Héroïne emblématique du jeu vidéo durant la fin des années 90, le parcours de notre chère Lara Croft à été un peu mis à mal durant la dernière décennie. Il aura fallu attendre le reboot de 2013, pour enfin rencontrer un personnage plus humain et loin du stéréotype de la femme fatale qu’elle trainait bon gré mal gré avec elle dans son sillage. C’est donc avec Rise of the Tomb Raider qu’une suite logique vient à nous, dans une exclusivité temporaire sur Xbox One qui risque bien de faire parler d’elle.
Toujours un peu plus
Malgré quelques imperfections le reboot de Tomb Raider en 2013 aura réussi à relancer le mythe de Lara Croft, en instaurant maladroitement une jeune demoiselle fragile et qui avait encore tout à apprendre de la vie. C’était en tout cas l’envie, même si au bout de quelques minutes on en venait déjà à tuer plusieurs dizaines d’ennemis. L’idée de fond reste en tout cas la même et le résultat aura réussi à ce qu’on se prenne d’affection pour la « nouvelle » Lara. Avec les bases du personnage déjà mis en place durant le premier épisode, Rise of the Tomb Raider avait donc le champ libre pour développer et se concentrer uniquement sur l’histoire de notre belle protagoniste.
C’est donc plein d’assurance que Lara va se lancer à la recherche de la source divine, un artefact censé transmettre la vie éternelle à toutes les personnes qui oseraient porter leurs yeux dessus. Derrière ses motivations se cachent en faite l’espoir de sauver l’honneur de son père qui est mort alors que lui aussi espérerait trouver cet objet. Cette recherche lui ayant couté sa carrière, au point de tomber en disgrâce au sein de la communauté scientifique. Rise of the Tomb Raider va donc tenter de faire le lien entre la passée de Lara et le personnage en devenir, avec une histoire qui va se centrer autour d’une quête principale, mais qui va vite dévoiler des rebondissements d’une ampleur bien plus importante. Il est juste dommage que la version française soit si capricieuse en terme de qualité, notamment pour les sous-titres. Déjà que les personnages secondaires sont loin d’être toujours convaincants, cela ne fait qu’empirer la chose.
L’accent n’est donc pas mis sur la personnalité de notre jeune archéologue, mais plutôt sur le contexte qui l’entoure. On sent vraiment que l’envie de Crystal Dynamics est de créer une nouvelle saga. Une continuité avec l’opus de 2013 qui fonctionne assez bien. C’est donc pour cela qu’on y retrouve un lien, avec la présence de Jacob, un des personnages secondaires de Tomb Raider et qui fait ici son grand retour. Il serait difficile de vous parler du reste du scénario sans vous gâcher la surprise. Mais reste à savoir que Rise of the Tomb Raider nous offre un début d’aventure légèrement prévisible, pour véritablement prendre son envolé vers la moitié du jeu. Pour autant il ne faut pas s’attendre à une fin en apothéose, mais on reste sur un rythme de croisière très maîtrisé et qui alterne entre les séquences calmes et celles remplies d’adrénaline, et cela avec pas mal de réussite.

Et la plastique dans tout ça ?
Il serait présomptueux de dire que Rise of the Tomb Raider n’est pas utilisé comme une vitrine des performances de la Xbox One, comme peuvent l’être Halo 5 ou le dernier Gears of War 4, qui sortent sensiblement dans la même période. Dès les premières minutes en voyant Lara avancer péniblement dans la neige, il faut se rendre à l’évidence qu’un grand travail artistique a été fait sur le jeu. Évidemment, si l’on veut pinailler sur les détails, il serait facile d’y trouver des défauts puisque le tout est loin d’être très réaliste. Notamment sur la façon dont va pouvoir agir la neige sur les jambes de Croft, mais si l’on jugerait un jeu vidéo sur le critère qu’il doit être le plus proche possible de la réalité, autant dire qu’on en finirait plus.
Bien que le jeu alterne assez bien les environnements, entre les montagnes en prise avec la glace, les grottes humides, les vieux complexes militaires et autres cités antiques, on peut tout de même faire le reproche que la thématique de la neige soit un peu trop présente dans le jeu. Cela s’explique assez facilement sur le plan scénaristique, mais on aurait tout de même aimé un peu plus de variété de ce coté là. Mais cela reste du pinaillage, car on admet volontiers que c’est un défaut qui ne ressortira que très rarement, car la progression est faite de manière à ce qu’on reste rarement très longtemps dans une seule zone. Même quand on visite une grande zone forestière, il sera aisément possible par exemple de changer complètement de décors en allant se promener dans les hauteurs ou dans des bâtiments qui ne se situent pas très loin.

