On aura beau reprocher à Nintendo d’exploiter un peu trop souvent leurs licences phares, mais il faut reconnaître que quand il s’agit d’une saga comme celles de Zelda, on reste toujours un peu faible. Notamment quand l’éditeur se met en tête de ressortir de ses cartons, le très controversé mais toujours aussi splendide The Legend of Zelda : The Wind Waker. Pour une fois, la pompeuse dénomination de HD n’aura jamais été aussi pertinente, puisqu’une sortie sur Wii U est le bon moyen d’utiliser pleinement les capacités de la console. De nouveaux ajustements qui nous donnent l’excuse de se replonger dans une aventure à travers les mers d’Hyrule.
L’appel du large
The Wind Waker est clairement un titre qui étonne à bien des égards. Difficile de faire l’impasse sur la polémique qui entoure le jeu, au point que cela à scindé toute une génération de fans au moment de sa sortie au début des années 2000. Le parti pris graphique d’avoir fait un jeu entièrement en cel-shading, aura beau avoir divisé à l’époque, il n’en reste pas moins que ce choix aura été bénéfique. Puisque Wind Waker peut se vanter d’avoir traversé le temps sans trop d’encombre. Le jeu n’a clairement pas pris une seule ride, ce qui pouvait légitimement faire monter la question concernant le besoin d’en faire un remake. Pourtant il faut reconnaitre que ce qui fonctionnait à merveille il y a une décennie, est toujours aussi saisissant après un passage dans la moulinette de la haute définition. The Legend of Zelda : The Wind Waker HD est sans conteste un des plus beaux jeux qu’on peut trouver actuellement sur Wii U. Qu’on soit en train de se balader sur les mers tumultueuses ou de gambader dans les archipels d’îles exotiques, le travail effectué sur le jeu est plus que saisissant. C’est beau et on en prend plein les mirettes. Un lifting esthétique qui pourrait justifié à lui seul qu’on se laisse à nouveau convaincre. Mais heureusement bien d’autres changements viennent s’y greffer. Afin d’apporter une seconde jeuneuse amplement mérité à ce classique de le GameCube.
Le premier ajout et assez incontournable quand on mentionne la Wii U, c’est bien entendu le GamePad. Les fonctionnalités de la manette sont sans surprises, mais s’intègrent parfaitement aux maniements d’un jeu tel que Wind Waker. L’usage du gyroscope est par exemple attribué à la visée, lorsqu’on utilise le grappin ou le boomerang. Il faut pourtant avouer qu’on aura vite fait d’utiliser le stick droit, qui se montre bien plus intuitif et rapide durant les combats. On regrette souvent que l’écran tactile ne serve à rien de plus qu’à la gestion de l’inventaire. Mais il faut reconnaître que pouvoir changer un objet à la volée et l’affecter très facilement à un bouton de la manette, sans devoir obligatoirement passer par le menu de pause, est un petit luxe qu’on ne reniera pas. Le vrai petit plaisir vient pourtant de l’affichage de la carte, qui mine de rien apporte un confort non négligeable durant nos déplacements aquatiques ou dans les donjons. La manette Pro reste une option alternative pour les puristes, mais cela serait passé à coté d’un grand nombre d’ajouts qui rendent le jeu moins laborieux. Wii U oblige, il est même possible de jouer uniquement sur l’écran du GamePad, mais ce serait se priver de l’apport du double écran.
Sans grande prise de risque
Le remaniement de Wind Waker HD n’aura pris que quelques mois à Nintendo, mais on sent que l’éditeur à nettement voulu apporter un nouveau regard sur son jeu, tout en écoutant la critique des joueurs. La baguette est un bon aperçu de ces ajustements, puisque ceux d’entre vous qui ont déjà pu s’adonner à la première version du jeu, savent très bien à quel point son utilisation pouvait être redondante. A chaque changement de cap, il était nécessaire de ressortir la baguette afin de lancer le chant adéquat pour changer l’orientation du vent. Il est maintenant possible de retrouver la liste des chants directement sur l’écran du GamePad, ce qui facilite leur mémorisation. Le changement le plus notable, reste cependant la possibilité de faire l’acquisition assez rapidement d’une voile magique, qui augmentera notre vitesse de déplacement. En plus de toujours faire souffler le vent dans la bonne direction. Un ajout discret et optionnel mais qui démontre que les développeurs ont résolument voulu ouvrir leur jeu à un nouveau public, tout en essayant de satisfaire les joueurs plus exigeants. On pense notamment au mode héroïque qu’on peut activer avant de lancer une sauvegarde, augmentant les dégâts des monstres qu’on est amené à rencontrer, ainsi que l’absence de coeur à ramasser.
