Paper Mario a toujours été une série très spéciale dans le petit monde de Nintendo. Avec son humour très particulier et ses mécaniques inspirées du RPG, il n’en fallait pas plus pour se créer une bonne base de fans. Depuis la Nintendo 64, en passant par l’excellent épisode Game Cube, la série à subit quelques bassesses ces dernières années, c’est pourquoi ce Paper Mario Color Splash n’était pas forcément le jeu le plus attendu. Mais comme d’habitude, cela ne doit pas nous empêcher d’avoir au final une belle surprise.
La couleur du papier
Port-Barbouille et ses environs ont été envahit par des troupes de Maskass qui ont profité de la situation pour aspirer toutes les couleurs qu’ils pouvaient. Évidemment cela aura un effet sur le paysage et ses habitants, qui pour le coup se retrouvent complètement inertes et sans couleurs. C’est à ce moment que Mario et Peach arrivent au port par bateau et qu’ils découvrent très rapidement que quelque chose ne tourne pas rond dans le coin. Sans que cela soit surprenant, la princesse va assez vite se faire enlever par un certain lézard géant et ce sera bien entendu à notre plombier de prendre le rôle du sauveur, en essayant par la même occasion de repeindre tout ce qui doit l’être. Donc comme bien souvent, le scénario de ce Paper Mario Color Splash ne se prend pas une seule seconde au sérieux.
Évidemment cela se développera par la suite, avec un fond qui prendra un peu plus de consistance sur la longueur de l’aventure. Mais malgré tout il faut être réaliste et admettre que Color Splash aura bien du mal à nous convaincre, du moins en ce qui concerne son scénario. Certes, les Paper Mario n’ont jamais été réputé pour ça, mais les situations burlesques et remplis d’humour potache arrivaient forcément à remplir ce manque. Ici c’est un peu moins le cas et on va surtout enchaîner des scènes drôles et cocasses, mais sans que cela soit vraiment marquant. La plupart des blagounettes feront mouches et on ressort de chacune de nos parties avec un sourire sur les lèvres, mais c’est souvent trop convenu et assez loin de l’autodérision auquel nous avait habitué la série.
Fort heureusement, Paper Mario Color Splash est soutenu par une excellente traduction française, qui vient appuyer de succulents dialogues qui ne manquent jamais d’avoir le mot pour rire. Mais ce qui se démarque vraiment, c’est la direction artistique tout en papier et en carton qui profite indéniablement de ce passage en HD de la série. On ne va pas parler de décors plus vivants mais presque, avec des animations bien plus naturelles. Il suffit de voir les Toads ou les brins d’herbes se plier ou encore l’environnement vibrer sous l’impact de notre marteau, pour voir qu’un gros travail a été opéré sur la réalisation technique du jeu. Les placements de la caméra se font toujours de manière optimale et nous donne un bel effet de profondeur sur le diorama qui s’ouvre à chaque fois devant nos yeux.

Face de Poker
Après Paper Mario : Stickers Star qui instaurait un système de combat avec des autocollants, avec Color Splash on revient sur quelque chose d’un peu plus commun : des cartes. Cela sort toujours un peu de l’ordinaire pour un Paper Mario, mais la collecte des cartes est bien moins fastidieuse que pouvait l’être celle des stickers dans le volet précédent. On y retrouve toujours des vrais objets de la vie courante et qui serviront d’attaques spéciales, après avoir été transformés en cartes, mais la plupart des autres cartes seront des objets issus de l’univers de Paper Mario. De la botte simple en passant par divers sortes de marteau, voire des objets plus exotiques comme des ennemis convertis à se battre pour nous, le choix est tout de même assez vaste.
Notre Deck de cartes servira donc durant les combats, qui dans l’ensemble vont se dérouler de la même manière que tous les Paper Mario. En entrant en contact avec un ennemi on se voit alors propulser dans une phase d’affrontement. Avoir un bon timing est toujours primordial, en appuyant sur le bouton quand on touche l’ennemi après un saut ou en prenant de l’élan avec notre marteau. Chaque action sera donc déterminée en fonction de la carte qu’on aura préalablement choisi et elle sera à usage unique. Il va donc constamment falloir renouveler notre Deck de cartes, en les achetant à la boutique ou alors, en fouillant les environnements à leur recherche. Autant dire qu’il est bien difficile de se retrouver à cours de cartes, tellement on en trouve sur notre chemin et dans le pire des cas on peut utiliser durant un tour de combat, contre dix pièces d’or, une roulette aléatoire qui va nous donner une carte au hasard.
