Test – Styx Master of Shadows : de l’infiltration à la française

Avec Styx : Master of Shadows, le studio français Cyanide tente clairement d’imposer sa licence dans l’esprit des joueurs. Après Of Orcs & Men, c’est donc l’occasion de mettre en avant un de ses personnages, sous les traits d’un vieux gobelin légèrement roublard. Styx est un antihéros pur jus, mais c’est justement ce qui pourrait faire sortir ce jeu de l’ombre et nous offrir une belle surprise.

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Dans la cour des grands

En tout bon voleur qui se doit, comment résister à l’appel d’un endroit supposément rempli de trésors et de richesse. La tour d’Akenash est un immense château fortifié qui a été bâti autour de l’Arbre-Monde, un endroit gardé et convoité par les humains. De cette plante s’écoule l’Ambre, un liquide dorée qui coule également dans les veines de certaines créatures, comme les elfes, et qui peut devenir une véritable drogue. C’est dans ce contexte qu’on se trouve lancer, sans qu’on sache vraiment ce qu’on fait ici, hormis que notre cher Styx aimerait bien mettre la main sur le cœur de l’arbre. Le scénario mettant en scène notre petit gobelin verdâtre n’a de prime abord pas de quoi nous faire frétiller le bout de la moustache, mais ce contexte se développera assez rapidement pour laisser place à une aventure qui ne manque pas d’intérêt. Pas de quoi crier au génie, mais l’histoire à tout de même le mérite de nous réserver quelques surprises, ce qui est assez rare pour le souligner.

Il convient de s’attarder sur la tour en elle-même, car c’est là que va se dérouler tout notre périple. Il ne faut donc pas s’attendre à gambader dans de vastes prairies, puisqu’Akenash est une forteresse faite de tours et de couloirs sinueux. Cela n’empêche pas d’avoir un cadre parfois très différent en fonction de l’endroit qu’on doit traverser. Traverser une prison et ses salles de tortures ne nous laissera pas forcément la même impression que lorsqu’on s’aventurera dans les hauts quartiers des gardes, bien plus luxueux. Et c’est bien là-dessus que Styx : Master of Shadows arrive à se démarquer de la concurrence, car on sent réellement que Cyanide à véritablement voulu travailler l’univers de son jeu. Le contexte est cohérent et l’atmosphère vraiment saisissante.

Là où cela coince peut-être un peu plus c’est sur le plan graphique, car même si le jeu est loin d’être immonde, l’Unreal Engine 3 commence vraiment à accuser son âge. Rien de dramatique, mais la redondance de certaines textures et la modélisation sommaire de certains protagonistes aura parfois tendance à nous piquer les yeux. Là où ce sera un peu moins drôle, c’est quand le moteur physique aura tendance à coincer certains gardes dans le décor, voire à faire apparaître n’importe comment les gardes après le chargement d’une sauvegarde. Des bugs parfois énervant mais qui heureusement n’altère pas notre progression.

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Il faut passer par un petit trou de souris

Lorsqu’on aborde un jeu d’infiltration, en général on s’attend à ce que les développeurs nous laissent une certaine liberté dans nos mouvements. Et autant dire que c’est clairement ce que Cyanide à tenté de faire avec Styx : Master of Shadows car le level design qui se présente devant nos yeux est une petite merveille. Le jeu est segmenté en chapitres dans lesquels il faudra accomplir un ou plusieurs objectifs principaux, ainsi que parfois quelques missions secondaires, mais on est totalement libre d’aborder chaque situation comme bon nous semble. Le chemin pour se rendre à notre objectif est loin d’être linéaire et il faudra parfois faire preuve de patience pour y arriver. Notre personnage est une créature plutôt fragile et n’est pas fait pour le combat, même s’il sera parfois nécessaire de faire parler notre lame dans un duel. On utilisera plutôt sa petite taille pour se faufiler dans les recoins et de son agilité pour grimper le long des corniches. Se cacher sous une table ou sur un lustre en hauteur, longer une poutre pour passer sans bruit à travers une salle de gardes, ce sera notre lot quotidien.

