Quand on devient une célébrité sur Kickstarter, on est alors forcément attendu au tournant. Heureusement c’est loin d’être le cas pour Shovel Knight, même si son financement participatif à crevé le plafond. Il faut dire que sa campagne pour rassembler quelques deniers à pratiquement triplé son objectif initial, permettant au studio Yacht Club Games de gratifier son bébé de plusieurs modes supplémentaires. Reste juste à voir si les développeurs ont su garder les pieds sur terres ou au contraire, s’ils ont creusé leur propre tombe.
A la pelle
Comment ne pas avoir une larmichette qui nous coule sur la joue en découvrant Shovel Knight, ce petit conte d’amour envers un temps où le jeu vidéo sentait encore bon le pixel. Un de plus pourrait rétorquer la mauvaise langue au fond de la pièce, mais ce serait ne pas prendre en considération tout l’attrait visuel offert par une telle production. Il n’y a pas toujours besoin de la haute définition pour apprécier un jeu. Qu’on en fasse une overdose ou non, la direction artistique de Shovel Knight n’en finira pas de nous charmer tout au long de l’aventure qu’elle nous propose. Il faut dire que l’enrobage mis en place par Yacht Club Games n’a pas besoin d’avoir honte face à la concurrence, avec en plus une ambiance sonore qui accompagne à merveille l’action dépravée du jeu. On en viendrait presque à claquer des doigts au rythme de la musique, si nos mains n’avaient pas l’irrésistible envie de rester accroché à la manette. Il faut dire que c’est un mal bien nécessaire pour arriver à clôturer un périple qui ne pardonne pas l’erreur, et qui aura même tendance à provoquer votre mort avec un plaisir sadique.
L’inspiration de Shovel Knight ne s’arrête bien entendu pas à son enveloppe visuelle, mais aussi à son contenu. L’œil connaisseur aura forcément une belle panoplie de titres qui lui viendront à l’esprit, la plupart venant tout droit de la ludothèque de la NES. La plus évidente reste cependant envers un certain canard milliardaire qui aime bien se servir de sa canne comme d’une arme. Une référence plus qu’indiscutable quand on voit un chevalier manier un ustensile aussi atypique qu’une pelle. Loin d’être seulement décorative, cet outil lui servira pour placer quelques coups sur le coin du crâne de ses ennemis, mais aussi pour se frayer un chemin à travers la terre. Cette arme à donc une forte utilité et pourra également servir durant un saut à la verticale, qui montrera très vite sa grande efficacité. Pas besoin de grand discours pour vous faire comprendre que cette petite truelle deviendra rapidement votre meilleure amie. Surtout qu’en face, il y a des chevaliers qui ne manqueront pas de fournir une bonne résistance. Souvent à grands coups de magie et de fourberie.
Tape pelle
Inutile de sortir les grands mots, pour souligner toute l’ingéniosité dont fait preuve le level design. Même si l’on sent une forte inspiration de Zelda 2, pour les rares personnes qui ont su l’apprécier, Shovel Knight apporte son lot de mécaniques bien pensés et habilement mis en place. Rien d’insurmontable non plus, mais qui demandera tout de même une bonne dose de dextérité pour ne pas passer l’arme à gauche trop souvent. Il faut dire cependant que malgré sa difficulté progressive, le jeu donne aux joueurs pas mal d’outils pour s’en sortir. On pense notamment aux points de contrôle habilement disséminés dans les niveaux. Et qui pour le peu que vous ne les cassiez pas pour récupérer un bonus d’or, vous serviront de zone de résurrection. La mort n’est donc pas un gros problème, même si vous vous retrouvez à chaque fois délesté d’un pourcentage de votre or, symbolisé par des sacs d’argent qui voleront dans les airs à l’endroit de votre trépas. Libre à vous de retourner les récupérer, avec le risque de les perdre définitivement si vous passer l’arme à gauche avant d’y arriver.
L’humour est un facteur important du jeu, sans pour autant être au centre de toute l’attention. Au mieux cela se mêle subtilement à des dialogues, notamment avant l’affrontement contre des boss qui ponctue la fin de chaque niveau. Des combats qui ne manqueront pas de mordant et il vaut mieux s’y frotter en étant préparer. C’est là que Shovel Knight montre peut-être sa faiblesse, car en plus d’offrir une aventure assez courte, celle-ci souffre également d’un petit déséquilibre qui peut vite prendre une ampleur démesurée. Le jeu propose en effet assez rapidement la possibilité de se tourner vers des des objets aux propriétés clairement trop puissantes. Des reliques qui octroient une invulnérabilité temporaire ou encore qui envoient des projectiles magiques, bien des manières de vous faciliter la vie. Heureusement, ce fait est légèrement amoindri à partir du moment où l’on décide d’arpenter le jeu dans son new game+, avec une difficulté accrue par des créatures plus résistantes et la présence des checkpoints revue à la baisse. Il est juste dommage de devoir se farcir l’aventure une première fois avant de vraiment pouvoir en profiter pleinement.
En conclusion
Comment ne pas succomber devant la délicatesse d’un jeu comme Shovel Knight. La sauce ne prendra peut-être pas pour tout le monde, notamment devant le classicisme dont fait preuve sa réalisation, aussi bien technique que visuelle. Mais ce serait passer à coté d’un jeu qui dispose d’énormément de qualités, au point qu’on aurait presque envie de faire l’impasse sur ses défauts. Une plus grande durée de vie ne lui aurait certes pas fait de mal, mais les plus téméraires auront vite fait d’avoir envie de gratter Shovel Knight dans ses moindres recoins, pour essorer le jeu dans tous les sens. Une belle leçon de savoir-faire qui nous est livrée par Yacht Club Games, mariant à la fois simplicité et ingéniosité.