S’il y a bien une chose qu’on peut dors et déjà énoncer avec Super Time Force, c’est que Capybara Games a une drôle de définition en ce qui concerne le sauvetage du monde. Il faut dire que leur dernière production est loin de se prendre au sérieux, aussi bien sur le fond que sur la forme. Sous couverture d’un jeu encore une fois cloitré dans le pixel, c’est dans le cadre du programme ID@Xbox qu’on peut enfin découvrir cette curiosité.
Chouette, c’est comme Timecop
Derrière l’excuse d’une histoire aussi invraisemblable que drôle, Super Time Force part sur le constat qu’il faut une équipe de tonnerre capable de voyager à travers le temps afin de réparer les erreurs du passé. C’est en tout cas la mission qui a été attribué aux trois larrons qui forment notre équipe de base. Jean Rambois est le militaire au gros canon, Shieldy Blockerson dispose d’un bouclier pour renvoyer les tirs, tandis qu’Aimy McKillin est une snipeuse qui peut tirer à travers les murs. Mais même armé jusqu’aux dents et paré à toute éventualité, les voyages temporels de nos amis sont soumis à des conditions quelque peu restrictives. Le premier étant un chrono principal qui s’affiche tel une épée de Damoclès au dessus de notre tête, et dont la fin du compte à rebours détermine notre mort inéluctable. Car la grande faucheuse est omniprésente dans Super Time Force, au point que trépasser dans l’autre monde devient presque une mécanique de gameplay à part entière. Heureusement, notre capacité de voyageur dans le temps nous permettra de rembobiner l’action, afin revenir en arrière à un endroit où la situation nous serait plus favorable. Malheureusement, ce pouvoir est seulement utilisable une trentaine de fois, même si l’heureux hasard voudra qu’on puisse glaner quelques utilisations supplémentaires au fil des niveaux.
L’action effrénée de Super Time Force est à la hauteur de la frustration qui peut émanée de nous après une seule partie. Avantageusement, on profite d’un tutoriel salvateur et qui nous met rapidement dans le bain, en nous expliquant dans les grandes lignes l’utilisation de notre pouvoir temporel. Car en plus de pouvoir sauver notre peau avec son aide, on lui découvre assez vite un aspect totalement jouissif. Celui de pouvoir combiner les capacités de nos compagnons, en créant des sortes de fantômes de nos vies antérieures. Concrètement, chaque fois qu’on rembobine le temps, on conserve l’empreinte de notre personnage qui effectuera toutes les actions qu’il avait fait avant de mourir. Chaque retour en arrière nous permet de choisir un nouveau personnage, permettant ainsi d’établir une stratégie en fonction des ennemis ou situations rencontrés. L’intérêt est de cumuler plusieurs fantômes, afin de nous faciliter l’avancé dans le niveau. Et on se rend compte à l’évidence que cela devient vite primordial, au risque d’avoir rapidement une sacrée bouillie de pixels à l’écran, mais c’est tristement le prix payer pour se frayer un chemin au travers des projectiles ennemis.
Les niveaux sont dans l’absolu construit de manière à profiter entièrement de l’avantage de taille que nous permet ce retour dans le temps. Les pièges ne sont pas nombreux, mais juste assez vicieux pour qu’on ne puisse pas toujours les anticiper. On en vient à recommencer à deux ou trois reprises un tableau avant de vraiment cerner le trajet optimal. C’est même plutôt recommandé, surtout si vous vous mettez en tête de récolter tous les éléments à collectionner ou même juste pour améliorer vos scores. On apprend donc vite à tirer avantages de nos personnages, en plus de ceux qu’on peut débloquer par la suite. Surtout qu’on découvre par la suite qu’il est possible de combiner les compétences, ce qui apporte encore une autre dimension au jeu. Lorsqu’on fait en sorte qu’un de nos fantômes termine sa course sans mourir, il est possible de le ramasser tel un bonus de pouvoir. On reçoit ainsi l’opportunité de résister à une attaque, tel un cœur de vie supplémentaire, mais on empoche aussi sa capacité. On peut ainsi emmagasiner jusqu’à deux pouvoirs et ce gain non négligeable devient une nécessité si l’on veut terminer dans les temps un niveau. L’apprentissage par l’échec est donc conséquent et il faut un peu de patience pour arriver à vraiment maitriser toutes les subtilités de Super Time Force. Mais une fois qu’on aura passé ce cap, le jeu devient un vrai défouloir où presque tout est permis.
Des Pixels et des Sprites
En s’attardant un peu sur la direction artistique de Super Time Force, on pourrait se dire qu’on a encore une fois le droit à un jeu estampillé au pixel-art. Même si l’overdose peut être amené à nous frôler en ce moment, notamment du coté de la scène indépendante, il faut reconnaître que Capybara Games à fait un travail époustouflant. Notamment lorsqu’on traverse les différents niveaux qui nous font passer d‘un plan futuriste à celui de la préhistoire, en passant par l’époque médiévale. Même si l’on pourra pointer du doigt de petits égarements, notamment sur la reconnaissance des plates-formes ou des tirs ennemis. L’action est parfois tellement chargée, qu’il arrive fréquemment qu’on n’arrive pas à décerner les endroits sur lesquels on peut monter. Le comble étant qu’on meurt souvent sans vraiment savoir ce qui nous a heurté, notamment à cause des projectiles qui se confondent trop facilement avec les décors. Un défaut qu’on laisse facilement de coté, surtout quand la mort n’est finalement pas si pénalisante que ça. On assimile promptement les différentes manières de mourir, au point que cela en devient naturel et qu’on n’y fait même plus attention. C’est d’autant plus vrai face à des boss qui, en plus d’être souvent aussi drôle d’impressionnant, laisse place à une routine d’attaque qu’on apprend vite par cœur.
Ce qu’on appelle communément le Die&Retry est donc un atout important de tout ce qui fait l’attrait de Super Time Force. Un aspect qui risque de ne pas convenir à tout le monde, mais qui après un petit temps d’accommodation, devient jubilatoire. Ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose quand on s’attèle à l’unique point noir du jeu, qui se trouve être sa faible durée de vie. En ligne droite, il suffira d’à peine quatre petites heures avant de venir au bout de l’aventure. Et même tous les clins d’œil de bon goût disséminé ça et là dans le jeu n’arriveront pas à palier à ce léger manque de contenu. Comme d’habitude, on a tenté de masquer cette carence par une tripoté de bonus à collecter, mais seulement les joueurs les plus téméraires essayeront vraiment de tout récolter. Pour un challenge un peu plus corsé que celui du jeu de base, on pourra également se tourner vers le mode Super Hardcore. Dans ce dernier on revisite tout simplement le jeu dans sa globalité, mais avec une utilisation restreinte de nos personnages. Un bon moyen de rallonger un peu l’expérience, tout cas pour ceux qui auront la persévérance de s’y lancer.
En conclusion
En étant un peu récalcitrant, on pourrait dire que Super Time Force ne fait que piquer des idées qu’on avait déjà pu entrevoir dans d’autres productions. Mais ce ne serait passé à coté d’un titre vraiment rafraichissant et qui arrive sans peine à nous convaincre, pour le peu qu’on prenne un peu de temps à s’imprégner de son ambiance. Derrière l’explosion de pixels se cache également un mélange de mécaniques très bien pensé et dont l’utilisation devient très vite intuitif. On prend vraiment du plaisir à arpenter cet univers complètement loufoque, qui fourmille de références en tout genre, au point de presque en faire une indigestion de plaisir.