Quand un jeu disparait de nos écrans pendant plus d’un an, tout juste après avoir été annoncé durant l’E3 2015, ce n’est jamais bon signe. Et c’est ce qui est arrivé avec ReCore, qu’on a vu réapparaitre à l’E3 2016 et qui sort a peine trois mois plus tard. Et autant dire qu’avec un développement attribué à Keiji Inafune et son studio Comcept, en plus de la collaboration d’Armature studios, il était difficile de savoir à quoi s’attendre. La mauvaise langue dira qu’il suffit d’aller voir Mighty No.9 pour le savoir, et il serait presque possible de lui donner raison.
Mais où qu’on est ?
Dès qu’on met le pied sur cette planète désertique et qu’on découvre notre amie Joule, on se laisse tout de suite porter par l’ambiance très particulière de ReCore. C’est en tout cas la première impression que nous donnera le jeu, mais au fil de la découverte du scénario qui essaye de s’imposer tant bien que mal devant nous, c’est tout de suite moins reluisant. Notre demoiselle se retrouve être une des seules humaines encore en vie sur Alter-Éden, une planète que l’humanité semble avoir voulu coloniser. En faite, ce n’est pas très clair et on sait seulement qu’elle s’attendait à trouver d’autres survivants et qu’elle fera tout pour comprendre ce qui leur est arrivé. C’est ainsi qu’on échoue avec elle dans cette galère, tandis qu’on comprend rapidement qu’une bande de méchant robots essayent de se débarrasser d’elle.
De temps à autre on pourra tomber sur des enregistrements audio qui nous en apprendront un peu plus sur l’univers de ReCore, mais même là il ne faut pas s’attendre a des miracles. Même durant notre périple on n’apprendra pas grand-chose de plus et il faudra se contenter du fait que les Orbots, les entités robotiques sur la planète, semble avoir été corrompu par un mal étrange et que forcément, ils ne nous veulent pas du bien. Notre motivation va donc être d’arpenter des environnements remplis de sable et cela dans le but de peut-être terminer la terra-formation de cette drôle de planète. Et c’est ainsi qu’on sera lâché, butinant d’un objectif à l’autre et notre élan sera parfois coupé par une cinématique faisant légèrement avancer l’histoire. Si vous vous attendiez à un univers de science fiction qui allait vous retourner le cerveau, et bien vous allez être déçu.

ReCore,un peu de tout
ReCore est constitué principalement de trois phases de gameplay que sont l’exploration, la plate-forme et les combats. Pour ces derniers, Joule devra se contenter d’une seule arme mais dont-on pourra changer la couleur des munitions à volonté. Rouge, bleu, jaune et blanc, qu’on choisira naturellement en fonction de la couleur de notre adversaire. Rien de bien compliqué à comprendre et à mettre en œuvre. Il faut rajouter à cela un tir secondaire un peu plus puissant mais qui videra plus rapidement la jauge d’énergie de l’arme, ainsi que la barre des vies de nos ennemis qui peuvent avoir un bouclier et il s’agit là de tout ce qu’il y aura à savoir. Le dernière mécanique étant un grappin qu’on pourra lancer sur la bestiole, afin de la finir en beauté et ramasser un peu plus de ressources. Cela peut paraître simple et effectivement, c’est le cas, mais cela n’empêche pas d’avoir des combats très frénétique, notamment car on affronte constamment plusieurs ennemis à la fois.
Le bestiaire de ReCore n’est pas ce qu’on a vu de plus fourni, mais chaque créature aura sa propre manière de nous attaquer et nous faire la vie dure selon son niveau. Il faudra donc apprendre leur manière de fonctionner et réagir en conséquence. Avec un peu de pratique on saura lesquels il faut abattre en priorité et pour nous y aider, on pourra compter sur la présence de notre compagnon. Au départ il s’agira d’un chien mécanique, mais assez vite on pourra mettre la main sur d’autres robots qui s’ajoutera à une liste de cinq. Chacun d’eux aura une capacité propre et qui servira de temps à autre dans l’exploration de la planète ou durant une énigme. Le chien pourra creuser le sol, le poulpe s’accrocher et escalader des échelles et ainsi de suite. C’est en tout cas l’idée, mais leur exploitation est assez sommaire et ne servira que ponctuellement durant l’aventure, notamment durant certains donjons.
Un des problèmes de la gestion de ces compagnons et qui deviendra rapidement lourdingue, c’est qu’on ne peut qu’en avoir deux à la fois avec nous, tandis qu’un seul pourra être actif. Pour changer le duo qui nous accompagne, il faudra se rendre à notre base de fortune. Cela peut paraître aisé, mais quand on sait qu’il faut parfois faire plusieurs minutes de trajets jusqu’à un donjon ou à un défi et que c’est seulement rendu devant la porte, qu’on nous dit quel robot il faut y utiliser, c’est déjà moins drôle de devoir se retaper le chemin inverse pour aller chercher le bon compagnon. Mais pour autant, leur aide durant les affrontements est indéniable et apporte une belle dynamique. ReCore ne se démarque pas vraiment pas ces phases de combats, qui manque un peu d’originalité, mais l’ensemble n’en reste pas moins efficace.

