Une aventure visuelle et qui va chambouler nos émotions. C’est plus ou moins ce que les développeurs d’Uppercut Games ont tenté de nous promettre avec Submerged. Il faut dire que plusieurs facteurs étaient réunis pour qu’on puisse ouvertement gober ce doux mensonge. Mais comme bien souvent, on est encore une fois bien plus proche de la noyade vidéoludique, que du vrai chef d’œuvre.
Le drame commence
Le décor de Submerged est assez vite planté avec une courte cinématique d’introduction qui va brièvement nous faire comprendre que Taku, le jeune frère de Miku, est à l’article de la mort. Arrivée en bateau dans ce qui ressemble à une ville engloutie par les eaux, la jeune fille va poser son frère dans le premier bâtiment qu’elle va trouver, pour partir ensuite à la recherche d’un moyen de le sauver. Heureusement, pour une raison qui nous échappe évidemment, il y a plusieurs caisses de ravitaillement qui ont été parachuté sur divers édifices de ce qui reste de la cité. On sera donc amené à faire des balades en barque pour trouver ces endroits et ensuite escalader les buildings, pour se rendre tout en haut. Un concept qui n’est pas tant dénué de sens et qui aurait largement pu être intéressant. Mais dès le début on se rend compte que quelque chose ne fonctionne pas.
Qu’on se le dise tout de suite, la promenade sur l’eau est probablement la phase dans laquelle on s’amusera le plus. Bien que cela soit tout relatif, car il suffit de quelques minutes pour en voir les limites. Se mouvoir sur les eaux et voir apparaître des baleines au loin et des genres de dauphins près de notre embarcation, c’est plutôt amusant, mais c’est avant qu’on tombe sur tous les problèmes du jeu. Si l’environnement ne manque pas d’un certain charme, avec cette ville laissée à l’abandon des éléments et dame nature qui reprend ses droits. Avec une végétation qui pousse un peu partout sur les ruines. Derrière ce premier constat, on se voit frappé de plein fouet par la réalisation qui fait peine à voir. Il faut dire que l’impression de voir souvent les mêmes constructions peut largement nous mettre la puce à l’oreille.
En plus des animations de Miku qui sont d’une grande rigidité, il va falloir aussi se coltiner toute une foule de problèmes technique. Entre les ralentissements et les textures qui ont parfois du mal à s’afficher, il faudra aussi faire face à de longs chargements. Des tentatives ont été faites pour rendre l’univers un peu plus cohérent, avec un cycle de jour et nuit, ainsi qu’une pluie qui s’active de temps en temps mais cela ne suffit clairement pas pour palier à tous les défauts technique qu’on va être amené à rencontrer. Notamment car ces tempêtes rendent le jeu bien trop sombre et nous empêche en plus de voir où on va. Et le naufrage ne s’arrête pas là malheureusement, puisque tout le reste ne tient pas plus la route.

L’errance du pauvre
Dans certaines situation on peut pardonner que la réalisation d’un jeu soit à la ramasse, car cela n’empêche pas de s’amuser. Dans le cas de Submerged c’est pourtant loin d’être le cas, avec une jouabilité qui ne nous propose quasiment rien. On vous l’a déjà dit mais le concept de base du jeu aurait pu être assez intéressant, mais la mise en place et son exploitation est tellement catastrophique qu’on peut parler d’un véritable naufrage. Dans les faits, on passe quelques minutes à se déplacer entre les immeubles, pour sortir de temps en temps notre longue-vue et ainsi marquer sur la carte les lieux où se trouvent les caisses rouges et les secrets à ramasser. On pourra ensuite se rendre dans la bonne direction et trouver l’endroit où il faut grimper, qui est soigneusement indiqué par des fleurs rouges. Comme c’est pratique. Et c’est à partir de là que démarre notre ascension pour trouver la fameuse caisse qui contient l’objet dont-a besoin notre frère.
Bien entendu il n’est pas question d’explorer l’intérieur d’un édifice, mais seulement de se promener sur sa façade. Le chemin est d’ailleurs tout tracé et il est pratiquement impossible de se tromper. Les rares bifurcations amèneront à chaque fois vers un des nombreux secrets à ramasser. Autrement on avance en ligne droite vers le sommet pour ouvrir une caisse, puis on se retrouve automatiquement près de notre frère le temps d’une courte cinématique. Ensuite on redémarre le lendemain matin pour chercher une nouvelle caisse. Rien de palpitant. Surtout que l’escalade est d’un ennui mortel et qu’il suffit de pousser le stick pour que Miku grimpe dans la bonne direction, sur des corniches ou autres lianes. Il n’y a aucune notion de saut et encore moins de mourir en tombant. C’est un principe qui peut se comprendre par la volonté d’immerger le joueur dans un gameplay basé sur la narration et la contemplation, mais encore aurait-il fallu que le jeu ait véritablement quelque chose à raconter.
L’enjeu initial de sauver le frère de Miku devient rapidement une simple excuse pour nous faire courir après les caisses rouges. Il n’est d’ailleurs même pas question de les chercher dans le bon ordre, car peu importe celle qu’on va ouvrir, elle contiendra toujours l’objet qu’on cherche. En se concentrant seulement sur cette petite carotte tel un âne obstiné, il suffira de deux petites heures pour voir le bout du jeu. Ce qu’on aura même du mal à qualifier comme étant une aventure, car la fin est expédié le temps d’une cinématique de quelques secondes. La narration est pour ainsi dire inexistante et on ne se prend jamais d’affection pour les deux protagonistes. Le destin de Miku nous est indifférent et la veine tentative d’apporter un semblant de suspense, avec les créatures errants dans la ville et qui nous observent en permanence, tombe complètement à plat. On essaye vaguement de mettre en place une histoire, avec des images symboliques qu’il faudra interpréter et une forme d’écriture à déchiffrer (On peut trouver les premières lettres de cet alphabet dans le titre du jeu). Mais il y a fort à parier que peu de joueurs vont faire cet effort, car il faut bien avouer quel’univers du jeu ne nous donne pas envie de s’y investir.
En conclusion
L’on pourrait croire à une mauvaise blague, mais force de constater que Submerged est bien réel et qu’il faut faire avec. Il est presque impossible de lui trouver une qualité, car d’un bout à l’autre c’est un échec cuisant. L’envie aura été de nous donner une expérience narrative, en puisant dans les émotions du joueur. C’est en tout cas ce qu’on ressent quand on regarde le jeu dans sa globalité, mais la réalisation est un tel désastre qu’on ne peut que secouer la tête devant un tels gâchis. Un essai complètement raté et qui tombe à l’eau, aussi bien sur le plan technique qu’en terme de gameplay qui peine à apporter un quelconque intérêt au jeu.