Si vous avez raté Pacific Rim au cinéma, sachez que ce film contient tout ce que les bons geeks, fans de SF, de mangas et de comics peuvent aimer : des monstres gigantesques se font botter les fesses par des robots géants dans un déluge d’effets spéciaux. Pas d’histoire compliquée, de bla-bla, pas de romance (enfin, pas vraiment), rien que de la testostérone, des volontés de fer et de l’action. Alors oui, le film est bourré d’incohérences mais on s’en moque. On éteint juste son cerveau et on passe un très bon moment devant ce chouette film d‘action. Mais avec un plot tellement proche d’un jeu de combat comme King Of The Monsters sur Neo-Geo, il était évident qu’un jeu utiliserait cette licence tôt ou tard. Et le voilà, Pacific Rim : The Video Game qui sort directement sur le XBOX Live … étrange. Ce n’est pas si courant que les jeux tirés de films sortent uniquement en dématérialisé. J’avoue que cette nouvelle m’a laissé un peu pantois en me préparant mentalement à affronter un jeu pas trop réussi. Jaeger à base, le pont neuronal est branché. Allons montrer aux Kaijus qui est le patron!
« Pour vaincre les monstres, nous avons créé des monstres »
Donc, comme on pouvait aisément s’y attendre, Pacific Rim : The Video Game est un jeu de combat mettant en scène des Jaegers et des Kaijus. Mais attention, ce n’est pas parce que le jeu est tiré du film que vous l’aimerez automatiquement. En effet, il y a pas mal de points qui vont très vite vous saouler, malheureusement, et ce dès le début. Il faut comprendre que la première chose que l’on doit faire (on n’a pas vraiment le choix non plus) est de passer par un combat servant de tutoriel. Ce combat vous replonge dans le premier combat du film mettant ainsi en scène le héros dans son Jaeger : Gipsy Danger face au Kaiju Knifehead. Mais si dans le film ce passage donne le ton et met aussi un aspect dramatique avec la mort du second pilote, il n’en est rien ici. Le jeu se déroule dans une arène fermée dans laquelle vous évoluez à 360 degrés et vous vous battez en utilisant la logique du film : un pilote gère le bras gauche, l’autre le bras droit, le reste des mouvements étant gérés en coopération. Au niveau du jeu, cela veut dire qu’il y a une touche pour frapper avec le poing gauche (X) et une avec le poing droit (Y) sachant qu’un appui long donne un coup plus fort. Il y a aussi une touche pour l’attaque spéciale (A), une pour bloquer (B), une touche pour courir (LT), une pour l’attaque à distance(RT), suivant le combattant il y a une touche pour changer le mode de combat (RB – avec ou sans armes de corps à corps) et enfin la touche lançant le super de votre personnage (LB). Vous voyez déjà le problème dans cette configuration ? Non ? Le problème est que les possibilités de combats sont extrêmement figées, pas de manipulations pour des attaques spéciales, et ainsi pas non plus de possibilité de combos. En gros, on se retrouve comme ce jouet avec deux combattants en plastique qui ne peuvent que donner des coups de poing. Si, on peut se déplacer dans l’arène pour éviter les coups mais là aussi, on voit vite les limites de ce système. Comme vos combattants sont assez lents et même très lents pour certains, arriver au contact peut s’avérer un vrai parcours du combattant car un adversaire ayant la possibilité de voler par exemple sera intouchable, surtout s’il peut effectuer des attaques à longue distance. Aussi, l’angle de la caméra pose souvent problème si vous êtes en arrière plan avec l’ennemi entre vous et la caméra. Dès lors, vous ne savez plus du tout ce qui se passe et ce genre de soucis ne devrait plus arriver de nos jours.
Goldorak a l’air bien fatigué
Je l’ai dit, les personnages sont assez lents, ce qui sous-entend que les combats sont très mous et peu palpitants. Même pour effectuer des actions, il y a souvent un sacré temps de latence entre l’action demandée et la réalisation à l’écran, et je parle en seconde(s) suivant les situations car un mouvement entamé ne peut être annulé en cours de route. Heureusement, le design des combattants est assez bon, reprenant les plus importants titans du film : Gipsy Danger, Cherno Alpha et Crimson Typhoon pour l’humanité et Knifehead (au début du film), Leatherback (l’espèce de gorille géant), Otachi (celui qui vole) et Slattern (le dernier apparu) pour le Kaijus. C’est donc avec ces 7 personnages uniquement qu’il vous faudra jouer. Enfin, uniquement … pas vraiment car 2 Jaegers (dont Striker Eureka) et 3 Kaijus sont disponibles via des DLC payants. Dans tous les cas, on pourra enfin voir comment peuvent réellement se débrouiller des Jaegers comme Cherno qui a tout du badass de compète mais qui n’a pas pu réellement donner de la voix dans le film. Justement, à propos du film, les lieux de combat sont assez limités : l’océan, le bord de mer et la ville. Et bien dans le jeu c’est pareil, vous ne combattrez que dans ces trois environnement assez petits et surtout très vides. Les décors sont quasi inexistants hormis la possibilité d’envoyer l’ennemi dans une falaise qui traine ou sur un bateau qui délimite l’aire de combat. Je suis désolé mais je peux comprendre que le jeu veuille se faire un pendant du film. Mais le long-métrage ne propose pas assez de contenu au départ pour pouvoir en faire une adaptation vidéoludique. Il faut broder un peu autour en ajoutant des environnements,des situations, ainsi que des monstres et robots car c’est beaucoup trop léger. Le seul vrai ajout est la possibilité de choisir des bonus en début de combat.
