Est-il vraiment nécessaire de présenter une série telle que Worms ? Après une multitude de déclinaisons au travers des années, la célèbre licence de Team 17 a véritablement souffert de cette surexploitation. Au milieu des tentatives en 3D et des épisodes en 2D qui ne faisaient que reprendre la recette d’origine sans apporter un iota d’innovation, quelques jeux ont tout de même réussi à satisfaire nos soirées entre amis. Reste plus qu’à déterminer dans quelle catégorie se range cette fameuse promesse de Révolution.
Les batailles de tranchées
Faire la guerre n’a jamais été une activité très amusante, mais c’était bien avant l’arrivé des Worms. Une entrée fracassante dans notre vie de joueur, qui s’est faite à grand coups d’explosions il y de cela maintenant presque deux décennies. L’idée de diriger une troupe de lombrics armés jusqu’aux dents et dont l’unique objectif est de s’entretuer, n’a pas de quoi faire gagner le prix Nobel, mais dans la pratique cela reste pourtant très divertissant. Malgré quelques opus plutôt plaisants, il faut pourtant reconnaitre que la Team 17 a eu beaucoup de mal à renouveler le principe. La faute à de médiocres tentatives d’incursions dans le monde de la 3D et des spin-off par toujours très pertinents qui ont fini par nous lasser.
Pas besoin de chercher bien loin pour noter la première nouveauté inaugurée par Worms Révolution. Dès le tutoriel on se rend à l’évidence qu’un effort a été fait pour nous surprendre, et c’est le cas avec l’apparition des différents types de vers de terre. Quatre classes bien distinctes nous sont ainsi proposées. En plus du soldat de base qu’on connait déjà depuis belle lurette maintenant, l’Éclaireur peut ainsi se faufiler dans les passages plus étroits, tout en profitant de son agilité pour sauter plus haut et avancer rapidement. Tandis que le Scientifique soigne son équipe à chaque tour et profite de son intelligence pour augmenter l’efficacité de certaines armes, comme le déploiement des tourelles par exemple. Le Malabar en contrepartie fait office d’expert en armement, qui malgré une lourdeur accru dans ses déplacements, peut faire plus de dégâts que ses compatriotes et possède une plus grosse résistance face aux attaques.
Enfin du nouveau, mais pas trop non plus
Même si cela peut paraitre très classique et c’est le cas, ce petit ajout apporte une petite part de stratégie à un jeu qui en manquait cruellement. Chaque Worms aura son rôle dans la bataille et on pourra ainsi mettre en place diverses tactiques selon l’arrangement du terrain ou notre façon de combattre. Un comportement qu’on aura surtout durant la campagne solo face à la difficulté qui s’accroit rapidement, mais il faut bien reconnaitre que l’apport est assez limité en ce qui concerne le multi. Bien que l’impact soit réel, le déroulement de la partie s’en retrouve que très peu affecté. On ne peut pas en dire autant de l’eau qui fait enfin sa venue et qui engendre des situations assez cocasses.
Que cela soit à l’état naturel dans les niveaux ou même sous forme d’armes, comme le pistolet à eau, la bombe ou le largage aérien, ce liquide peut être répandu sur nos adversaires. Les Worms ne sont pas de très bon nageur et si on arrive à les coincer dans un trou l’effet sera de les noyer, en leur faisant perdre un peu de santé à chaque tour. Mais le plus simple restera de les entrainer dans un courant d’eau qui trouvera parfois son chemin jusque dans la mer, vers une mort rapide et instantané. Une nouvelle manière d’exécuter nos ennemis qui occasionne un peu de fraicheur dans un gameplay qui tournait immanquablement en rond depuis quelques années. Même si parfois la gestion de la physique génère quelques loufoqueries, comme une eau stagnante sur une pente.
Sert toi de ton environnement
Les tableaux ont depuis toujours été remplis de plein de bidules dont leur destruction avaient un effet explosif ou corrosif sur nos petits vers. Mais cette fois des éléments du décor sont également utilisables pour semer le doute et la panique dans les rangs ennemis. L’ovni ou encore la télékinésie permettent de déplacer de gros objets qui pourront bloquer ou écraser nos ennemis, voir littéralement les bruler. Une légère modification, mais qui dans les faits doit être pris en compte pour ne pas se retrouver en mauvaise posture, à cause d’une de nos actions qui auraient tourné en notre défaveur. L’explosion d’un missile perdu peut vite se retrouver à lancer une réaction en chaine qui fera tomber un briquet ou une radio sur un de nos soldats.
La marque de fabrique de la série à toujours été un humour omniprésent et on peut dire que Worms Revolution ne s’éloigne pas de cette règle. Entièrement personnalisable, les Worms ne manquent pas de se revêtir d’accoutrements plus délirants les uns que les autres, mais c’est l’ambiance globale qui se montre sous son meilleur jour. Même si le jeu garde un doublage en anglais, la traduction française assez réussie ne manque pas de nous faire partager toutes les blagues graveleuses du commentateur. Cette malice est présente jusque dans les animations des personnages, qui sont bien réalisées et qui ne manquent pas de mordant. Un souci du détail qu’on ne retrouve pas forcément dans les arrières plans, mais qui sans être de toute beauté, se montrent tout de même assez correctes.
Comme tout bon Worms qui se respecte, il serait difficile de ne pas terminer en écrivant quelques lignes sur ce qui fait la force de cette licence : le multi. Si les modes de jeu ne se bousculent par au portillon avec seulement le combat à mort, les batailles de fort ou les matchs classiques, il faut reconnaitre qu’on peut y trouver de quoi s’amuser. En local ou en ligne, le secret de la réussite se caractérise avec l’accès à un grand nombre de paramètres qu’on peut changer à loisir en fonction de nos envies, ce qui permet d’avoir des parties diablement efficaces. Les soirées entre amis sont donc encore une fois de rigueur et c’est d’autant pourquoi on ne comprend pas certains choix fait par les développeurs. En haut de la liste se trouve l’incapacité à nos invités de créer leur propre équipe, devant se résoudre à utiliser un groupe de Worms qui est calqué sur la team du profil principal. Un manque de goût certain et qui entache un peu notre plaisir, sans pour autant complètement le ternir.
En conclusion
Malgré son nom, cet épisode ne révolutionne pas vraiment la recette éculée de la série et ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé. Car s’il se montre plutôt classique dans sa construction, Worms Revolution ajoute de nouvelles idées à la série et qui on l’espère perdureront dans le temps. Les classes, la gestion de l’eau et le nouvel armement arriveront sans nul doute à satisfaire la majorité des joueurs, qui y décèleront de nouvelles façons de se trucider dans la bonne humeur. Ces quelques nouveautés apportent sans contexte un bol d’air frais sur un gameplay qui souffrait de sa redondance. Worms Revolution n’est peut-être pas l’opus ultime, mais il est indéniablement un des meilleurs épisodes de ces dernières années. Ce qui n’est déjà pas si mal.