Comme au bon vieux temps, enfin presque
S’il y avait bien une petite tape derrière la tête à faire au premier Tomb Raider, c’est d’avoir une aventure trop linéaire et loin d’être grandement ouverte à l’exploration. Une réprimande qui aura été entendu par les développeurs et qui sera largement en faveur de Rise of the Tomb Raider. Bien que toujours linéaire dans sa progression, le jeu nous propose régulièrement des zones très grandes et qu’on pourra arpenter de long en large pour y déceler une multitude de reliques et autres coffres secrets. Les grottes et passages dérobés sont légion, même dans des lieux plus petits ou étroits. La curiosité n’est ici pas un vilain défaut et elle sera même très souvent récompensée. Le joueur est donc tenu par la main pour la trame principale, mais libre à lui de vagabonder pour respirer un peu de toutes ses péripéties.
En plus des habituels outils dont Lara disposait déjà dans le premier Tomb Raider, avec le retour de la flèche-grappin, l’équipement est encore une fois étoffé pour assouvir nos fantasmes d’Indiana Jones. Même si l’on n’a pas de fouet, il sera possible tardivement dans le jeu d’utiliser notre piolet comme un grappin pour monter plus facilement sur les plates-formes en hauteur. Dans le même ordre d’idée, les flèches crantées feront leur apparition pour être planté dans la glace, mais surtout dans le bois tendre pour faire office de plate-forme de fortune. C’est ainsi que de nouveaux passages vont régulièrement être accessibles, ce qui favorise de revenir en arrière dans d’anciens niveaux, pour explorer plus amplement les lieux. Mais pas besoin de se farcir des allers-retours interminables, puisqu’il est possible de se téléporter d’un feu de camp à l’autre à partir du moment qu’ils ont été activé. La magie du jeu vidéo.
Encore un point fort pour l’exploration, les tombeaux font à nouveau leur apparition et ils sont encore plus nombreux. S’il sera possible de trouver des ressources et de l’équipement dans les cryptes et dans les grottes, mais les tombeaux vont avant tout servir à entrer en possession de compétences passives qu’on n’aurait pas pu obtenir autrement. Les énigmes qu’on va devoir y résoudre seront légèrement plus complexes que celles rencontrer durant l’aventure principale, mais dans l’ensemble elle reste assez compréhensible. Il suffira souvent de scruter les alentours pour comprendre leur fonctionnement, même si une ou deux risque de vous retourner les méninges. On notera que le thème de l’eau et de la nage est peut-être un peu trop présent durant ces escapades annexes.

Cogner, frapper, la routine quoi
Comme on peut s’en douter, Rise of the Tomb Raider n‘aurait pas été complet sans pouvoir échanger quelques balles avec des ennemis armés jusqu’aux dents. Mais il ne faut pas s’attendre à de grands chamboulements durant ces affrontements. Les ennemis possèdent sensiblement les mêmes capacités que dans le premier Tomb Raider, et leur intelligence n’a pas grandement été améliorée non plus. Lara pourra néanmoins y faire face avec quelques gadgets supplémentaires, comme poser des bombes sur les cadavres ou encore fabriquer des explosives ou des fumigènes avec les objets trouver par terre. Le comble du plaisir pourra même être de sauter sur nos adversaires en étant perché au dessus d’eux, pour s’en débarrasser proprement avec un couteau dans la gorge. Notre aventurière pouvant à présent monter sur les branches des arbres, cela ouvre de nouvelles perspectives.
Il devient encore plus facile de se mouvoir avec discrétion dans les hautes herbes pour prendre un ennemi à revers, mais aussi pour lancer des objets et faire du bruit afin d’attirer quelqu’un hors d’un groupe. Voire pour faire dévier un garde de son tour de ronde habituel et se rendre à un autre point d’observation. Certaines séquences du jeu demanderont de ne pas faire dans la dentelle et seront assez scénarisées, mais la plupart du temps en revanche il sera tout à fait possible d’user de la discrétion pour venir à bout d’une situation dangereuse. C’est même une approche qui est fortement encouragé lorsqu’on joue dans les niveaux de difficulté plus élevé, notamment quand les ressources sont moins nombreuses et que la santé ne se régénère pas automatiquement. Malheureusement cela ne fonctionne pas toujours et les affrontements vont vite se résumer à aligner le plus rapidement possibles les tirs à la tête, ce qui est largement favorisé par plusieurs compétences qui vont nous aider à mieux les cibler.
En revanche du coté de l’armement il ne faudra pas non plus y fonder beaucoup d’espoir, car on se retrouve encore une fois avec quelque chose de très conventionnel. À coté de l’arc qui reste encore une fois bien trop efficace, on y retrouve un pistolet, un fusil à pompe, ainsi qu’une arme d’assaut sous la forme d’une mitraillette ou d’un fusil. La différence va plutôt se situer dans le fait qu’on peut cette fois débloquer plus d’une variante pour un type d’arme. Du moins lorsqu’on réussi à trouver les coffres cachés qui renferment des pièces pour construire l’arme en question. On aurait donc allègrement voulu un peu plus de diversité sur le choix des armes, mais il y a tout de même de quoi s’amuser. Surtout que les phases d’action sont ponctuelles et loin d’être au centre de l’aventure. On peut donc largement se satisfaire avec le peu qui est mis à notre disposition.

