Le jeu Portal aura eu une énorme influence sur la façon même d’appréhender les jeux de puzzle. Dès lors, tout jeu en vue à la première personne proposant un tel challenge va vite être victime de la comparaison avec le maître du genre. Q.U.B.E. va tenter de mettre un peu de sang neuf dans cette formule bien délicate mais sera-ce suffisant?
Ca me rappelle un film éponyme où tout le monde meurt
Comme d’habitude, on démarre ce genre de jeu dans le brouillard. Notre personnage se réveille dans un environnement composé exclusivement de cubes mais sans aucuns souvenirs. Une voix en provenance d’une station spatiale toute proche vous explique que vous vous trouvez dans l’espace, dans une espèce d’énorme vaisseau spatial en perdition, et que celui-ci met en danger la planète entière. Il vous faut explorer le vaisseau de salle en salle pour trouver un moyen de l’arrêter. Entre temps, une autre voix se fait entendre, celle d’un autre astronaute probablement piégé depuis des années qui vous incite à la méfiance. De toute façon, vous aurez fort à faire pour comprendre et résoudre les énigmes disséminées dans l’enceinte du vaisseau spatial. Si celles-ci ne sont en aucun cas létales, elles mettront votre intellect à rude épreuve. Heureusement, vous avez à votre disposition deux gants capable d’interagir avec certains blocs colorés qui ont chacun une utilité et une façon de réagir. Et dans ces environnements propices à la claustrophobie, ce petit coup de main (littéralement) vous sera fort nécessaire.
Q.U.B.E. est assurément construit dans le même moule que Portal dans sa construction tout en étant nettement moins impactant dans sa narration. L’aspect marquant est la construction de chaque salle complètement composée de cubes. Ces cubes renforcent la sensation d’égarement car finalement chaque salle ressemble aux autres, chaque couloirs semble n’être que l’extension du reste. J’ai même eu l’impression que les salles et les couloirs étaient un peu organiques lorsque les cubes se mettent à bouger de concert. Graphiquement c’est assez chouette hormis quelques petits bugs graphiques sans incidence. Sinon, comme je le disais, la narration n’est pas très efficace et ne sert presque à rien. Même la dualité entre la femme qui doit nous guider et l’homme qui veut que l’on abandonne n’a aucune influence sur votre progression. Votre progression est ultra linéaire et ne souffre d’aucune digression hormis quelques salles secrètes. Celles-ci n’ont d’autre utilité que de débloquer des succès et rallonger un peu une durée de vie assez faiblarde. Suivant votre niveau il vous faudra entre 3 et 6 heures de jeu mais aucune énigme ne devrait vous prendre plus de 10 minutes pour l’appréhender.

Un gameplay en constant renouvellement
Arrivons maintenant au passage amusant : le gameplay. Celui-ci est extrêmement simple mais pourtant tellement étendu (je sais, c’est paradoxal). En fait, vos gants permettent d’activer ou désactiver des cubes de couleurs, chaque couleur ayant une fonction précise. Les cubes rouges peuvent grandir de 3 blocs maximum, un à la fois. Les blocs jaunes qui vont par trois grandissent de 3 blocs pour un côté, deux pour le milieu et d’un pour le dernier ou de deux blocs au centre et d’un par côté suivant comment vous l’activez. Le bloc bleu sert de tremplin, le mauve permet de faire tourner une partie de la pièce (carrément), le vert sert … de bloc solide, le transparent sert à faire passer un rayon etc. … Le plus drôle vient lorsque l’on doit commencer à mélanger ces logiques et à jouer encore plus avec les couleurs. Par exemple, vous aurez de temps à autres des boules à faire avancer dans un corridor en pente en mélangeant toutes ces mécaniques. Mieux, les couleurs elles-mêmes seront de la partie lorsque vous devrez faire passer la dite boule dans des cases transparente la colorant et que vous devrez la faire passer correctement dans plusieurs de ces cases pour atteindre la couleur voulue en fin de parcours. Pareil avec les passages où des rayons devront être manipulés dans le bon sens pour avoir la couleur voulue.
Les meilleurs passages restent pour moi durant le secteur qui est entièrement dans le noir. Dans celui-ci, vous ne pourrez voir que les blocs actifs les uns après les autres, vous forçant à prévoir votre stratégie à l’avance pour résoudre l’énigme au mieux. Cette gestion des couleurs et des lumières est excellente et donne une vraie sensation de renouvellement du gameplay en cours de route. Pareillement, en fin de jeu vous devrez jouer avec des boules qui tournent toujours à droite en rencontrant un obstacle et vous devrez les faire passer de courts labyrinthes. Une fois encore, les développeurs de chez Toxic Games ont réalisé un très bon travail qui mérite amplement d’être reconnu comme tel. Mais je suis certain que Q.U.B.E. aurait pu encore être meilleur s’il avait eu une narration plus poussée et surtout la possibilité de faire des choix relatifs à cette narration. Là, on se retrouve juste avec un puzzle-game très bien fait et proposant un petit challenge pas trop évolué mais fort sympathique. Il manque à tout cela cette touche, cette âme que des jeux comme Portal ou plus récemment Magnetic Cage Closed avaient, ce petit plus qui emporte complètement le joueur dans une histoire qui le dépasse. Je parle vraiment de ce petit quelque chose qui vous incitera à recommencer le jeu pour encore mieux le comprendre. En l’état, Q.U.B.E. est bien mais manque peut-être de finition, surtout au niveau de sa fin qui laisse vraiment sur le joueur sur sa fin en oubliant de répondre aux quelques questions importantes que vous auriez.
En conclusion
Q.U.B.E. Director’s Cut est une très bonne surprise qui m’a malheureusement laissé un peu sur ma fin. Entre son esthétique très réussie et un gameplay en constante évolution, ce puzzle-game a beaucoup pour lui. S’il avait et un impact narratif plus développé et surtout s’il proposait un challenge plus long et corsé, il aurait vraiment pu marquer les esprits.