La magie de Nintendo est d’adapter et de recycler leurs anciennes idées, pour les remettre au goût du jour sans pour autant perdre l’essence de leur jeu. Un peu comme ce qui se rapporte à la quête annexe de Tingle, initié dans sa version GameCube avec la possibilité de relier la GameBoy Advance à la console de salon. Ce dispositif permettait de résoudre un objectif secondaire, avec l’aide de l’avant-poste du fameux lutin qui apparaissait dès qu’on le délivre dans la ville de mercantile. Sur le fond, le fonctionnement n’est pas du tout le même, puisque sur Wii U cela met en évidence l’utilisation du Miiverse. Le réseau social de Nintendo est ainsi intégré dans Wind Waker HD, avec la possibilité d’envoyer des messages ou dessins, sous la forme d’une bouteille largué en pleine mer. C’est même des captures d’écran qui pourront ainsi être envoyé et reçu, puisque qu’on trouve fréquemment des bouteilles dans l’eau qui contiennent les lettres provenant d’autres joueurs. Une idée sympathique qui ne rajoute finalement pas grand-chose au jeu et dont-on fera vite l’impasse, mais qui aura au moins le mérite d’exister.
On soigne les détails
Une autre modification et réellement bienvenue, concerne un passage souvent dénigré par les joueurs, qui est celui de rassembler les morceaux de la Triforce. Cela demandait de résoudre une longue et fastidieuse quête, en récoltant et en faisant traduire huit cartes par Tingle qui permettaient de connaitre l’emplacement des fragments. Dans cette adaptation HD de The Legend of Zelda : The Wind Waker, il suffit maintenant de faire traduire trois cartes pour terminer la quête. Ce qui réduit grandement les allers-retours en mer, rendant la progression beaucoup moins fastidieuse et bien plus agréable. Cette deuxième moitié de l’aventure à souvent été la cause de l’abandon pur et simple d’un grand nombre de parties, par des joueurs qui n’avaient pas la patience de continuer leur périple dans le jeu. L’accusation d’un manque de rythme plus que flagrant à souvent été pointé du doigt. Une leçon que Nintendo semble avoir retenu, puisque ces petits défauts ont été corrigés, pour finalement aboutir sur une version presque parfaite de The Wind Waker.
Les mauvaises langues pourront toujours se dire qu’un petit remaniement graphique ne suffit pas pour relancer l’intérêt d’un jeu, mais la preuve flagrante est qu’on se laisse pourtant facilement happer par The Legend of Zelda : The Wind Waker HD. A n’en pas douter que tout ceux qui n’ont jamais pu s’y adonner, passeront facilement le pas. On pourra regretter que ce remake n’intègre pas plus de contenu, comme des quêtes secondaires (qui sont déjà nombreuses de base) ou des donjons supplémentaires, mais heureusement l’ensemble se suffit à lui-même pour ne pas se sentir lésé. Il aura suffit d’un deuxième écran et des petits réglages pour apporter un second souffle au jeu. Les possesseurs de Wii U pourront enfin allumer leur console, le temps de passer quelques soirées bien animées en compagnie de notre héros habillé tout en vert.
En conclusion
Il est toujours difficile de juger de la pertinence d’un remake, car il faut se dire que les nouveautés doivent être assez nombreuses ou intéressantes pour valider son existence, tout en se mettant à la place des joueurs qui n’ont jamais touché au jeu d’origine. Dans les deux cas, The Legend of Zelda : The Wind Waker HD ne laisse planer aucun doute sur le savoir faire de Nintendo. Il aura suffit d’un écran tactile et de quelques ajustements pour lisser à la perfection un titre, qui souffrait simplement de quelques maladresses. Une bonne manière de faire ou refaire une aventure rythmée par la douceur des vagues. De quoi se laisser séduire par une direction artistique toujours aussi prenante et l’envie de se plonger dans les mers bleutées d’Hyrule.