans la peau de son personnage et qui contribue à la superbe ambiance du jeu. Au fil des missions, LEGO City Undercover s’enrichie à chaque fois un peu plus, avec des mécaniques rigolotes et bien mise en avant. Ce qui débouche la plupart du temps sur des nouveaux défis secondaire, qu’on pourra remplir pour terminer le jeu à 100%. Car avec pas loin de 450 briques dorés à trouver, pas besoin de vous dire que vous allez y passer un sacré paquet d’heures. Les courses contre la montre, la chasse au voleur de voiture, les parcours d’acrobaties et bien plus encore, ce ne sont là qu’une des fractions de choses qu’on peut être amené à faire dans LEGO City.
Le contenu est d’une grande générosité et si cela ne suffit pas, le jeu regorge d’une multitude de clin d’œil à l’univers de Nintendo. La pose de victoire de nos héros fait d’ailleurs directement référence à un certain plombier moustachu. Mais les observateurs y trouveront bien plus que ça, avec des petits secrets cachés un peu partout et qu’on vous laisse le plaisir de découvrir par vous-même. L’ambiance est donc un facteur important et TT Games a mis tout son talent à l’œuvre pour que cela soit une franche réussite. Les moments épiques et frénétiques s’enchainent avec des phases un peu plus calmes et le scénario, même s’il ne brille pas par son originalité, arrive à nous surprendre par sa pointe de folie. Les jeunes joueurs seront tenus par la main et pourront se laisser divaguer dans les méandres de la ville, tandis que les plus confirmés y trouveront une multitude de choses à faire. Un équilibre presque parfait qui fait de LEGO City Undercover, le jeu le plus abouti de la série.
En conclusion
Sans surprise, la prise en main est quasi immédiate et on retrouve avec plaisir tout ce qui a fait le succès des jeux LEGO. Mais alors qu’on pensait que TT Games avait atteint les limites de son concept, il faut reconnaitre que LEGO City Undercover arrive encore à nous surprendre. Les plus médisants s’arrêteront sur l’absence d’un mode coopération, un manque regrettable mais qui se clarifie par la très bonne utilisation des fonctionnalités du Gamepad de la Wii U. Comment ne pas être séduit par une jouabilité qui arrive à se renouveler grâce à de petites idées bien trouvés, tout en confortant le joueur avec des mécaniques qu’il connaissait déjà. Un monde ouvert à explorer et des niveaux très bien conçu font de cet épisode une réussite complète. Un essai concluant, qui on l’espère ouvrira la voie pour une nouvelle saga dans la longue lignée des jeux LEGO.