Test – Remember Me

La mémoire est un bien précieux qui détermine l’existence de chaque être vivant. Mais lorsque ces souvenirs sont devenus un simple produit de consommation, voir qu’on vole à autrui, les limites du système ne sont pas très loin. C’est autour cette idée que le studio français DONTNOD à développé Remember Me, en permettant d’incarner une chasseuse de souvenirs qui ironiquement sera à la recherche de son passé. Il ne reste plus qu’a déterminer si le jeu sera si inoubliable que ça.

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Un futur plus que familier

Le décor est planté en 2084, dans Néo-Paris, mais avant de découvrir ce que nous réserve notre belle capitale française, encore faut-il faire face à quelques désagréments. C’est en la personne de la somptueuse Nilin qu’on débute l’aventure, alors que celle-ci se retrouve enfermé dans la Bastille, tout juste après qu’on lui est subtilisé ses souvenirs. Complètement désorienté et avec en sa possession l’unique souvenir de son prénom, elle va devoir aveuglement suivre les instructions d’un énigmatique personnage qui se prénomme Edge. Seul lien avec son passée, elle va devoir faire confiance à cette voix qui l’accompagnera durant son périple et qui sera la clé pour rassembler les fragments de sa mémoire. La recherche de sa personnalité lui fera prendre des décisions qui auront parfois de graves conséquences, allant jusqu’à remettre en question son combat.

Le monde est en effet sous l’emprise d’une technologie censée apaiser les craintes et la peur des gens, en modifiant ou en supprimant les souvenirs insupportables qui hantent leur esprit. Tout cela est possible grâce au Sensen, un implant qui donne directement accès à notre mémoire et qui peut servir de connexion pour échanger nos souvenirs, voir pour en recevoir. Un flux de sentiments qui peut rapidement devenir une drogue et dont Memorize, la société qui gère la collecte de données du Sensen, s’est empressé d’utiliser à des fins mercantiles. Toute la société ou presque est donc sous leur emprise et c’est justement ce que les erroristes tentent de combattre et d’abolir. Cela tombe bien, car c’est justement ce qu’est censé faire Nilin, en tout cas selon les dires de notre bienfaiteur le dénommé Edge. Son amnésie étant un frein évident à la compréhension de cet univers, il va falloir tout réapprendre, allant jusqu’à la faire douter et se questionner sur sa propre identité.

Remember Me Remember Me

La prise de conscience

L’implantation d’un corps étranger et la dépendance aux souvenirs n’est pas sans risques. C’est ce que Nilin va découvrir juste après s’être échappé de la Bastille, en atterrissant dans les méandres de la capital et en se retrouvant confronté aux Leapers. Ces humains à qui il ne reste presque plus aucune once d’humanité, qui ne sont plus que douleurs et agressivité. Le coté sombre d’une cité qui pourtant semble ne pas avoir souffert des changements du temps, avec un vieux Paris toujours aussi somptueux et qui se mêle parfaitement avec des éléments futuristes. Une identité visuelle harmonieuse qu’on doit au travail accompli par les créatifs de DONTNOD. Même si techniquement le jeu n’est pas à la fine pointe, Remember Me donne tout de même l’impression d’être dans un rêve éveillé où chaque plan est prétexte à nous émerveiller. Malgré un souci du détail assez conséquent, le regret qu’on pourra formuler est le relatif manque de vie dans Néo-Paris. On croisera assez régulièrement des androïdes en train d’astiquer le plancher, mais cela s’arrête là.

Mais si la ville lumière est d’une grande splendeur, on pourra lui reprocher un grand manque d’interactivité. Les décors sont entièrement statiques et seuls quelques éléments comme des panneaux publicitaires sont là pour donner un peu d’animation. Une impression renforcée par la multitude de couloirs dans lesquelles on déambule, confinant la progression dans une incroyable linéarité. Un point que les développeurs de DONTNOD n’ont jamais cherché à dissimuler, avec une envie d’accentuer l’attention du joueur autour du scénario et de le placer au cœur du jeu. Mais ce fil d’Ariane imaginaire aura surtout tendance à couper toute notre liberté du, alors qu’on aurait qu’une envie, c’est de flâner dans les rues de Néo-Paris. Les rares moments d’exploration sont souvent ponctués par des chemins alternatifs, qui servent pratiquement tout le temps à trouver des bonus cachés. Mais même cela est gâché par une envie de nous tenir par la main, en jonchant notre chemin par des images, faussement intégré au scénario, censé nous aider à trouves ces quelques cachettes. Un sentiment d’être toujours tenu par la main et qui à le don d’agacer au bout d’un temps. Qui se répercute jusque dans les phases de grimpette, telle une certaine Lara Croft, avec l’unique possibilité de passer par les passages et corniches indiqués, alors que d’autres points du décor semblaient utilisables.