Suivre le chemin qui semble le plus sécuritaire n’est d’ailleurs pas toujours la meilleure solution, car on pourrait facilement passer à coté d’une salle ou une cachette de contrebandiers qui renfermerait des objets fort salutaire. L’exploration est donc encouragé et cela permet même assez souvent de dévoiler des raccourcies qu’on ne soupçonnait pas du tout. Tout est donc fait pour qu’on puisse faire preuve de discrétion et observer tranquillement notre environnement, même s’il faudra parfois faire preuve de témérité. Malheureusement l’intelligence artificielle du jeu n’est pas irréprochable, surtout dans les premiers niveaux de difficulté. On apprend vite à contrecarrer les gardes de base, au point de souvent vider entièrement une salle sans trop de problème. Si vous êtes plus ou moins habitué au genre, on vous conseil donc allègrement de montrer la difficulté à son maximum. Même si heureusement, l’arrivé des chevaliers en armure et un peu plus tard des elfes changera pas mal votre approche.

Les actions à effectuer ne sont pas forcément nombreuse mais permettent tout de même de varier les plaisirs, mais surtout de s’adapter en fonction du problème qu’on va rencontrer. De manière classique, il va falloir profiter de la pénombre pour se cacher, en n’hésitant pas à éteindre les torches sur notre passage pour descendre la luminosité environnante. Le tatouage sur le bras de Styx est dans ce contexte d’une forte utilité, puisqu’il s’illumine lorsqu’on est suffisamment dans l’ombre. Classique, mais toujours aussi efficace. Remplir les objectifs pourra aussi débloquer des points de compétence qu’on pourra attribuer pour débloquer de nouvelles capacités. En plus d’améliorer nos aptitudes de base comme l’assassinat, on gagnera aussi des pouvoirs qui utiliseront notre jauge d’ambre. En plus d’une vision accrue pour détecter les éléments avec lesquels on peut interagir et une invisibilité temporaire, c’est la possibilité de créer un clone qui va se montrer utile. Cette bestiole peut nous servir à actionner des leviers, créer des diversions, enchevêtré des vigiles, voir piéger des coffres ou des armoires pour tuer un pauvre garde qui passerait par là.

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Toujours un peu plus dans la caboche

Sous ses traits de jeu dématérialisé à faible prix, Styx : Master of Shadows à toutes les qualités pour jouer dans la cours des grands. Car malgré quelques petits défauts, comme la gestion des sauts un peu capricieuse par moment, notamment pour passer d’un point d’accroche à l’autre quand on est suspendu à un mur. Mais en dehors de ça, on peut trouvera peu de choses à reprocher à ce jeu. On aurait aimé peut-être un peu plus de folie dans les missions, qui demandent souvent de se rendre d’un point à l’autre de la carte. Heureusement les objectifs secondaires, comme la chasse aux reliques, demandera un peu plus de réflexion et de jugeote pour pouvoir tous les dénicher. Surtout que Cyanide a décidé de ne pas prendre le joueur par la main, en lui imposant une carte qui n’indique pas notre position. Si l’on rajoute à cela les emblèmes de fin de mission, demandant de terminer une mission sans créer d’alerte, sans tuer personne, en ramassant tous les trésors, voire dans un temps donné. Autant dire qu’il y a de quoi faire. Il faut en effet compter une bonne vingtaine d’heures au chrono pour terminer le jeu une première fois, sans parler des heures supplémentaires qui s’y grefferont si l’on essaye de tout compléter ou si vous voulez finir le jeu avec tous les défis.

 

En conclusion

Comment résumer Styx : Master of Shadows, autrement qu’en disant qu’il s’agit d’une franche réussite. Bien entendu, le jeu n’est pas exempt de défauts mais cela ne nous empêche pas d’y passer un agréable moment. Car bien que classique dans son approche de l’infiltration, le jeu de Cyanide nous offre une belle leçon de level design, en plus de nous plonger dans un univers cohérent avec un scénario qui se dévoile petit à petit à nous. On aurait tout de même appréciée que le jeu se démarque un peu plus sur le plan technique. Car même si les environnements peuvent paraître relativement jolis par moment, c’est loin d’être le cas pour le moteur physique et l’IA des gardes qui souffre parfois de quelques ratés. Mais ce serait dommage de s’arrêté là-dessus, car à coté de ça le jeu à de nombreuse qualités à nous offrir.

Par Cédric Fischer

Rédacteur en chef

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