Mais où est le problème alors ?
En réalité, si l’on reste à la surface et qu’on regarde ce que nous propose ReCore, il n’y a pas vraiment de quoi chipoter. Le gameplay est solide et se voit même renforcé par un chouette mélange de phase de plate-forme et d’exploration. Même s’il ne s’agit pas vraiment d’un monde ouvert, il sera tout de même possible d’explorer une vase zone de jeu qui est fractionné en plusieurs zones. Et même si l’on prend beaucoup de plaisir à les arpenter, malgré un temps de chargement horriblement long sur Xbox One, cela devient beaucoup plus problématique au fil de notre avancé. L’utilisation du saut et du dash se fait de manière très fluide et donne un rendu agréable, mais les allers-retours deviennent incessants et trop nombreux au bout d’un certain temps. Pour ouvrir un donjon principal il faut avoir un certains nombre d’orbes prismatiques, qui sont eux même cachés dans des mini-donjons ou des arènes, qu’il va falloir ouvrir en cherchant les clés robotiques cachées dans les collines autour de la porte.
Un procédé qui donne vite l’impression d’être devant un jeu sur lequel on tente de rallonger artificiellement la durée de vie, et dont la confirmation nous attend dans les dernières heures de l’aventure où il est obligatoire de partir à la chasse des orbes, sous peine de ne pas pouvoir monter les étages du dernier lieu à visiter. Et cette chasse aux orbes est d’autant plus pénible qu’elle nous gâche un des plus grands attraits du jeu, qui est celui de l’exploration de la planète. Au début, en se rendant à un objectif principal, il est amusant de découvrir une nouvelle zone, de se lancer dans l’escalade des hauteurs et de dénicher de nouveaux secrets ou des coffres. Cette errance volontaire nous donne un léger sentiment de liberté et de pouvoir aller où l’on souhaite. Mais en nous obligeant à le faire pour avancer dans l’histoire, c’est beaucoup moins drôle et cela en devient presque un frein à notre progression.

Un beau gâchis
Même si ReCore n’atteint pas des sommets sur le plan artistique, on sent clairement que les développeurs avaient envie de nous proposer quelque chose de cohérent. La brisure entre les dunes de sable et les grandes structures qui percent du sol, en nous laissant dans le doute si elles sont humaines ou non, nous laisse vraiment sur une atmosphère intéressante et on aurait envie de découvrir plus amplement ce monde mystérieux qui s’ouvre devant nous. Il est juste dommage que le jeu ne pousse pas cela plus loin et qu’on ne nous fasse pas profiter de cet univers qu’on a essayé de créer autour de ReCore. On reste clairement sur notre faim et cela ne fait qu’alimenter notre impression d’avoir entre les mains un jeu terminé à la va vite, histoire de coller avec le cahier des charges et d’avoir quelque chose à sortir dans les temps.
En conclusion
Avec ReCore on entre typiquement dans le genre de jeu qui essaye de se reposer sur son gameplay, avant de nous offrir un univers riche et cohérent. Les bases sont pourtant là et bien solides, avec des combats dynamiques et des phases de plates-formes et d’exploration qui se mélangent pour nous donner un sentiment très agréable durant les premières heures. Mais cela est rapidement gâché par des soucis dans notre progression et qui nous tombent dessus comme des enclumes. En plus d’avoir une histoire pas très intéressante et jamais mis en valeur, le jeu nous impose assez vite de devoir trouver des orbes pour pouvoir avancer. Une collecte qui devient de plus en plus imposante, au point d’en devenir rébarbatif dans la dernière tranche de l’aventure. On aurait aimé tellement plus mais en l’état, avec son contenu creux et répétitif, il est difficile de s’en contenter.