Remember Me Remember Me

Va tout droit qu’on te dit

Un problème de linéarité qui se retrouve dans d’autres aspects du jeu, même si bien moins frustrant. On ne le répètera pas assez mais l’enveloppe de Remember Me, qui comprend la direction artistique mais aussi son scénario, est ce qui constitue son plus gros atout. Même s’il faut reconnaitre que quelques points faibles viennent irrémédiablement s’y greffer. On pense notamment au Memory Remi, ces moments clés de l’histoire et qui nous ont été présenté comme une des grosses originalités de Remember Me. Notre chasseuse de souvenirs, Nilin, possède la faculté d’entrer dans la mémoire des personnes afin de modifier leur souvenir. Concrètement cela se caractérise par des passages du scénario où il sera demandé au joueur de visionner une scène, pour ensuite en altérer son déroulement. Il est possible à notre guise de faire avancer ou revenir en arrière dans le souvenir, pour trouver des objets avec lesquels interagir. Cela ira corrompre leur dénouement, afin de changer l’état d’esprit de la victime et ainsi prendre l’avantage sur elle Une idée très intéressant mais qu’on retrouve seulement à quatre endroits bien précis pendant l’histoire et qui est globalement sous exploité. Puisque même s’il y a plusieurs embranchements possibles, chaque Memory Remix ne peut -être résolu que d’une seule manière.

On aurait tellement apprécié que ce procédé de mixage de la mémoire soit une capacité utilisable à d’autres moments, comme sur les boss par exemple, dans l’espoir de casser cette redondante linéarité. Heureusement le jeu n’est pas que fait d’escalade ou de combat, puisque des énigmes viennent ponctuer notre avancé. Elles ne sont certes pas très difficiles, mais auront au moins le mérite de casser un peu le rythme, tout en étant assez diversifié pour ne pas trop nous lasser. La plupart d’entre elles seront en rapport avec le gant de Nilin, qui au fur et à mesure évoluera pour s’en servir comme arme de distance, pour ouvrir des portes, voir pour déplacer ou détruire l’environnement. Les rémanescences font également partie intégrante des énigmes, puisqu’il sera demandé de subtiliser la mémoire de certains protagonistes, afin d’enclencher des souvenirs qui nous permettrons de débloquer la situation. Une bonne trouvaille qui s’intègre presque naturellement aux capacités de notre héroïne.

Bien que Remember Me ne soit pas très original dans sa construction, avec les sempiternels couloirs qui se terminent souvent sur de grandes pièces, signant la venue d’une arène dans lequel on va affronter des ennemis. Il n’en va pas de même pour son système de combat qui permet de personnaliser les combos. Quatre effets sont attribuables aux touches, permettant de créer des chaînes de puissance en fonction des effets voulus. Chaque coup réussi sur l’adversaire pourra ainsi au choix réduire le temps de chargement des compétences, régénérer la santé ou produire un plus gros dégât (le quatrième effet étant un bonus de boost). On peut ainsi créer notre propre combinaison et l’utiliser à bon escient selon le type d’ennemi rencontré. Un fonctionnement intéressant, mais qui est un peu plombé par la mollesse des combats, qui ont la fâcheuse tendance à s’éterniser sur la longueur. Heureusement, pour raccourcir un peu ces épreuves de force, la belle développe rapidement de nouveaux pouvoirs. Comme une bombe logique, un pouvoir d’étourdissement, une augmentation de sa force, voir la faculté de devenir invisible ou de pirater un être artificielle. Des compétences qu’on finit par utiliser en boucle, dans un système de combat qui montre vite ses limites. Les combos n’étant pas très nombreux et demandant tout le temps de tapoter les deux mêmes touches, on termine vite par tout le temps utiliser les mêmes. Une idée qui aurait mérité d’être approfondie et étoffée, mais qui dans les faits perd vite de son charme au bout de la douzaine d’heures que dure l’aventure.

 

 

En conclusion

Ce qui pénalise Remember Me, c’est peut-être un excès d’ambition qui se démontre par une foule d’idées par forcément exploitées jusqu’au bout. La direction artistique, bien que légèrement en retard techniquement, n’est pas du tout à remettre en cause et possède un cachet indéniable. Le regret viendra plutôt de la gestion des souvenirs, qui sur le papier promettait tellement de choses, mais qui n’est finalement qu’un accessoire scénaristique. La désagréable impression d’être placé sur un fil conducteur et ne pas pouvoir en dévier, se fait ressentir durant toute l’expérience qui désigne Remember Me. Car c’est bien ce qui représente le mieux cette première production du studio français DONTNOD. Une agréable aventure à parcourir au moins une fois, malgré une mise en scène perfectible et une jouabilité imparfaite, mais qui mérite qu’on y consacre un peu de notre temps.

Par Cédric Fischer

Rédacteur en chef

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