Ce ne sera pas d’une grande surprise si l’on vous dévoile que le jeu vidéo est rempli d’énormément de clichés. En soi ce n’est pas vraiment un problème, car cela permet de nous divertir sans trop se prendre le bourrichon. C’est peut-être aussi pour cela qu’on retrouve souvent les mêmes univers, avec le moyen-âge et l’héroïque-fantastique, en passant par le japon féodal. Et c’est justement dans ce dernier qui prendra place Yasai Ninja, même si les développeurs ont eu l’idée saugrenue de mélanger tout ça dans un panier à légumes.
Manger santé
La vengeance est depuis toujours une belle excuse pour les scénaristes en manque d’inspiration, voire de talent. Et c’est justement là-dessus que va être basé le pitch de départ de Yasai Ninja. Le tout démarre avec notre personnage en forme d’oignon qui par une envie soudaine va s’allier avec un prisonnier en forme de brocoli, pour combattre son Shogun qui manigance une trahison contre l’empereur. En l’absence de traduction française, la plupart des joueurs non-anglophones auront la chance de passer à coté de cette histoire sans intérêt. Surtout que l’enchainement de la narration se fait sans grande logique. La plupart du temps on traverse les chapitres, sans vraiment comprendre ce qu’on fait là. Parfois un Boss va nous balbutier quelques mots pour nous donner l’impression que le scénario progresse un peu.
Comme toujours l’appréciation de la direction artistique est une question de goût et dépendra de l’œil critique de son observateur. Pour Yasai Ninja, même en mettant de coté le design improbable de ses personnages, il faut tout de même reconnaître que la technique à largement une génération de retard. Voire plus diront les mauvaises langues. Ce n’est vraiment pas très beau et si l’on peut trouver un certain charme aux décors extérieurs, et cela malgré leur laideur. La redondance des environnements intérieurs termine inlassablement d’enfoncer le clou. Le tout agrémenté par une douce musique asiatique, qui aurait pu être agréable si seulement il ne s’agissait pas d’une courte mélodie qui se répète dans une boucle interminable.
Le sabre du pauvre
Tous ces désagréments auraient pu rester d’ordre cosmétique, mais Yasai Ninja est également une petite catastrophe sur le plan du gameplay. Le souci le plus frappant est sans conteste la lenteur de l’action. Notre personnage se déplace péniblement et cela même quand il court. Mais c’est notamment la lourdeur des mouvements qui est incompréhensible. Entre le moment où l’on appuie sur le bouton d’attaque et l’instant où le coup est porté sur l’ennemi, on peut presque avoir l’impression qu’il s’écoule plus d’une seconde. La possibilité de débloquer des combos, en gagnant de l’expérience sur les monstres, n’arrange rien à la chose et les combats sont toujours aussi mous et sans intérêt.
Il faut bien avouer que le bestiaire en face de nous n’arrange ne rien ce sentiment. La plupart des ennemis ressemblent à des concombres, qui d’ailleurs meurent en se faisant trancher en rondelles même quand on les cogne avec un nunchaku. On se retrouve vite entourée par nos adversaires sans trop savoir dans quoi on tape, car la détection des coups est plus qu’aléatoire et ce ne sont pas les ridicules bruitages qui vont nous aider à savoir ce qu’on fait. Au bout du compte on finit simplement par matraquer les boutons de la manette pour se dépêtrer de ce genre de situation. Car bien entendu, il faut vite abandonner l’idée d’utiliser les techniques d’esquives ou de blocage, car les animations des ennemis sont bien plus rapides que celles de notre personnage. Dans ce contexte, il devient bien trop difficile d’anticiper et de parer éventuellement un coup.
Catastrophique, on vous avait prévenu
En cas de mort, le joueur pourra être aidé et remis sur pied par son coéquipier. C’est en tout cas l’idée et qui fonctionne quand on joue avec un ami, mais quand on joue avec le deuxième personnage contrôlé par l’IA du jeu, cela devient tout de suite plus compliqué. Il arrive fréquemment que le second personnage soit très loin de nous, sans même qu’on ne s’en rende compte, car il a voulu poursuivre un archer jusqu’à l’autre bout du niveau. Quand il ne décide pas tout simplement de nous ignorer. Pour une raison invraisemblable, on peut passer à tout moment d’un protagoniste à l’autre mais ce n’est pas possible quand on est blessé. Il faut attendre que l’autre veuille bien venir à nous.
C’est d’autant plus problématique quand on sait que la mort est très punitive dans Yasai Ninja. Les points de contrôle sont très mal placés et il faut en cas de trépas se refaire des pans entiers d’un niveau. Le plus pénible là-dedans c’est qu’on doit souvent se farcir des énigmes à base de leviers ou de totems à pousser. Qu’il faut recommencer du début si l’on meurt. Sans parler que les objectifs ne sont jamais expliqués et qu’il faut tâtonner pour comprendre ce qu’on attend de nous. Le plus drôle étant que les développeurs ont eu la bonne idée de donner des capacités différentes à chaque personnage. L’oignon peut par exemple tirer les objets, tandis que l’autre pourra effectuer les QTE sur les leviers ou engins. Mais forcément, on ne nous le dit à aucun moment dans le jeu et il va falloir tourner pendant plusieurs minutes sur les premières énigmes pour le comprendre.
Quelques séquences de plates-formes en vue de coté sont insérées entre les niveaux normaux, peut-être pour essayé de diversifier un peu l’ensemble, mais on y rencontre également plusieurs problèmes. Outre les soucis de lisibilité qui empêchent parfois de distinguer les éléments sur lesquels on peut sauter, ce qui est bien plus dérangeant c’est que les plates-formes sont parfois mal synchronisées. Pas besoin de vous expliquer qu’il est très déplaisant de rater un saut dans ces conditions.
Veine tentative
Pour terminer sur une note encore plus ridicule et pour enterrer définitivement le jeu, il est important pour nous de vous préciser que nous n’avons pas été capables de dépasser le septième chapitre de Yasai Ninja, alors qu’il y en a dix au total. La cause provient du fait que le jeu crash régulièrement, avec un retour sur l’interface de la Playstation 4. Ce qui laisse sous entendre qu’il faut recommencer le niveau dès le début, car les points de contrôle ne sont pas sauvegardé. Après plusieurs tentatives, autant vous dire que notre patience était à bout de souffle.
En conclusion
Si vous avez eu le déplaisir de lire cette critique jusqu’au bout, je pense que notre verdict sur Yasai Ninja pourra vous paraître très clair. C’est un jeu qu’on ne vous recommande absolument pas. Peu importe l’angle qu’on pourra apporter à notre vision du jeu, il y a bien trop de défauts qui font qu’on ne peut pas prendre de plaisir à y jouer. Sans parler que tout cela rend le jeu bien trop difficile, alors que selon les développeurs, Yasai Ninja se destinerait à des joueurs entre sept et douze ans. Quand on sait que même un adulte peut galérer sur certaines énigmes mal conçues, en plus d’être assaisonné d’un gameplay mal pensé, on vous dira allègrement d’aller voir ailleurs.