Grâce à des studios comme Daedalic, le point & click retrouve une seconde jeunesse. Notamment par des productions, certes perfectibles, mais tout de même très agréables à parcourir. Comme ce fut le cas avec Les Chaînes de Satinav. C’est pourquoi on attendait avec impatience sa suite potentielle, en espérant qu’on y retrouve toujours le même plaisir.
Le goût du passé
Comment débuter Memoria sans jeter un œil au scénario établi par Les Chaînes de Satinav. Il serait bien difficile de revenir en détail sur un univers aussi riche, mais pour ceux qui prendraient la série en cours de route, il suffit de savoir qu’on se retrouve juste après la fin de l’épisode précédent. On découvre Geron l’oiseleur, qui a pris un peu de plomb dans l’aile et qui essaye tant bien que mal de trouver une méthode pour redonner une forme humaine à Nuri. Après plusieurs tentatives infructueuses, il essayera sa chance avec l’énigmatique Fahi. Ce dernier lui promet de l’aider, en échange d’un tout petit service, celui de résoudre une très vieille énigme. C’est là que le joueur se voit transposer dans un récit, 400 ans en arrière, dans la peau d’une princesse qui se prénomme Sadja. Accompagnée par une bande d’acolytes, elle se trouve sur le point d’ouvrir les portes d’une tombe ancestrale qui leur permettra de mettre la main sur un précieux artefact : le masque de Malakkar. Un objet qui doit l’aider dans la lute contre les hordes de démons qui menacent sa cité. C’est au milieu de ce contexte qu’on se retrouve, se promenant entre deux époques. Dirigeant périodiquement Geron ou Sadja, selon le rythme de l’histoire de l’un ou l’autre, qui finira immanquablement par trouver un dénouement.
Ce qui séduit de prime abord dans Memoria, c’est tout naturellement sa direction artistique qui semble bien loin de ce qui avait été instauré dans les débuts de la série. Bien plus coloré, les environnements ont subit un souci du détail qui fait plaisir à voir. Un constat qui s’applique également aux différents personnages qu’on sera amené à croiser, même si l’on pourra leur reprocher une certaine rigidité, notamment pendant les scènes de dialogues. Les expressions des protagonistes semblent avoir été maladroitement accentuées. Peut-être dans le but de leur donner un peu plus de vie et approfondir leur personnalité, mais cela aura parfois l’effet inverse. En contrepartie, cela aura le mérite d’être bénéfique à l’histoire du jeu, puisque cela donne une ambiance irréelle à certaines scènes. Digne d’un conte de fée. On ne pourra pas en dire autant des doublages, peine parfois à convaincre. L’impression d’avoir une voix-off se fait parfois ressentir. L’absence de doublage ou de sous-titres en français sur Steam, risque également de faire grincer des dents pas mal de joueurs. Mais cela semble devenir une habitude pour les productions du Studio Daedalic.
La logique du fou
Un bon Point & Click ne serait rien sans son lot d’énigmes, véritable frein à la progression dans l’aventure, mais qui gratifie toujours le joueur par un certain bien être lorsqu’il réussit à les résoudre. Memoria ne fait pas exception à cette règle et intègre des puzzles résolument bien pensé dans l’ensemble. Pas de quoi s’arracher les cheveux et la solution est assez souvent plus qu’évidente. Du moins la plupart du temps, car il arrivera à quelques reprises d’être bloqué, au point de trifouiller un peu dans tous les sens et essayer divers combinaisons d’objets. Pour au final aboutir sur un résultat dont-on ne comprend pas forcément la logique mais qui aura réussi à débloquer la situation. Heureusement, nos héros possèdent des pouvoirs utilitaires qui seront également mis à contribution pendant la résolution des énigmes. Géron peut par exemple réparer ou détruire un objet, tandis que Sadja peut contrôler les éléments magiques ou pétrifier des petits animaux. Des capacités complémentaires aux objets qu’on accumulera dans notre besace et qui nous tireront souvent d’un mauvais pas. Pour énumérer un point négatif du jeu, on pourra montrer du doigt la gestion de l’inventaire. Il faudra diriger notre pointeur de souris vers le bas de l’écran pour y accéder, ce qui devient vite fastidieux pendant les déplacements du personnage, car on passe notre temps à ouvrir notre inventaire sans le vouloir.
Sans être totalement irréprochable, notamment sur le plan technique qui accuse quelques soucis lorsqu’on oublie de désactiver la compression des textures dans les options, Memoria arrive tout de même à s’en sortir avec les honneurs. Il ne faut pas se leurrer, bien en étant un Point & Click assez classique, c’est surtout son histoire prenante qui arrivera à nous coller à notre écran pendant les six heures que requière l’aventure. Le périple de Geron manquera peut-être un peu de saveur pour certains joueurs, mais à n’en pas douter qu’ils seront happé par celui de Sadja, tandis qu’on l’accompagne pour découvrir son passé. Le rapprochement entre leurs deux destins se fait presque naturellement et on se retrouve guidé malgré nous par ses personnages. On pourra regretter que tous les seconds rôles du jeu n’est pas subit cette attention, puisque certains d’entre eux sont à la limite du caricaturales. Rien de bien dramatique, mais qui entache un peu l’expérience ressentie en traversant le jeu.
En conclusion
Il est toujours difficile de juger de l’excellence d’un jeu, notamment quand il s’agit d’un genre aussi sélectif que le Point & Click. Sur le plan de la réalisation, Memoria n’a pas grand-chose à se reprocher, puisque l’histoire qui se dépeint lentement devant nos yeux, à de quoi émerveiller même le plus récalcitrant des joueurs. C’est plutôt sur ces petits égarements de gameplay qu’on va critiquer le jeu, notamment sur la gestion de son inventaire. Pour le reste, on est sur une réalisation plus que correcte et qui arrive à nous immerger dans l’aventure. Dommage que tous les aspects de Memoria n’est pas mérité un peu plus d’attention de la part de Daedalic. On pense notamment à la résolution de quelques énigmes parfois incompréhensibles, mais surtout à l’absence de doublages ou de sous-titres français.