Une licence pas assez exploitée
Aussi, un des points intéressants du film est l’utilisation de deux pilotes pour les Jaegers mais dans le jeu, cette notion est assez mal exploitée. En fait, si un Jaeger prends des dégâts, les pilotes vont perdre de la vie jusqu’à mourir et le Jaeger perdra le combat, même si les dégâts sont des coups dans les jambes par exemple. Non, ce n’est pas logique et même si on parle d’un film bourré d’incohérences, une certaine logique se doit d’être de rigueur. Et puis, le fait de voir les robots abimés, perdre un bras ou avec une jambe ou la tête détruite a totalement été oublié dans ce jeu. On perd énormément du plaisir si l’on veut se référer au film. Même les Kaijus du film perdent des membres et là, rien. Pour eux par contre, c’est un peu différent des Jaegger puisqu’ils ont une simple barre de vie. Mais lorsqu’ils frappent un Jaeger un peu fort, ils sont capables quasi à chaque fois de l’étourdir temporairement, ce qui a eu le don de m’énerver. Concernant le système de combat, chaque combattant a une barre de puissance qui se charge en continu et diminue à chaque coup, normal ou spécial. Avoir sa barre bien remplie est une condition sine qua non de victoire sous peine de se faire démonter en beauté par un ennemi, en un seul coup parfois. Je ne comprends pas du tout l’utilité de ce système qui n’existe même pas dans le film. Allez, une dernière chose qui m’a passablement déçu est l’environnement sonore du jeu qui est tout sauf suffisant. On a quelques thèmes musicaux du film, les bruits des Jaegers et les rugissements des Kaijus mais hormis les quelques bruitages de combat, c’est tout. Aucune voix, pas de pilotes, rien. On n’a même pas de narrateur pas dans la séquence d’introduction, qui se paie le luxe d’être résumée en quelques plans fixes sous-titrés et tirés des débuts du film. Pour un jeu à licence, l’intro en vidéo du film aurait du être le minimum légal. Je dirais que l’ambiance sonore est aussi vide que les arènes de combat.
Pour revenir sur les possibilités du jeu, on a un mode mission normal ou survie qui ne sont qu’une suite de combats sans fil conducteur, ni réel intérêt. Le plus étonnant est que dans les missions standards il faut souvent que des Jaegers ou des Kaijus s’affrontent entre eux. S’il y avait une raison liée à une histoire correcte, j’aurais compris (conflit géo-politique, …) mais non, ce ne sont que des combats vides de sens. Ces modes ne servent finalement qu’à vous entraîner un peu , pour vous adonner ensuite au multi. J’ai essayé le multijoueur local et j’ai vite abandonné car comme le jeu solo, il est ennuyant et fade. Alors, quoi d’autre ? On peut acheter des composants pour customiser son robot et, suivant le composant, on a des caractéristiques et des statistique de frappe ou de défense différentes. De plus, chacun des composants peut se décliner en plusieurs versions, c’est à dire qu’il y a plusieurs niveaux pour le même composant qui permettent d’avoir d’encore meilleures caractéristiques. Enfin, on peut dépenser des points d’XP pour augmenter manuellement certaines caractéristiques d’un composant, indépendamment du niveau de celui-ci. C’est au joueur de choisir s’il est plus intéressant (ou moins cher) d’augmenter les caractéristiques d’un composant ou d’en acheter un de niveau supérieur.
En conclusion
Voilà, je ne sais pas quoi dire d’autre. Pacific Rim : The Video Game est un jeu décevant, mou, offrant trop peu de possibilités, ainsi qu’un casting bien trop restreint qui ne pourra plaire qu’aux fans absolus du film. C’est un petit clone de King Of The Monsters en HD, mais le fun en moins.