Mais ce n’est pas MineCraft ici !
Nous vous l’avions sensiblement évoqué mais l’artisanat et donc la collecte de ressources ont une place primordiale dans Rise of the Tomb Raider. Bien loin d’avoir la profondeur d’un jeu de survie, on reste tout de même dans une étape nécessaire de notre progression. Que cela soit pour améliorer nos armes ou notre équipement, mais aussi pour confectionner des flèches empoisonnées ou explosives, voire des munitions. Autant dire tout de suite que l’importance du craft prend une autre dimension si l’on joue en difficulté survivant, car les caisses de munitions et de flèches seront beaucoup moins présentes. Il sera nécessaire de ramasser tout ce qu’on trouve, entre les champignons, les minéraux et surtout pendant la chasse, pour ne pas se retrouver à sec trop souvent.
La chasse est d’ailleurs un des aspects qui a grandement été mis en avant par les développeurs et qui devait se présenter comme un élément essentiel du jeu. Dans les faits c’est un peu moins le cas, surtout si l’on décide de jouer avec l’instinct de survie, puisque celui-ci met en évidence la piste des animaux qu’on aurait blessés. Il pourra arriver durant nos promenades de se faire attaquer par des prédateurs, comme les loups, un lynx ou encore un ours. Mais il est également possible de chasser des cerfs, des sangliers ou des plus petits rongeurs comme des écureuils et des lapins, qui sont même d’ailleurs un peu trop présents sur certaines cartes. Au point que cela peut en devenir ridicule, mais comme on vous le disait plus haut dans cette critique, il ne vaut mieux pas jouer à un Tomb Raider pour son coté réaliste.

Quand il y en a plus, y en a encore
Après tout ça il ne sera pas étonnant de vous dévoiler qu’en flânant un peu à droite et à gauche durant l’aventure principale, celle-ci se bouclera en une quinzaine d’heures. Une durée de vie qui se rallongera amplement si vous vous mettez en tête de trouver toutes les documents, artefacts et les enregistrements audio qui sont plus ou moins dissimulés un peu partout sur votre chemin. Heureusement cela reste cohérent avec l’univers du personnage et on n’a pas vraiment le sentiment que les développeurs ont mis ça et là des objets juste pour rallonger artificiellement la durée de vie. Surtout que cette documentation nous apportera une autre vision de l’aventure, en entendant le point de vue de certains personnages secondaires ou voire, des ennemis ou d’anciens habitants de la région.
Et si cela ne vous suffit pas, vous aurez toujours l’opportunité de vous faire quelques parties dans le mode expédition. Là dedans vous pourrez rejouer les chapitres du jeu dans une course aux scores ou alors en mode élite, avec l’équipement amélioré de votre partie principale. Dans le mode rescapé il sera également possible de jouer un niveau avec des conditions particulières, comme avec un équipement restreint, en une seule vie, voire en remplissant certains défis. Les possibilités sont assez nombreuse et peuvent être arrangé selon les cartes qu’on va activer. Ces cartes pourront être débloquées avec l’argent gagné durant nos parties, voire reçu en récompense si l’on remporte assez de médailles à la fin d’un niveau en mode expédition. Les cartes peuvent servir de bonus mais aussi de malus, ou avoir des effets délirants en fonction de leur rareté.
En conclusion
On pourrait croire que Rise of the Tomb Raider n’est qu’une version 1.5 légèrement déguisé, et même si c’est peut-être le cas sur certains aspects ce n’est pas grave, car on ressent vraiment en y jouant que Cristal Dynamics à fait tout son possible pour nous pondre un jeu au contenu solide et qui ravira la plupart des joueurs. En faisant la part belle à l’exploration, tout en affinant les phases de combat de l’opus précédent, le jeu gagne véritablement un meilleur rythme de croisière. La progression est d’autant plus agréable qu’il est possible de laissé libre cours à notre curiosité en visitant tous les recoins de la carte. La linéarité du premier Tomb Raider laisse ici place à une plus grande liberté de mouvement, ce qui donne le sentiment de prendre part à une aventure consistante et qu’on n’a jamais envie de lâcher, en voulant la consommer jusqu’au bout.