Avant de débarquer sur PS4 pour notre plus grand plaisir, The vanishing of Ethan Carter avait fait ses preuves sur PC il y a un peu moins d’un an. Dixit les FPS pour ados en surcharge hormonales, si vous voulez jouer à ce jeu, il faudra être équipé de votre cerveau. Même si les membres de The Astronauts sont issus d’ anciens de People Can Fly, ils se lancent dans la controverse avec une ballade narrative, est-ce une bonne idée?
Constantine en quête
Paul Prospero est votre nom et c’est à la sortie d’un long tunnel sous une voix off qui doit être la vôtre que vous rentrez dans la peau de ce personnage. Vous êtes un détective de l’occulte avec une perception intuitive hors norme, on touche la limite de l’extra-sensoriel. Nous voilà face à une forêt luxuriante, inquiétante où la lumière passe finement, laissant cette ambiance mystique et cette sensation d’insécurité. Contacté par le petit Ethan Carter, celui-ci est maintenant disparu et notre fin limier a du troquer son canapé et sa bière pour venir retrouver le petit garçon à Red Creek Valley, un village américain perdu (qui existe vraiment dans le Kansas), tout droit sorti des romans de Stephen King quelque part dans le Maine.
Ce village à l’abandon a une étrange configuration, en montagne à côté d’un barrage électrique et d’une mine de charbon, on peut y trouver quelques maisons avec une architecture inquiétante dont une tout droit sortie d’Amityville et une église mi- gothique, mi-nordique qui donne un aspect malsain et étrange. Les paysages somptueux avec des couleurs ternes et des dominantes suivant les endroits accompagnés à un jeu de lumière donnent cette atmosphère mystique et étrange qui rappelle quelques épisodes de Twin Peaks, tant la disparition d’Ethan Carter et celle de Laura Palmer partagent la même ambiance opaque et pesante.
Oculus Magnificus
Si le moteur du jeu sur PC était l’excellent Unreal Engine 3, The Astronauts a voulu nous régaler sur PS4 en utilisant la version 4 du moteur ce qui apporte un plus à l’image puisque l’on joue en 1080p appréciant complètement le Full HD et un frame rate oscillant entre 60 et 30 images/seconde. Cette chute de frame peut occasionner par moment des soubresauts d’image de quelques millisecondes qui sont vite oubliés tellement le jeu est immersif et prenant. Clairement, The Vanishing of Ethan Carter est un orgasme visuel, pas une texture équivalente, chaque pixel est à sa place et on est face à du photoréalisme. Cet incroyable tour de force est dû à la technique de photogrammétrie qui consiste à utiliser des clichés d’objets pris sous plusieurs angles et combinés à l’aide d’outils 3D.
Et le résultat est là! C’est tellement beau et fin qu’il est agréable de prendre sont temps à se ballader entre les herbes et les arbres et découvrir ces paysages paradisiaques dont on prend conscience que la terre en est pourvue. Et pour appuyer encore plus sur l’immersion, une bande-son fuyante par moment laissant la sonorité de la nature opérer, les insectes, le vent dans les arbres, le bruissement de l’herbe sous vos pieds, les corbeaux, il ne manquait plus que la sensation de vent sur votre peau et les odeurs de pins pour être complètement dépaysées. Mikołaj Stroiński a aussi fait un travail remarquable sur la musique qui va-et-vient par succession d’événements et dont on peut deviner des petites touches discrètes le travail d’Angelo Badalamenti sur la série Twin Peaks.
Home Alone
« Ce jeu est une expérience narrative qui ne vous tiendra pas la main ». Voici le message de The Astronauts avant même de commencer The vanishing of Ethan Carter et qui mérite d’être clair! En gros, « Nous, on a fait notre job, à vous de vous débrouiller… » Cela a le mérite de faire la controverse auprès des joueurs, car si pour certains c’est une grande force, pour d’autres l’aventure deviens quelque peu compliquée. La clé de The vanishing of Ethan Carter est la découverte, il faut être curieux et fouiller les moindres recoins pour ne pas passer à côté d’une histoire annexe, car y’a du chemin à parcourir avant le dénouement de l’histoire et s’il manque un indice raté au début du jeu, vous êtes bon pour l’aller-retour, sans bus, sans voiture, à pied et c’est long… Mais il n’y a pas d’ordre pour autant, vous pouvez résoudre les énigmes comme il vous convient sans pour autant entacher le sens chronologique de la narration pour une raison que vous découvrirez en y jouant. Donc les impatients frénétiques issus de l’univers Call of ou Battlefield, passez votre chemin, ce titre n’est pas pour vous.
On se déplace comme un FPS classique mis à part le fait que Paul ne peut pas sauter, de façon à ne pas franchir les murs invisibles représentés par des monticules de roches ou précipices infranchissables. Toujours à la recherche du petit Ethan, notre détective va parcourir de magnifiques paysages à la recherche d’indices qui pourrait aiguiller vers le passage du gamin ou de ses ravisseurs. Et il arrive parfois que notre fin limier tombe sur un cadavre mutilé et grâce à sa grande capacité de déduction, il va devoir réunir un maximum d’indices pour un maximum d’informations. Lorsque tous les éléments trouvés nous permet d’en déduire la scène de crime, on entre alors au touché du défunt dans une dimension parallèle où le temps est figé, et des scènes fantomatiques qu’il faudra remettre dans l’ordre pour qu’au final le jeu nous donne raison par une petite séquence qui nous retrace le déroulement des événements où souvent le petit Carter est impliqué malgré lui, mais permet aussi nous diriger et faire avancer l’enquête vers la prochaine énigme à résoudre.
Conclusion
The vanishing of Ethan Carter est une expérience narrative où vous et seulement vous écrivez votre histoire. C’est une expérience envoûtante comme l’a pu être Dear Esther ou Gone Home avec une conclusion des plus étonnante. Pas de temps mort, chaque scène rencontrée c’est des questions en plus dans votre tête dans une immersion presque totale avec des décors somptueux à couper le souffle. Découvrir, enquêter, progresser sera votre credo pour un excellent moment de 3 à 6 heures selon votre capacité de déduction. Ce jeu pourrait être une expérience encore plus folle avec un casque VR et c’est peut-être son futur qui sait?