Si le procédé est efficace il est en revanche entaché par un problème de taille, dans la mesure où chacune de nos actions vont prendre plusieurs secondes avant de pouvoir être exécutées. La raison, c’est qu’on doit passer par l’écran tactile pour faire défiler notre Deck, choisir la bonne carte, ensuite valider notre choix, pour ensuite appliquer au besoin de la couleur à la carte pour qu’elle fasse plus de dégâts. Ensuite, il faudra encore valider notre choix en lançant la carte et seulement à ce moment là, on entre dans la phase d’action en retournant sur l’écran de télévision. C’est laborieux et quand il faut parfois enchaîner plusieurs combats de suite en l’espace de quelques minutes, autant dire qu’on s’en lasse rapidement. Heureusement, la découverte des grosses étoiles de peinture dans les niveaux rendra Mario plus puissant et il sera alors possible de tuer les ennemis de base en leur sautant dessus, sans entrer dans une phase de combat.

On emprunte ci et là
Pour ce qui est de notre avancé dans Paper Mario : Color Splash il n’y aura pas de grandes surprises, hormis que le jeu est fractionné en niveaux qu’on va atteindre par le biais d’une carte. Chaque niveau possède une ou deux étoiles à trouver et qui a chaque fois débloquera un passage vers un autre stage. Le plus ridicule étant de voir que parfois, on débloque un chemin vers un niveau déjà existant, en plus de savoir que ces derniers peuvent parfois être très courts. Le jeu va fréquemment nous faire revenir dans des lieux déjà visités, avec des chemins qui se débloquent en fonction des objets qu’on aura acquis ou des personnages qu’on aura secouru et aidé. Rien de dramatique car notre progression se fait avec aisance et les quelques énigmes qu’on va rencontrer ne sont pas très retord, même si l’on note une légère tendance à tout le temps utiliser les mêmes mécaniques.
Il est par exemple à plusieurs reprises nécessaire d’entrer en mode découpage, en appuyant simplement sur Y, afin de se servir de l’écran tactile pour délimiter une partie du décor. Cela nous servira à découper et créer des plates-formes dans des endroits qui n’en possédaient pas. C’est amusant au début, mais son utilisation devient vite routinière et cela perd vite de son intérêt. C’est le même constat avec les arènes de Pierre-Feuille-Ciseaux dans lesquelles on peut gagner pas mal d’argent et des cartes, mais qui sont d’une grande redondance. Chaque fois qu’on rate un combat, on recommence au tout début du tournoi, sachant qu’on peut seulement y revenir après avoir trouver une étoile, et il faut se farcir des dialogues qu’on avait déjà vu.
Ces petits égarement sont d’autant plus dommage que tous les éléments nécessaire à faire un bon Paper Mario sont clairement là. L’humour, à défaut d’être hilarant, est omniprésent et on prend vraiment du plaisir à avancer dans l’histoire. Il y a plein de petites choses à faire et le contenu a de quoi nous satisfaire pendant une bonne trentaine d’heures, notamment s’il nous prend l’envie de collectionner tout ce qui peut l’être ou encore, de repeindre entièrement tous les niveaux. Paper Mario Color Splash ne sera peut-être pas le digne successeur de l’épisode Game Cube, mais il n’en reste pas moins très agréable et on y revient le temps d’une nouvelle partie, sans avoir besoin de trainer les pieds.
En conclusion
Avec Paper Mario : Color Splash on est résolument dans un cadre remplis d’humour et une aventure bien rythmée, qui nous donne continuellement envie de voir la suite. Mais plusieurs soucis se dévoilent au fil des parties, notamment avec un système de combat qui n’est pas totalement abouti et qui devient vite lourd dans son utilisation. Pour le reste il s’agit surtout d’idées pas très bien pensées ou mal intégrées, mais qui finissent surtout par rendre notre expérience légèrement indigeste sur un trop long temps de jeu. Heureusement, cela est rattrapé par une direction artistique vraiment chouette, ainsi que des situations très drôles et une aventure au rythme bien maitrisé. On aurait peut-être apprécié que la difficulté soit un peu plus au rendez-vous et que les énigmes soient un peu plus variées, mais à défaut d’être mémorable cela reste un jeu sympathique à faire au moins une fois.