Parfois, il y a des jeux qui aiment bien se faire attendre. L’annonce du développement est tombé trop tôt ou alors, les développeurs ont dû faire face au aléas d’une industrie qui ne pardonne pas toujours. Toki fait partie de ces jeux qui ont eu un gros passage à vide et qu’on avait presque oublié depuis son annonce en 2009. Après quelques reports et bien voilà qu’il pointe enfin le bout de son nez sur Nintendo Switch.
Pourquoi en faire un remake
Il y a maintenant presque trente ans les joueurs ont pu voir la sortie d’un jeu, qui leur permettait d’incarner un primate. Et il n’est pas question ici d’une des mascottes éponymes de Nintendo, mais simplement d’un héros maudit par un sorcier qui a simplement l’objectif d’aller sauver sa dulcinée. Son aventure ne diffère pas des années 90, sauf que le passage par la case du remake lui offre inévitablement un ravalement de façade. Car bien que fidèle visuellement à ses débuts, Toki a subit un lifting lors de son arrivé sur Nintendo Switch. Et pas besoin de faire son difficile devant le résultat car il faut aisément admettre que le jeu est artistiquement plus que réussi. Mais comme souvent cela ne suffit pas pour déterminer qu’il s’agit d’un bon jeu, notamment quand ce dernier reste fidèle à ses origines, voire un peu trop.
Quand on parle d’arcade, il nous vient irrémédiablement dans l’esprit des jeux au gameplay facile à assimiler, mais qui offre quand même une belle résistance aux joueurs. Il était nécessaire que le client perd souvent, afin qu’il dépense le plus de pièces possible dans la machine. Avec seulement six tableaux, Toki est un jeu qui se termine en une trentaine de minutes si l’on connaît le parcours. Mais cette réussite sera seulement possible après y avoir passé des parties acharnées et en ayant vu la mort encore plus souvent. Heureusement cette variable a légèrement été atténuée en nous donnant la possibilité de modifier le niveau de difficulté, ce qui ira directement impacter le nombre de continues, de vies ou encore la proportion de coups nécessaire pour tuer un ennemi. Des options qui ne chamboulent pas le plaisir de jeu, mais qui permet au moins de rendre Toki plus accessible à la nouvelle génération.

Cela n’en fait pas pour autant un mauvais jeu, loin de là. Mais même si l’enrobage est fait avec amour, on reste dans un gameplay qui ne se destine clairement pas à toutes les mains. Les contrôles du personnage ne sont pas à pointer du doigt, dans la mesure où elles sont simples de compréhension. On peut terrasser nos adversaires en leur sautant dessus, mais la grande majorité du temps on utilisera notre capacité à cracher des boulettes à distance. Et les divers bonus qu’on peut ramasser pour augmenter nos capacités ne seront pas de trop pour boucler les niveaux. Il n’y a pas de grands passages de plates-formes où on nous demande d’avoir une dextérité exemplaire pour s’en sortir. Par contre notre progression n’en restera pas moins très exigeante, et la moindre erreur ne pardonne pas.
On pourrait dire que Toki souffre du syndrome du remake qui veut trop coller à ses origines. La réorchestration des musiques et la patte artistique qui englobe tout le jeu, nous prouve que tout a été mis en oeuvre pour réaliser un jeu qui ira satisfaire tous les fans de la première heure. Et c’est justement cette recherche de la perfection qui risque de gâcher l’expérience des nouveaux joueurs. Après il est difficile de blâmer cette vision du jeu, car il faut se dire que Toki n’est pas un jeu qui vise un public très large. C’est un pur produit de fan et fait pour les fans. Il ne faut pas y voir autre chose et au mieux, cela permet de faire un premier pas vers des jeux qui nous en demandent un peu plus.
En conclusion
Dans un cas tel que Toki il n’est pas toujours facile de définir s’il est pertinent d’en faire un remake. Les nostalgiques se targueraient de dire que c’est amplement mérité car il s’agit d’un classique de l’arcade. Certes, mais comme bien souvent quand on parle d’arcade il est synonyme de jeu difficile et souvent très court. Et malheureusement Toki n’y fait pas exception, car derrière son superbe ravalement de façade se cache un titre qui souffre de tous les défauts de son épisode d’origine. Il faut dire que dans ce cas de figure il fallait de toute évidence faire un choix. Et c’est celui de la fidélité qui a été fait, pour le plus grand bonheur des amoureux de l’arcade des années 80.