Test – Shiness : The Lightning Kingdom : Dans l’ombre de ses ambitions

Lorsqu’on souhaite réaliser un projet qui nous tient réellement à cœur, on fait tout pour y parvenir. Et c’est ce qui est arrivé à Enigami, en réussissant à atteindre les joueurs avec une campagne Kickstarter, puis en se trouvant un éditeur qui veut bien les aider dans l’édition de leur jeu. Le résultat c’est Shiness : The Lightning Kingdom, un jeu rempli de bonnes intentions mais qui est peut-être allé trop loin dans ses ambitions.

Un essai du cœur

Le concept vient de loin puisque les débuts de l’univers de Shiness ont été initiés par Samir Rebib, il y a de cela maintenant plusieurs années. Et pour peu que vous ayez vécu en France dans les années 90, il y a fort à parier qu’il vous suffira d’un seul coup d’œil pour déceler toutes les influences qui ont mené à la création du character design de Shiness. Une inspiration issue du manga et qui transparait dès le démarrage du jeu. Mais si notre première impression est d’être surpris par les premières images qui défilent devant nous, cela laisse assez vite place à une certaine méfiance. Il suffira de quelques minutes pour commencer à déceler les imperfections qui se profile devant nous.

Et cela commence par un scénario dont la simplicité et l’innocence nous ramènerait presque une vingtaine d’années en arrière. On incarne ainsi Chado et son acolyte Poky, qui tombent se crash avec leur vaisseau dans une zone inamicale. Nos deux protagonistes vont ainsi faire la connaissance des autochtones du coin et comprendre qu’il y a un conflit entre entre deux tribus. Sans que cela soit vraiment étonnant, tout ce beau monde va s’allier afin de sauver la planète de Mahera. Voilà un court résumé de ce qui nous attend, mais même si cela aurait pu nous laissé entrevoir une histoire riche en contenu et en rebondissements, la réalité est un peu moins évidente. Rien de dramatique mais le scénario souffre d’une grande naïveté, au point d’en être presque touchant par moment.

Notre progression dans Shiness, ainsi que le déroulement de sa narration, est vraiment convenue et ne nous surprendra jamais. On frôle à l’extrême les clichés du jeu d’aventure à la japonaise, au point qu’on ne s’étonnera même pas devant la pléthore de quêtes qui nous demandent inlassablement de faire des allers-retours à travers le carte. Cette dernière est d’ailleurs balisée au possible, à un point qu’il suffit d’entrer dans une nouvelle zone et de jeter un coup d’œil au nom de chaque lieu pour ensuite presque deviner la suite du scénario. L’envie d’explorer le monde qui nous entoure est donc rapidement plomber par une absence d’intérêt flagrante. L’architecture basique des zones et des énigmes y est pour beaucoup, mais à cela se rajoute une succession de bugs qui montre à quel point le jeu souffre d’un manque de finition.

Les combats sont vraiment trop brouillons

C’est loin d’être terminé

Il n’est en effet pas rare de tomber sur des bugs qui handicapent notre avancé dans le jeu, au point de devoir relancer une sauvegarde. Cela aurait pu passer si ce genre de désagrément était plutôt rare, mais même si cela n’arrive pas tout le temps c’est assez fréquent pour qu’on finit par en rencontrer assez régulièrement. Il peut arriver par exemple que notre personnage traverse le plancher d’un ascenseur ou alors qu’on reste bloqué entre deux éléments du décor lors d’un saut ou d’un sprint. Et bien entendu on n’est jamais épargné par la multitude d’objets ou de murs invisibles qui jonchent notre chemin. Le pire étant quand c’est lié à la caméra qui n’en fait souvent qu’à sa tête, notamment lors dans phases de combat en arène. Déjà qu’il est parfois difficile d’évaluer la position de notre adversaire, mais si en plus la caméra se bloque en dehors de la zone de l’arène, c’est encore moins drôle.

Et c’est notamment encore plus décevant quand on sait que les combats sont au cœur du gameplay de Shiness. Chaque fois qu’on rencontre un ennemi, on est balancé dans une arène qui se met en place à l’endroit où l’on se trouve. C’est alors que s’entame un duel dans lequel il sera possible de passer d’un personnage à l’autre, parmi notre équipe de trois, tandis que nos adversaires s’enchaineront dans le cadre d’un combat singulier. C’est donc sur une base de parade, d’esquive et des successions d’attaques à corps à corps ou avec des sorts qu’on va devoir combattre. On comprendra rapidement que certains personnages seront plus efficaces avec des techniques d’arts martiaux, tandis qu’on fera plutôt évoluer les autres vers la maîtrise des sorts. Cela augure au début une bonne complémentarité et c’est presque le cas, mais d’autres problèmes apparaissent au fil de notre progression dans l’aventure.

Le jeu nous oblige à gérer nos jauges de Shi, qu’on peut par exemple recharger plus efficacement quand l’arène passe aux couleurs de l’élément désiré. Et à cela se rajoute une multitude de technique qu’on peut trouver et apprendre de manière définitive, puis les attribuer rapidement à des touches de raccourcies. Sur le papier cela peut paraître comme un gameplay assez riche, mais c’est surtout dans la pratique que cela coince. Les affrontements sont basés sur un système de timing très serré qu’on doit vite apprendre à gérer, sous peine de se retrouver submergé par une difficulté qui monte rapidement en flèche. Cela se perçoit notamment contre les boss qui ne laisse parfois qu’une petite fenêtre de manœuvre pour leur asséné un coup. Il arrive même fréquemment qu’une de nos attaques d’Hyper, basé sur un enchainement de touches, soit tout simplement envoyé dans le vent car le boss nous envoie des projectibles à la chaîne.

Heureusement le timing à avoir sur le renvoie des projectibles est plus laxistes, mais quand on voit que certains adversaires en abusent clairement et ne font parfois que ça, c’est déjà moins motivant de les affronter. Shiness possède de bonnes idées mais force de constater que leur mise en place est brouillonne et nuit grandement à la lisibilité des combats. Cela aurait pu passer comme un défaut mineur, si seulement cela ne se rajoutait pas à une longue liste de problèmes qui ternisse déjà l’enrobage technique du jeu. Si on empile ça avec les nombreux bugs, l’enchainement des animations qui peine un peu par moment ou encore des illustrations qui manquent de détails et qui semblent tout droit scanner à partir d’un cahier de dessin d’un collégien (mention spéciale aux icônes des choix de dialogues…), pas besoin de vous dire qu’on ressort de Shiness avec une grosse déception.

 

En conclusion

Il est bien difficile d’être totalement négatif avec Shiness car on sent vraiment que les développeurs y ont mis toute leur bonne volonté afin de créer un jeu qui plaira aux fans de RPG et de manga des années 90. C’est en tout cas quelque chose qu’on ressent mais qui dans les fait est très mal appliqué et mis en place. Les idées sont là mais on doit vite se rendre à l’évidence que le studio manquait d’expérience en la matière. La direction artistique possède une belle identité visuelle mais en contrepartie certains aspects techniques manquent tellement de finition et de détails, qu’on se demande comment ils ont pu passer à coté de ces défauts. Cela aurait pu passer pour une simple erreur de jeunesse, mais on ne peut pas faire l’impasse sur la multitude de bugs et de soucis de caméra qu’on rencontre au fil de l’aventure. C’est d’autant plus dommage qu’on a vraiment envie d’aimer le jeu, avec une ambiance naïve et bonne enfant qui fonctionne vraiment bien.

Par Cédric Fischer

Rédacteur en chef

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